Sénégal - Dégradation de l’environnement dans le département de Vélingara 127791 ha de forêt perdus en 31 ans

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Une étude sur la dynamique spatio-temporelle des paysages forestiers dans le Sud du Sénégal dans le département de Vélingara, réalisée par le département de géographie de l’Université de Ziguinchor, montre une régression de la forêt. En 31 ans, 127791 ha ont été perdus, selon le document. Une étude dénommée « dynamique spatio-temporelle des paysages forestiers dans le Sud du Sénégal : cas du département de Vélingara » réalisée par le département de Géographie physique et environnement de l’Université de Ziguinchor, conclut à une régression de la forêt dans le département de Vélingara entre 1987 et 2018.



De manière générale, les résultats de l’étude montre « une régression des forêts en faveur des savanes, puis des savanes au profit des surfaces agricoles ». La cause est, selon le document, due à l'effet combiné de la variabilité pluviométrique, des feux de brousse, de l'extension des surfaces agricoles en lien avec l'augmentation de la population et de la coupe illicite et abusive du bois. L’étude montre que, sur une période de 31 ans, les forêts ont perdu 127 791 ha (23,2 %), alors que les savanes et les surfaces agricoles ont augmenté respectivement de 53609 ha (+9,7 %) et 53747 ha (+9,8 %). Parmi les facteurs de dégradation de la forêt, fait remarquer le document, il y a les coupes illicites de bois pour la vente qui ont exacerbé la déforestation et la "savanisation".

 Dans cette coupe abusive de bois, les espèces les plus ciblées, selon les résultats des enquêtes, sont Pterocarpus erinaceus, Cordyla pinnata, Bauhinia reticulata, Terminalia macroptera, Combretum glutinosum, Bombax costatum, Afzelia africana et Khaya senegalensis. Parmi les espèces ciblées, Pterocarpus erinaceus, Afzelia africana, Cordyla pinnata et Khaya senegalensis sont partiellement protégées par le code forestier sénégalais de 1998. Elles sont aussi à compter parmi les cinq espèces rares et menacées de disparition, selon les populations.

En ce qui concerne Pterocarpus erinaceus, son rythme d'exploitation a amené l'État du Sénégal à proposer son inscription à la convention sur le Commerce International des Espèces de Faunes et Flores menacées d'Extinction (Cites). De manière générale, la longueur des billons varie de 2 à 4 m et le diamètre de 30 à 70 cm. Ces espèces sont victimes depuis 2010 d'une exploitation importante et clandestine en direction de la Chine, via le port de Banjul en passant par des "marchés de bois" installés le long de la frontière.

LE COUVERT VEGETAL QUI OCCUPAIT 386 748 HA, SOIT 70,4 % DES SOLS, EST PASSE A 346 491 HA, SOIT 63,1 %.

 L’étude montre que par rapport à 2003, la situation en 2018 montre une diminution globale des forêts, particulièrement celles claires, et des savanes, principalement celles boisées, et le développement des surfaces agricoles. En effet, signale-t-il, le couvert végétal qui occupait 386 748 ha, soit 70,4 % des sols est passé à 346 491 ha, soit 63,1 %. Il a perdu 40257 ha, en faveur des surfaces agricoles et des zones d'habitat principalement. Ces dernières ont augmenté respectivement de 35055 ha (6,4 % de la superficie totale) et 10466 ha (1,9 %).

De même, les surfaces affectées par les feux ont fortement diminué (-9840 ha). L'extension des surfaces en eau dans le bassin de la Kayanga, qui sont passées de 1918 ha à 6168 ha, s'est accompagnée de celle de la forêt-galerie, qui est passée de 16772 ha (3,1 % de la superficie totale), à 23586 ha (4,3 %). Elle s'explique par le retour à des précipitations plus abondantes au cours de cette période. L'augmentation des plantations (+326 ha) est à relier à la transformation de superficies forestières en bananeraies dans la commune de Pakour.

Les changements intervenus dans le paysage forestier entre 2003 et 2018 sont marqués par la forte progression des surfaces agricoles et de l'espace bâti. En effet, le processus enclenché entre 1987 et 2003 s'est traduit par le maintien de certaines surfaces occupées par les savanes dans la partie Est et le Centre du département et une anthropisation importante avec une forte progression des surfaces agricoles vers le Nord-est et le Centre ouest. Le Sud-ouest, qui semble plus humide, reste dominé par la forêt. Selon l’étude, les matrices de changement indiquent une progression de 50943 ha des savanes au détriment de la forêt. La forêt et les savanes ont en outre perdu respectivement 20002 ha et 39575 ha entre 2003 et 2018 à cause des défrichements à des fins agricoles. L'ensemble de ces évolutions a conduit à une déforestation et à une régression importante du couvert végétal.

ALY HAÏDAR, ECOLOGISTE SUR LA DEGRADATION DE LA FORET :  «Le constat est alarmant. La forêt est en train de mourir et de disparaitre»

« Malheureusement, elle continue. Les limites de nos forêts reculent. La biodiversité recule puisque la forêt est la pluie. Quand on coupe la forêt. Il y a moins de pluies, c’est ça le vrai constat. Maintenant, on peut considérer qu’avec l’éveil des consciences et l’aide des médias, que la grande majorité de la population prendra conscience des questions majeures pour notre pays. Le constat est alarmant. La forêt est en train de mourir et de disparaitre. Il y a beaucoup de ministres et d’administrateurs territoriaux qui sont impliqués dans la lutte contre la coupe illicite de bois. Beaucoup, mais la frontière est grande et elle est poreuse. La frontière avec la Gambie est très grande. Et on ne peut pas mettre un gendarme derrière chaque arbre. Il faut que les populations riveraines de ces forêts prennent conscience du danger qu’elles courent elles-mêmes. Mais c’est vrai que l’Etat a mis les moyens maintenant, c’est une question de conscience citoyenne et chacun doit prendre en compte le besoin de protéger la forêt et de planter beaucoup d’arbres. On doit utiliser la forêt parce qu’on en a besoin. Le bois coupé en Casamance continue parce que les lobbies sont trop puissants».

 

 

source: http://www.sudonline.sn/-127791-ha-de-foret-perdus-en-31-ans_a_45924.html