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La fièvre de Lassa a été identifié en1969. Il s’agit d’une zoonose, ce qui signifie que l’homme est contaminé par contact avec des animaux infectés. Le réservoir animal, ou hôte, du virus, selon l’OMS, est un rongeur du genre Mastomys, communément appelé «rat à mamelles multiples». Cependant, il faut noter que l’infection ne le rend pas le rat malade, mais, il excrète le virus dans ses urines et ses excréments.
La contamination se fait généralement par exposition à l’urine ou aux excréments de rats Mastomys infectés. Le virus peut aussi se transmettre d’homme à homme par contact direct avec le sang, l’urine, les excréments ou autres sécrétions organiques d’une personne contaminée.


Endémique au Nigeria, en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, la fièvre de Lassa ne présente aucun symptôme dans 80% des cas, mais pour les autres, elle peut provoquer des atteintes graves, hémorragiques ou neurologiques. Une infection sur 5 entraîne une atteinte sévère de plusieurs organes comme le foie, la rate et les reins. Et dans la plus part des pays en Afrique, à l’instar du Sénégal, les populations vivent avec les rats dans les habitations. Certaines communautés les mangent. Dans ce cas, imaginez les risques qu’elles encourent.
La transmission interhumain de la fièvre de Lassa s’observe au sein de la communauté et en milieu médical, où le virus peut être transmis par du matériel médical contaminé. Et la transmission par voie sexuelle a été signalée.
La fièvre de Lassa n’épargne personne. Elle touche toutes les tranches d’âge et les deux sexes. Cependant, les personnes les plus exposées sont les habitants de zones rurales où vivent des rats Mastomys , surtout dans les communautés surpeuplées manquant de moyens d’assainissement. Les agents de santé sont exposés s’ils soignent des patients atteints par la fièvre de Lassa porteurs du virus sans appliquer les techniques de soins protégés de bonnes techniques de soins ni les bonnes mesures de lutte contre
Présente de manière endémique au Bénin, en Guinée, au Ghana, au Libéria, au Mali, en Sierra Leone et au Nigéria, la fièvre de Lassa est sans doute sévit aussi dans d’autres pays d’Afrique occidentale. Estimant que la Côte d’Ivoire n’est pas à l’abri d’un risque de propagation de la maladie, qui fait des victimes dans les pays voisins à elle, les autorités ivoiriennes ont pris les mesures idoines qui se sont imposées.
Je pense que le Sénégal en tant que pays limitrophe au Mali et à la Guinée pays où la fièvre de Lassa est présente se doit de prendre lui aussi les mesures qui sont les siennes et les partager avec les populations par tous les supports d’information et de communication. Car, je ne crois pas que nous sommes divinement protégés contre les maladies qui touchent les autres au point qu’on ne devrait pas se faire de souci ?
S’il existe des rats à mamelles multiples au Sénégal, si le Sénégal n’est pas un pays isolé où ne sort ou n’entre personne, dans ce cas, nous ne sommes pas à l’abri de la fièvre de Lassa. Si tel est cas, est-il juste d’attendre longtemps pour informer les populations sur les mesures de prévention de la fièvre de Lassa et la conduite à tenir en cas de présence de symptômes ? Doit-on attendre, que la fièvre de Lassa se déclare dans notre pays ou qu’elle soit importée par les voyageurs pour se décider de sensibiliser les populations sur les mesures d’hygiène dont l’application les permettrait de se protéger ?
Comparativement à la maladie à virus Ebola, les pays jadis touchés étaient surpris et n’avaient pas un système de santé efficace pour y faire face. L’expérience a montré que l’information et la communication de masse combinées à la communication de proximité ont permis de réduire substantiellement le taux de létalité de cette maladie. Fort de cette expérience, on n’a pas le droit de commettre l’erreur de ne pas informer et de ne pas communiquer à temps utile pour davantage armer les populations pour faire face au virus de la fièvre de Lassa. Dans ce cas, à mon humble avis, les services compétents du Ministère de la Santé et de l’Action sociale sont appelés à faire, sans perdre beaucoup de temps, la promotion des mesures d’hygiène et informer les populations sur la conduite à tenir en cas de présence de symptômes tels que : forte fièvre suivie de malaise généralisé, de faiblesse et de douleurs musculaires.
