Kédougou
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A la borne fontaine publique du village grouille un monde fou. Dans cette foule se trouvent Aïssatou et Fatou qui peinent à se faire une place dans cette marée humaine. Ces deux fillettes âgées de moins de 13 ans passent leur journée à chercher de l’eau. « Nous étions à l’école, mais nous l’avons quittée », lancent-elles en chœur. Elles ne sont pas seules dans cette situation. A Sabodala, les classes sont vides.  Situé à 120 km de la commune de Kédougou, le village passe pour un eldorado aujourd’hui. Cette hantise de ce métal précieux aggrave le taux important de déperdition scolaire.  

 

Nombre d’enfants abandonnent tôt les classes. Ils sont arrachés des bancs par des parents qui rêvent de construire leur vie dans l’orpaillage. Les autorités en charge de l’école en ont perdu le sommeil. De l’avis de monsieur Yaya Ndiaye, principal du collège de Sabodala, « ce phénomène est directement ou indirectement lié à l’orpaillage ainsi qu’aux mariages et grossesses précoces ». Il ajoute : « rien qu’en 2015 toute une génération d’une classe de CMI a abandonné les classes au profit des diouras ». A cela, il faut ajouter l’abandon massif des élèves à chaque étape du cursus scolaire. M. Ndiaye met en cause la volonté des parents de trouver des bras valides dans les damas. En classe de CM2, le directeur d’école se plaint des effectifs. Juste une trentaine pour affronter l’entrée en sixième et le certificat. Alors qu’au CI, la classe peut atteindre la soixantaine. Une déperdition de moitié causée par la folle recherche de l’or. Face à ce problème récurrent, « les autorités scolaires ont mené des séances de sensibilisation auprès des parents d’élèves pour leur faire comprendre que l’avenir d’une nation repose sur l’école et l’agriculture et non dans les diouras », a confié le principal. Durant des semaines, des équipes ont sillonné le village pour provoquer des réunions autour de la question de l’école. Le chef de village, autorité respectée, a été impliqué dans ces séances de sensibilisation. La compagnie Teranga Gold, industrie extractive établie dans la localité, s’est engagée dans la bataille du maintien à l’école. Elle a, ainsi, aidé à construire une pompe manuelle pour atténuer la corvée de l’eau et des toilettes. L’administration n’est pas en reste dans ce combat. Elle a pris la décision formelle d’interdire le travail des enfants dans les placers. Une mesure qui a été bien accueillie par nombre de parents qui ont mis à l’index l’absentéisme chronique de certains enseignants. Une situation qui avait fini de convaincre les enfants à se tourner vers les damas. C’est le contraire à Khossanto. 

 

 

« L’école se porte bien ici, car des précautions ont été prises pour contrecarrer tout ce qui peut affecter négativement l’éducation. » C’est Alpha Doucouré, directeur de l’école élémentaire de Khossanto qui s’exprime ainsi. Khossanto est bien une localité où l’orpaillage se pratique, mais il n’y a pas d’impact négatif de l’activité sur l’école. Dans une des classes de CM2, on dénombre 50 élèves qui se préparent à aller au collège. « Je rêve de devenir médecin », a lancé cet élève rencontré dans la cour de l’école.   
Même si Khossanto refuse d’abdiquer à l’attrait de l’or, nombre de localités subjuguées par le métal précieux risque de voir les établissements se vider au profit des diouras où on peut mettre deux à trois mois pour trouver des traces d’or qui rapportent juste 3 000 FCFA.

 

source: http://www.dakaractu.com/SABODALA-Quand-l-or-vide-les-classes_a89928.html