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Quand on a tout perdu, il ne nous reste que notre culture. A titre d’exemple : chez les mandingues et les Diolas Etc., il y a une école unique dans son genre que l’on appelle la case de l’homme ou le bois sacré dédiée exclusivement à l’éducation du garçon qui ne devient socialement un homme, que quand il aura traversé cette étape de sa vie qui le prépare à la vie active.

 

 Dans la case de l’homme, le garçon est préparé à l’endurance physique à travers des épreuves physiques savamment bien orchestrées. Il est nourri aux valeurs de solidarité, de dignité, de vertu du travail et de la discrétion Etc.

On lui enseigne qu’est-ce que, socialement, un homme ? Comment, socialement, être un homme? Comment, socialement, se comporter en tant qu’homme ?

Un homme ne pleure pas quand il ressent une douleur ou de la joie. Le jour de l’épreuve, les familles attendent avec inquiétude les nouvelles en provenance de la brousse. Les parents sont fiers quand on leurs rapporte que leur fils a subi l’épreuve avec dignité. Sans grimace sur le visage. Sans gémissements. Sans larmes. Il est un homme.

Paradoxalement, ce que l’on constate aujourd’hui, les hommes pleurent beaucoup plus facilement qu’hier (qu’il s’agit de douleur ou de joie). Ils pleurent comme les femmes. Et ceci est accepté par la société. Et personne ne s’en indigne.

Pleurer publiquement pour un homme est contraire aux valeurs qui sous-tendent son éducation ou de ce que la société attend de lui en termes de comportement en tant que homme. Et pourtant aujourd’hui, les hommes pleurent le plus normalement du monde sur les plateaux de télévision en versant des larmes comme des fontaines. Les hommes, socialement, sont ils  en train de se féminiser ?

Socialement, seules, les femmes ont le droit de pleurer. Bref ! La société leurs a donné ce droit et l’a refusé aux hommes ce qui veut dire que  socialement, les hommes n’ont pas le droit de pleurer. Ce qui est sûr, aujourd’hui, les hommes ont pris un peu du caractère des femmes. Ce qui n’est pas mal.

Si les hommes se sont socialement féminisés du fait qu’ils pleurent comme les femmes, du coup, ils se sont en même temps, socialement émancipés de la réserve ou de la peur de pleurer en public. Ils sont arrivés sans tambour ni trompette inconsciemment à acquérir le droit de pleurer publiquement sans être méprisé. Maintenant, tout le monde a le droit de pleurer.

En ayant ce droit de pleurer, les hommes reviennent à l’état de nature c’est-à-dire à l’état de personnes pétries d’émotions capables de pleurer en public comme M. Mbaye Ndiaye, ancien Ministre de l’intérieur, M. Khalifa Sall  ancien maire de Dakar, M. Bécaye Mbaye  animateur 2STV, Oustaz Alioune Sall, M. Balla Gaye 2 lutteur, M. Youssou Touré ancien  ministre conseiller du Chef de l’Etat Etc.

Aujour d’hui, la télévision a érigé l’émotion (positive ou négative) en valeur marchande, à juste raison, du fait qu’elle est recherchée par les téléspectateurs friands de sensation. Mais aussi, l’émotion, c’est aussi un facteur de promotion d’une émission, qui peut contribuer à booster l’audimat tant convoitée des responsables de chaines de télévision.

Enfin, la façon dont l’homme doit se comporter  et  ce qui est attendu de lui par la société sont résumés en ces quelques formules illustratives toutes faites en langue wolof : « gor nieme lou meti » «  gor dou dioye », « gor dan dole », « lou meti gor laye dal », « gor niefe » « gor goorgorlou »’ Etc.

Quand les hommes pleurent comme les femmes, cela signifie qu’ils redeviennent humains c’est à dire qu’ils acceptent d’être des personnes   remplies d’émotions capables non seulement d’aimer mais de pleurer également.

Par Baba Gallé DIALLO

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