Khalifa Sall - candidat à la présidentielle
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 Le Pr Abdoulaye Bathily, ancien patron de la Ligue démocratique (Ld), est formel : le procès de la caisse d’avance qui vaut au maire de Dakar, Khalifa Sall, un emprisonnement ferme de cinq ans, est « politique ». Invité de l’émission Grand jury de la Rfm, dimanche 01 avril 2018, l’ex-leader des Jallarbistes a vogué à contre-courant du régime en place dans cette affaire qui l’a opposé à Khalifa Sall. Non sans clamer son opposition ouverte au parrainage des candidats à la présidentielle proposé par Macky Sall et la majorité. La défense du maire de Dakar Khalifa Sall qui réitérait urbi et orbi que le procès intenté contre son client était avant tout politique et avait pour but la liquidation politique de celui-ci a trouvé avant-hier, dimanche, un avocat de taille en la personne d’Abdoulaye Bathily. Pour cause, l’ancien patron de la Ld a profité de la tribune que lui offrait l’émission Grand jury de la Rfm pour qualifier ledit procès de « politique ».

 

Au micro du journaliste Mamadou Ibra Kane, Abdoulaye Bathily dira sans fioritures : « Pour moi, c’est clair. Le procès est politique! Le déroulement du procès montre qu’il s’agit bien d’un procès politique. Dès le départ, je l’ai senti comme ça. Les péripéties de cette affaire montrent qu’il s’agit d’un procès politique ».

L’ancien ministre sous Diouf comme sous Wade de rappeler dans la foulée avoir toujours combattu cette instrumentalisation de la justice par l’Exécutif aux fins de plomber l’activité politique de l’adversaire. Raison pour laquelle il a lutté, par le passé, contre l’emprisonnement de Me Wade sous Diouf et les persécutions que Me Wade lui-même a tenté de faire subir à Idrissa Seck et Macky Sall.  « J’ai dit à Abdou Diouf que j’étais contre l’incarcération d’Abdoulaye Wade. Finalement, la raison a prévalu et Wade a été libéré. Il en a été de même du temps d’Abdoulaye Wade. Quand il a commencé ses dérives, nous étions à la Ld les premiers à avoir alerté. Lorsqu’il ne nous a pas écoutés, nous avons pris nos responsabilités et publiquement, nous avons dénoncé l’instrumentalisation de la justice ».
 
Allant même plus loin dans son raisonnement, Abdoulaye Bathily dira : « Cette affaire de caisse d’avance, tout le monde le savait, tous les responsables qui sont au pouvoir savent comment elle fonctionnait ». Dans la foulée, le candidat malheureux à la présidence de l’Union africaine révélera, à l’émission Grand jury, avoir tôt informé le chef de l’Etat de la délicatesse de cette affaire de caisse d’avance menée contre Khalifa Sall. «  Je l’ai dit au président de la République. Dès la première semaine (de l’affaire Khalifa Sall-ndlr), je lui ai dit que c’est une affaire qui n’est pas bonne pour le Sénégal. Je suis soucieux de l’image du Sénégal. Le Président Macky Sall a été ministre de l’Intérieur, il savait très bien comment fonctionnait cette caisse...

Tous les responsables actuels de Bby qui sont dans les institutions sont au courant de cette affaire, comment ça fonctionnait. Tous les anciens maires de Dakar l’ont avoué». Le Pr Bathily ne manquera pas de souligner également que « les Assises nationales avaient longuement discuté de ces questions de caisse d’avance… D’ailleurs, il était prévu avec le Président Macky Sall de  prendre une loi pour normer l’utilisation de ces caisses d’avance. Ce qui n’a point été encore fait ». Concluant sur cette affaire Khalifa Sall, l’ex-patron de la Ld a adressé un subtil avertissement au patron de la majorité présidentielle en lui signifiant que «la volonté populaire finit toujours par balayer tous les subterfuges du pouvoir en place ».
 
Quid du parrainage des candidatures à la présidentielle de 2019 ? Sur ce point, Abdoulaye Bathily n’usera pas de la langue de bois. « Je ne suis pas pour ce parrainage. C’est anti démocratique! » Et Bathily d’argumenter son désaccord : « Comment on peut, avant l’élection, déterminer les conditions d’obtention de 1% de l’électorat? L’élection, c’est justement l’occasion, à travers la confrontation libre et démocratique des programmes, de permettre aux citoyens de décider si tel mérite leurs voix. Comment on va arbitrairement déterminer les choses, parce qu’il y a un fichier électoral de 6 millions d’électeurs et qu’il y a encore des milliers de gens qui n’ont pas encore reçu leurs cartes ? Ce sont des frustrations comme ça qui, petit à-petit, amènent à la révolte... » 
 
FINANCEMENT OCCULTE DES PARTIS, BLANCHIMENT DE L’ARGENT SALE : Le Pr Bathily sonne l’alerte
 
Abdoulaye Bathily n’y est pas aussi allé de main morte pour ce qui concerne le financement de certains partis politiques au Sénégal. Aussi a-t-il dit à l’émission Grand jury de ce dimanche, « Notre pays est dans une situation très dangereuse. De par les fonctions que j’ai occupées, j’ai suffisamment d’informations. Le Sénégal est aujourd’hui un des pays de la sous-région où le trafic de drogue et toutes sortes de trafics se sont installés, l’enrichissement illicite, les armes, sans compter les menaces jihadistes. Vous le voyez très clairement à travers ces constructions qu’on voit à Dakar, que rien ne justifie.  C’est du blanchiment d’argent à grande échelle et l’argent sale est entré dans la politique au Sénégal comme dans beaucoup d’autres pays d’Afrique. Et ça, c’est une menace sérieuse contre la démocratie. Quand on écarte le débat d’idées pour mettre en avant l’argent, les voitures 4X4  pour sillonner le pays, collecter des  signatures... N’importe quel trafiquant de drogue peut créer un parti politique ou un groupe politique, faire le tour du pays et prendre le pays en otage». Pour y remédier, l’ex-patron de la Ld d’appeler à la raison et à la retenue avant que la situation n’empire. « Il faut qu’on redonne à la politique ses lettres de noblesse. Que les valeurs  reviennent ! L’argent peut jouer beaucoup de tours, surtout cet argent sale qui circule beaucoup dans ce pays aujourd’hui. Ça,  c’est des faits. C’est un danger pour la démocratie, pour la cohésion sociale et pour le développement économique du pays. Je souhaite que vraiment les camarades avec  qui nous avons mené tous ces combats de principe dans Bennoo Bokk Yaakaar puissent savoir raison garder ». Seulement, à ce niveau, Bathily renverra dos-à-dos pouvoir et opposition. « L’opposition n’a pas de leçons à donner. De 2000 à 2012, ceux qui étaient au pouvoir... Qu’est-ce qu’ils ont fait ?  Et les dérives qu’ils nous ont amenées. Ils doivent se ressaisir. La population n’est pas dupe... Je souhaite que les vendettas politiques s’arrêtent et que l’on puisse construire le Sénégal! »

source:http://www.sudonline.sn/le-pr-bathily-dezingue-le-macky_a_39022.html