Concernant la durée d’incubation de la fièvre de Lassa, elle varie de 2 à 21 jours. Quand elle est symptomatique, le début des manifestations cliniques est en général progressif, avec de la fièvre, une faiblesse généralisée et un mauvais état général. Après quelques jours, les malades peuvent présenter des céphalées, une irritation de la gorge, des myalgies, des douleurs thoraciques, des nausées, des vomissements, des diarrhées, une toux et des douleurs abdominales.
Particulièrement, dans les cas graves, le malade peut présenter un œdème de la face, une pleurésie, une hémorragie buccale, nasale, vaginale ou digestive et une hypotension. À un stade tardif, le malade peut présenter un état de choc, des convulsions, des tremblements, une désorientation pouvant aller jusqu'au coma. La surdité survient chez 25% des malades qui survivent à la maladie. La moitié d'entre eux recouvrent en partie l'ouïe au bout d'un à trois mois. On peut observer des chutes de cheveux passagères et des troubles de la marche au cours de la convalescence. Et dans les cas mortels, le décès survient généralement dans les 14 jours qui suivent l’apparition des symptômes de la fièvre de Lassa. Elle est particulièrement grave lorsqu’elle se déclare en fin de grossesse, le décès de la mère et/ou du fœtus survenant dans plus de 80% des cas observés durant le troisième trimestre.
Maladie virale contagieuse et mortelle, la prévention de la fièvre de Lassa passe par la promotion d'une bonne «hygiène communautaire» pour éviter que les rongeurs ne pénètrent dans les habitations. Parmi ces mesures efficaces, il faut noter la conservation des céréales et plus généralement des denrées alimentaires dans des contenants résistant aux rongeurs, l'élimination des ordures loin des habitations, le maintien de la propreté à l'intérieur de celles-ci et la présence de chats.
En effet, les rats Mastomys sont si abondants dans les zones d'endémie qu'il est impossible de les éliminer complètement de l'environnement. Les familles doivent toujours prendre soin d'éviter tout contact avec le sang et les liquides biologiques d'un malade. Aussi, avec le mouvement des populations dans l’espace CEDEAO, les voyageurs en provenance de zones d'endémie tels que le Benin, le Nigeria, la Guinée la Sierra Leone, le Liberia, le Ghana et le Mali, peuvent exporter la maladie dans d’autres pays comme le Sénégal (Que Dieu nous en garde !). Relativement au diagnostic de certitude de la fièvre de Lassa, il exige des examens qui se font uniquement dans des laboratoires de référence.
J’attends des services compétents du Ministère de la Santé et de l’Action sociale,  la diffusion de spot à la télévision et à la radio pour informer les populations sur les causes, les symptômes, les mesures de prévention de la fièvre de Lassa et la conduite à tenir en cas de présence de symptômes. A défaut, un communiqué de presse.
J’attends des médias des interviews avec les spécialistes sur le thème de la fièvre de Lassa présente dans les pays limitrophes au Sénégal (la Guinée et le Mali) pour édifier les populations sur les risques, les mesures de précaution à prendre et la conduite à tenir en cas de présence de symptômes.
Je reste convaincu qu’on ne peut pas prévenir une épidémie, dans un pays, sans la collaboration effective des populations. Voilà pourquoi, il est important de ne rien les cacher et d’œuvrer sans cesse pour obtenir leur collaboration.
Vive le Sénégal !
Vive la république !
Par Baba Gallé DIALLO
Rapporteur de la Commission Media et communication pendant la crise de la maladie à virus Ebola au Sénégal
Spécialiste de communication (institutionnelle, pour le changement de comportement et de communication des risques)
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NB : Les informations sur la fièvre de Lassa sont tirées du site web de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).