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iGFM – (Madrid) Entre 100 mille et 150 mille en terre espagnole, les Sénégalais ont, en majorité, vu leurs conditions de vie se détériorer du fait de la grave crise économique et systémique qui a frappé de plein fouet les secteurs financier et immobilier ibériques et de l’arrivée d’une communauté asiatique pour ne pas dire chinoise plus agressive et plus ambitieuse qui a accaparé l’activité commerciale dans laquelle s’étaient confinés de nombreux immigrés sénégalais.

 

Qu’ils vivent à Asentimiento, Lepe (vers la frontière Sud-Ouest avec le Portugal, Madrid, Majorque, Valencia, Barcelona, etc.) les immgrés sénégalais ont, globalement, vu leurs conditions de vie se détériorer.

 

 

Notre passage dans les rues pavées et étroites du quartier le plus multiculturel de Madrid, Lavapiès – l’équivalent du 18e arrondissement de Paris (France) – accueillant une bonne partie des immigrés sénégalais, renseigne effectivement sur la crise et permet de découvrir une autre vie, illicite pratiquée à ciel ouvert, disant tout sur la nature du milieu. «Ce quartier a changé en cinq ans. La police ne descend pas ici», nous informe-t-on.

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Sur cette place où le ouolof s’entend à tous les mètres, l’activité illicite (drogue) est devenue l’instrument de survie. Beaucoup n’avaient pas prévu d’atterrir dans ce milieu interlope. On ne photographie par pudeur et ne sent aucune agressivité chez certains de ces Sénégalais taiseux, chez qui l’on devine toutefois une pointe de fierté de voir des gens de chez eux. «Na guen deff, nakka deukeu bi – Comment allez-vous, comment va le pays ».

Fort heureusement, Lavapiès, c’est aussi l’endroit où des Sénégalais se sont réalisés et se réalisent encore dans des secteurs plus recommandés. La cuisine sénégalaise fait honneur au pays. A Lavapiès, des Sénégalais ont fait leur trou dans le secteur de la restauration aux noms inspirés (Baobab, Africa Fuciôn), du commerce, de l’artisanat, des services.

«Globalement, les Sénégalais vivent dans de bonnes conditions ici à Madrid. Il faut cependant reconnaître que depuis quelques années, avec la crise qui sévit en Espagne, nos conditions de vie ont changé dans la mesure où il y a une forte augmentation du chômage estimé à 24% de la population active. Bien entendu, cette crise de l’emploi frappe en premier les immigrés, parmi lesquels les Sénégalais», dit à iGFM un Dakarois établi depuis plus de dix ans à Madrid et requérant l’anonymat.

La détérioration des conditions de vie des Sénégalais et les autres immigrés tout comme les Espagnols d’ailleurs, est arrivée avec le quasi effondrement du secteur immobilier à la suite de la crise financière. «Le bâtiment était ces dernières années, le pilier de l’économie espagnole. La crise survenue dans le secteur de l’immobilier a affecté l’emploi et les immigrés, qui ne trouvent plus de travail», explique notre source.

C’est ainsi que beaucoup vont retourner ou se rabattre sur le commerce, vendant dans la rue ou à la sauvette. «Beaucoup d’immigrés sénégalais se sont retrouvés dans ce genre d’activités très aléatoire et leurs vies ont changé», ce d’autant qu’une nouvelle approche développée par de nouveaux arrivants, notamment asiatiques (Chinois, Bengalais, Indiens) voit le jour. Les Sénégalais, commerçants dans l’âme n’ont pas vu venir la menace chinoise.

«L’essentiel des immigrés qui a évolué dans le secteur du commerce dans lequel les Sénégalais étaient pratiquement les seuls, est resté scotché à sa boutique et à ses techniques de revente dans la rue et à la sauvette. Le commerçant sénégalais se contentait d’aller en Chine, à Singapour et revenait avec du matériel qu’il revendait. Il n’a jamais pensé à délocaliser la technologie afin de produire sur place. Les Chinois sont arrivés, ils ont observé, ont vu, ont compris et ils sont revenus avec le matériel et des compatriotes à eux à qui ils ont ouvert des boutiques.»

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«Aujourd’hui, on voit plus de boutiques détenues par des Chinois, Indiens et Bengalais que par nos compatriotes dont beaucoup travaillent d’ailleurs pour les commerçant-industriels chinois qui fabriquent les produits ici en Espagne. Cette nouvelle réalité a eu des conséquences défavorables dans le vie et dans des conditions de vie de nombreux Sénégalais», explique toujours la même source.

Il n’empêche que malgré la crise, des milliers de nouveaux immigrés parmi lesquels des Sénégalais arrivent sur les cotes espagnoles dans des conditions catastrophiques. Ces milliers d’arrivants qui vont devoir d’abord faire 60 jours de détention pour le délit de violation des frontières, recouvreront ensuite la liberté conformément aux lois en vigueur mais aussi l’enfer.

S’ils n’ont aucune attache ou connaissance pour les accueillir dans n’importe quelle ville du royaume d’Espagne, il y a de fortes chances qu’ils aillent  habiter dans ces camps de huttes en plastique ou en carton à Asentimiento ou ailleurs, avec la menace de troubles psychologiques graves. Et ça, c’est l’autre face de l’immigration qui guette …

Charles FAYE

(Envoyé spécial)

 

source :http://www.gfm.sn/espagne-en-plus-de-la-crise-les-immigres-senegalais-nont-pas-vu-venir-les-chinois/