Présidentielle 2024
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La sortie du ministre conseiller, Youssou Ndour, et «l’alerte rouge» de l’actuel Directeur général du quotidien national Le Soleil, Yakham Mbaye, remettent au goût du jour les dissensions qui existent au sein de l’Alliance pour la République (Apr). Le parti présidentiel est miné par des querelles internes, dans la quasi-totalité des régions, posant ainsi la lancinante question de la structuration dudit parti. Et si le patron de ladite formation politique s’y plaisait bien, quand on sait qu’aucune injonction du patron de l’Apr n’a été faite pour demander aux uns et aux autres de se ranger derrière les coordonnateurs officiels ?



En sourdine, les différents partis politiques de l’opposition discutent entre sensibilités qui se rapprochent le plus, pour créer des cadres de convergence afin de mieux appréhender la bataille contre le régime du président Macky Sall. Contrairement à leurs adversaires politiques, les responsables du parti présidentiel se livrent, dans pratiquement toutes les localités du pays, à des querelles de positionnement. Cela, à moins d’une année de la présidentielle, prévue en février 2019. De Dakar à Ziguinchor, en passant par Kaolack, Podor, Matam, Kolda, pour ne citer que ces localités, les démêlés dictent leur loi. En effet, les sorties du ministre conseiller, Youssou Ndour, et de Yakham Mbaye, ex-secrétaire d’Etat à la Communication, mettent à nu la véritable guéguerre qui existe au sein du parti du président de la République, Macky Sall. Même si d’aucuns seraient tentés de dire que le musicien-politicien n’est pas membre de l’Apr et qu’il a son propre mouvement “Fekké macci bolé“, il n’en demeure pas moins que c’est la guerre de positionnement au sein de ce parti, plus précisément dans le département de Podor, qui s’est répercutée sur lui. Sa prestation dans ladite localité, aux côtés du Directeur du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud), Cheikh Oumar Hanne, lors d’une manifestation politique de celui-ci, ne serait pas du goût du camp du ministre des Infrastructures, Abdoulaye Daouda Diallo. Les deux camps adverses, qui se disputent le leadership dans la zone du Fouta, ne se donnent pas de cadeaux. Les partisans du ministre veulent à tout prix que le Dg du Coud se range derrière le coordonnateur de l’Apr de Podor. Une chose que n’est pas prêt à accepter le maire de Ndioum qui a clairement fait savoir, le 18 février dernier, «qu’aujourd’hui, dans le département de Podor, la majorité n’est pas avec Abdoulaye Daouda Diallo et il doit en tirer les conséquences. Nous, en ce qui nous concerne, nous en avons tiré les conséquences et nous restons fermes sur nos positions». Ce qui rend officielle cette bataille qui était jusque-là officieuse, entre les deux tendances.

ÇA BATAILLE PARTOUT

Cette bataille entre leaders de l’Apr ne se limite pas uniquement dans le département de Podor. Dans son «Alerte rouge», le Dg du quotidien Le Soleil, Yakham Mbaye tire la sonnette d’alarme sur les «querelles de borne-fontaine à Kaolack, Matam, Fatick, Tamba, Podor, Dakar, Touba» entre responsables, qui pourraient, à son avis, avoir comme conséquence, une exacerbation des populations qui «finiront par arbitrer». C’est en toute connaissance de cause que l’ex-secrétaire d’Etat à la Communication a cité ces localités. En effet, même si le patron de l’Apr, lors d’une de ses sorties, avait dit que l’Apr de Dakar n’avait pas de patron, cela ne refroidirait pour autant pas les ardeurs des uns et des autres, qui cherchent à se positionner comme les successeurs de Khalifa Sall à Dakar. En tout cas, ces propos ne freineraient pas le ministre de l’Economie, Amadou Ba, celui de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, ou encore l’Envoyée spéciale du président, Aminata Touré, dans leurs ambitions de contrôler la capitale sénégalaise. Ailleurs, plus précisément, à Matam, le député-maire d’Agnam, Farba Ngom, ne se fait pas de limite. Ce qui n’est pas sans conséquence, d’autant plus qu’il y règne une rivalité entre lui et l’homme d’affaires Harouna Dia. Un combat qui a même été exporté dans la diaspora, en France, selon certaines indiscrétions, avec l’implication du jeune frère de ce dernier, député-questeur à la 13ième législature, Daouda Dia. Il en est de même au Sud du pays, notamment à Ziguinchor. La nomination de la journaliste, Aminata Angélique Manga, à la tête du ministère de l’Economie numérique et de la micro-finance, a fait grincer des dents dans la localité. Certains partisans de l’ancien ministre de l’Agriculture, actuel président de la Commission nationale du dialogue des territoires (Cndt), Benoit Sambou, y verraient des «galons» de plus montés à leur rivale, qui avait refusé de s’aligner derrière leur mentor, lors des locales de 2014. Que dire des régions comme Kolda, Kaolack, Tambacounda, Touba etc., où le fossé est béant entre responsables de l’Apr ?

LA STRUCTURATION DE L’APR : LE DILEMME CORNELIEN DE MACKY SALL

Selon certains observateurs de la sphère politique, cette guéguerre au sein du parti présidentiel est due à sa structuration horizontale, avec une seule constante en la personne de son Secrétaire général, Macky Sall. L’organisation dudit parti, pourtant préconisée par certains responsables, à l’image de l’ancienne Première ministre Aminata Touré, dans une interview accordée à Sud quotidien en avril 2014, tarde à se concrétiser. Comment s’y prendre ? Même l’administrateur dudit parti, Maël Thiam, à l’époque, avait fait cas du dilemme qui existe entre le choix du modèle horizontal et celui vertical. «Est-ce qu’il faut structurer en imposant tout ce beau monde à se ranger derrière les figures historiques de l’Apr ou est-ce qu’il faut encore laisser le temps d’une visibilité beaucoup plus claire pour permettre au parti de capter toutes ces personnalités avant de procéder à une structuration verticale ?», s’était-il demandé, faisant ainsi allusion à l’existence de responsables qui ont déjà une assise sociologique affirmée et d’autres élus locaux qui frappent à la porte de l’Apr. Ce qui semble donner du fil à retorde au chef de l’Etat. Cependant, au vu de la persistance des querelles internes, l’on est tenté de se demander si Macky Sall ne se plairait pas dans cette bataille à laquelle se livrent ses lieutenants. La preuve, jamais à notre connaissance, le patron de l’Apr n’a intimé l’ordre à un responsable de son parti de se ranger derrière un autre leader, fût-il coordonnateur officiel de la localité.

BOUN ABDALLAH DIONNE : LE CASTING REUSSI DE MACKY SALL

Toutefois, il convient de noter que cette structuration horizontale, sans numéro 2, un poste qui avait fait du tort à certains, semble bien profiter à l’actuel locataire du palais. En jetant son dévolu sur son ancien collaborateur ingénieur, Mohammad Boun Abdallah Dionne pour en faire son Premier ministre (Pm), en juillet 2014, Macky Sall aurait fait le bon choix. En effet, outre le fait que le Pm, à chaque fois que de besoin, monte au créneau pour prendre la défense du président et dérouler les directives à lui données par Macky Sall, il y a aussi qu’on ne lui prête pas des ambitions présidentialistes. Donc, il ne risque pas d’attraper le symptôme des «numéros 2» qui sont accusés le plus souvent d’avoir un œil sur le fauteuil de le mentor.

 

source:http://www.sudonline.sn/une-armee-mexicaine-qui-profite-bien-a-macky-sall_a_38617.html