Sénégal
 
Certains, dans leurs commentaire, semblent ignorer que le régime Présidentiel ne se réduit pas à la seule élection du Président au Suffrage universel.
 
Son trait véritablement distinctif se trouve dans les rapports institutionnels entre le Président élu au suffrage universel et le Parlement.
 
Dans ce type de régime, le Président de la République, Chef de l'Etat, n'a pas ce pouvoir de dissolution du Parlement, et celui -ci n'a pas le pouvoir de "motion de censure" ou de "confiance", pour le renverser.
 
C'est un véritable régime d'équilibre institutionnel des pouvoirs.
 
Si l'on se rapporte à ce que le Président Macky Sall, nouvellement élu pour 5 ans, propose, avec la suppression de la fonction de Premier Ministre, cela ouvre la voie à une réforme de la Constitution pour instaurer un régime présidentiel à la place du régime présidentiel déconcentré hérité de Wade.
 
Ce pouvoir issu de la Constitution de 2001, confère au Président de la République, Chef de l'Etat, des pouvoirs exorbitants, puisqu'il peut dissoudre l'Assemblée nationale à tout moment, selon ses désirs, après deux ans d'une législature de 5 ans.
 
Donc, si Macky ne change pas ce régime, il pourra, à sa guise, dissoudre l'assemblée nationale à tout moment des 3 ans qui reste de la législature, c'est à dire d'ici 2022!.
 
Ce serait transformer notre République en Monarchie dans la quelle le Président a le pouvoir constitutionnel de dissoudre à sa guise l'Assemblée nationale.
 
Donc, si le Président Macky opte pour un régime Présidentiel, il perd ce pouvoir, et l'Assemblée perd celui de le renverser.
 
Nous aurons une situation à l'américaine où le Président ne peut être renversé que par le pouvoir judiciaire pour " fautes lourdes où haute trahison ".
 
Attendons donc de voir ce que le Président Macky Sall va proposer comme réforme, après avoir supprimé la fonction de Premier Ministre.
 
Ibrahima SENE PIT/SENEGAL
Dakar le 8 Avril 2019