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 Les zones de frontières sont devenues le théâtre de violence entre beaucoup de pays de la sous-région ouest africaine. Les limites entre le Sénégal et ses voisins immédiats ont constitué des foyers de tension ces dernières années au préjudice de la fluidité du trafic et des affaires. Les instruments juridiques de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) apparaissent mieux sous la forme d’un ameublement institutionnel que des outils réels de cohésion sociale entre les peuples. La libre circulation des personnes et des biens est restreinte par des tracasseries multiformes au parfum de corruption. Il faut une coopération à l’échelle communautaire pour matérialiser l’impératif d’un bon voisinage. Agir ou périr, le bas peuple est plus astreint à la résignation d’un maléfique sort auquel se soucient très peu les décideurs mus par leur réflexe de survie politique.

 La libre circulation des personnes et des biens est amplement évoquée dans la charte fondamentale de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEO). Elle implique la faculté de chaque sujet de se mouvoir sans contrainte aucune s’il n’est pas, bien entendu, soumis à une quelconque restriction pour des motifs de contrôle ou de poursuite judiciaire.
 
En l’espèce, la CEDEAO constitue un espace d’intégration qui matérialise une forme de coopération multilatérale entre les Etats membres pour le commun vouloir de vie harmonieuse des populations en partage de l’espace. Le prototype le plus achevé est l’union européenne fondée sur une politique publique dirigée vers l’intégration régionale des communautés de base. Le modèle spécifique de la CEDEAO souffre de plusieurs manquements. Essentiellement c’est la matérialisation des axes de coopération inter états et inter communautés. Sous l’emprise d’une certaine pauvreté voulue, des services de contrôle se livrent à des tracasseries inhumaines dont les recettes ne profitent même pas aux caisses de l’Etat.
 
Les raquettes sur la transgambienne avec la rhétorique éhontée de «Joxma n’déki» (comprenez : donne-moi de quoi payer le petit déjeuner). En zone de frontière avec la Guinée Bissau, la Guinée Konakry, le Mali et la Mauritanie, c’est à peu près le même cliché de corruption de la part des hommes en uniforme. Certains au Sénégal en sont également de grands acteurs. Qui n’a pas encore posé le regard sur cette fameuse image du «Nouyo mouride», allusion faite à la générosité de cette confrérie prompte à donner. Le ver est dans le fruit et la gangrène continue de s’étendre. Le diagnostic révèle qu’aucun des Etats de la CEDEAO n’est épargné du mal.Pour nombre d’observateurs avertis, les textes sont des instruments juridiques comme une épée de Damoclès au-dessus de la tête du bas peuple, ne connaissant même pas les fondements juridiques de ces outils.
 
La solution réside alors dans la vulgarisation des principes de libre circulation des personnes et des biens, mais surtout de promouvoir des activités d’intégration sous forme de coopération communautaire. Cela passe nécessairement par des sessions de formation et de financement de projets transfrontaliers à travers des groupements constitués pour bâtir les socles de raffermissement de relations de bon voisinage imposées par l’histoire et la géographie.
 
En Casamance, cette forme de brassage avait connu ses lettres de noblesse entre le Balantacounda et la Guinée Bissau caractérisée par le partage des activités lucratives, mais aussi une surveillance commune des intérêts notamment contre le vol de bétail, les spoliations de terres et les tracasseries. Reste vraiment à savoir si c’est réellement une préoccupation majeure de nos dirigeants plus engagés dans leur survie politique que la galère quotidienne du bas peuple. Seul le temps est le vrai juge, mais le temps s’en s’écoule et les valeurs s’effritent. Mieux vaut s’y investir alors avant d’investir sur les vestiges d’un égocentrisme qui vire souvent au drame.

 

source:http://www.sudonline.sn/chronique-d-un-imperatif-de-bon-voisinage_a_38289.html