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Dakar accueille depuis hier, mercredi 30 octobre la 3ème édition des «Ateliers de la Pensée» portant sur le «Basculement du monde et pratiques de dévulnérabilisation». Pendant trois jours, des intellectuels africains vont réfléchir sur de «nouveaux chemins dans la pensée et dans la pratique, et de scruter le présent et le futur de notre monde à partir de l’Afrique».

 Pour cette première session des Ateliers de la Pensée qui s’est portée sur «Vulnérabilités écologiques, vulnérabilités symboliques» qui s’est tenue au musée des Civilisations Noires (MCN) hier, mercredi 20 octobre, l’enseignante-chercheure, Nadine Mackikou non moins Directrice du Centre d’étude et de recherche en droit international et communautaire de l'Université de Yaoundé II au Cameroun a axé sa communication sur «Vulnérabilités académiques invisibles : où sont les Endangered Scholars africains ? ». Selon elle, la vulnérabilisation des universitaires africains est «historique».
 
«Les universitaires africains vivent dans des espaces qui sont des espaces réputés à risque et ils ne sont pas considérés comme étant en situation de danger», a fait savoir Nadine Mackikou. Poursuivant son propos, elle ajoute que ces personnes qui vivent dans les contextes réputées être des zones à risque ne sont pas présents dans les dispositifs de protection. Ce qui lui fait dire qu’il urge de repenser la vulnérabilité des corps académiques africains.
 
«La vulnérabilité des corps académiques africains doit être pensée en même temps qu’on le fait avec des vulnérabilités des productions académiques africaines, elle doit aussi être repensée par rapport à la question de la mobilité puisque le succès épistémique et aussi le succès dans la capacité de ses productions académiques à circuler et au fond, le niveau de circulation vont être réhabilités dans des dispositifs de circulation», a expliqué le professeur de sciences politiques. Selon elle, «en Afrique, les politiques de dévulnérabilisation par la production académique ne prennent pas en charge ceux qui font de la liberté académique».
 
Pour sa part, la philosophe Séverine Kodjo-Grandvaux a développé le thème «Entre-tenir le(s) monde(s), résonner, Esquisse d’une cosmopoïétique». Occasion pour elle de revenir sur les relations entre les humains.
 
«Entretenir le monde, le grand défi qui se pose est toujours le même. Il s’agit finalement de savoir comment être soi-même sans se fermer à l’autre et comment accepter l’autre sans renoncer à soi», explique la philosophe. Mieux dit-elle, «Entretenir une relation, c’est faire attention, refuser qu’elle ne devienne toxique. La relation qui étouffe est celle qui ne maintient plus la distance qui permet à l’autre de vivre pleinement ce qu’il est. On déraisonne. On ne vibre plus. On peut passer à la dépression. En ce moment, on ne vibre plus au monde, le monde ne vibre plus à nous. On est alors dans un rapport muet au monde. Or, nous sommes fondamentalement des êtres de résonnance, on a besoin de résonner, de vibrer». 
 
A en croire Séverine Kodjo-Grandvaux, «la crise écologique est la conséquence d’une perte de cette résonnance avec le monde. Ce qui, par ailleurs, peut déboucher sur une crise politique. Résonner avec le monde, «c’est renouer avec un monde animé, réintégrer le vivant et ne plus considérer la nature comme une ressource». Dans ce monde marqué par une «redistribution inégalitaire de la vulnérabilité et de nouveaux et ruineux compromis avec des formes de violences aussi futuristes qu’archaïques», les Ateliers de la Pensée sont une occasion de se pencher sur les pratiques de dévulnérabilisation.

 

 

source:https://www.sudonline.sn/des-intellectuels-se-penchent-sur-la-vulnerabilite-du-monde_a_45279.html