Gueule Tapée-Fass-Colobane
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Dans ce nouveau bâtiment à deux étages, l'ambiance est festive, bon enfant. Les militants n'arrêtent pas d'affluer. De tous âges. Au rez-de-chaussée, une grande salle est aménagée pour contenir la foule qui déborde jusqu'au premier étage. Ici, Modibo Diop, entouré par quelques lieutenants, échange avec un de ses enfants dans une ambiance de nostalgie partagée. Tout autour de la salle, des militants sont assis à même le sol, devisant entre eux, échangeant sans doute sur leur lecture respective de la situation nouvelle ainsi créée par la libération de Diop.

Mais tout à coup, une dame d'un âge un peu avancé déboule, accompagnée par un flot de paroles qu'elle prend bien soin d'égrener en wolof. “Dem ngua ak ngor, déloussi ak ngor, ni Serigne Bamba déméwon ak ngor déloussi ak ngor” (Tu es parti avec dignité et tu es revenu avec dignité, à l'instar de Serigne Touba). Des rhapsodies qui n'ont apparemment pas laissé indifférent l'ex-DG. A son tour, il tend généreusement la main à la dame avec un sourire aux lèvres. “Comment ça va Coumba ? ça fait plaisir de te revoir”, lui lance-t-il avant de l'inviter à prendre place dans un coin du salon, avec d'autres femmes...

 

MODIBO DIOP À SA SORTIE DE PRISON

“Un complot ourdi par une dizaine de personnes qui entouraient Abdoulaye Wade”

C'est un Modibo Diop zen et en très bonne forme qui s'est soumis hier aux questions de EnQuête, quelques heures seulement après sa libération après plus de trois ans passés en prison. Dans cet entretien, l'ancien maire de Fass-Colobane-Gueule tapée déballe et accuse une quinzaine de responsables libéraux de l'entourage de Wade qui ont comploté contre lui. 3 ans 5 mois 21 jours.

Quelles sont vos premières impressions après votre sortie de prison ?

Je rends grâce à Dieu le ToutPuissant qui m'a mis dans cette épreuve et qui m'en a délivré. Je remercie les Sénégalais notamment la famille religieuse à laquelle j'appartiens, la famille de Cheikh Ahmadou Bamba, pour le soutien constant que j'ai eu du Khalife général des mourides, de mon marabout Serigne Cheikh Saliou et de toutes les familles religieuses Tidiane, Khadre, Layène qui m'ont soutenu durant ces trois années de prison. Dans la charge que j'avais dans l'État, dans l'électrification rurale, je m'étais battu pour alimenter les villages de ces grands hommes de Dieu. Ils me l'ont rendu. Non seulement ils ont prié pour moi durant les difficultés mais ils m'ont soutenu par des visites qu'ils faisaient à la prison. Je remercie tous mes militants, sympathisants et ma famille qui, pendant ces trois ans, se sont mobilisés, m'ont soutenu et ont enduré toutes les peines, toutes les privations d'une détention.

Vous êtes resté trois ans et cinq mois en prison. Est-ce que entre-temps votre base ne s'est pas effritée ?

Ah non ! vous constatez par vous-même. La base n'a pas bougé du tout. Au contraire, elle s'est agrandie parce que vous savez, quand vous êtes en prison, vous créez beaucoup de sympathie. Les Sénégalais n'aiment pas trop l'injustice d'autant plus que mon cas, tout le monde sait que c'est un cas purement politique. Ce dossier, il n'y avait rien dedans ! Des gens que je gênais politiquement dans le Parti démocratique sénégalais (PDS) ont voulu que je sois une victime de leur système. Mais par la grâce de Dieu, je m'en suis sorti et à bon compte.

Avez-vous reçu ou senti un soutien du PDS au cours de votre incarcération ?

Vous savez, il y a deux PDS. Le PDS d'en haut constitué par quelque dix ou quinze personnes qui entouraient Me Wade et qui ont comploté contre moi parce que je les dérangeais dans tous les lieux. Naturellement, ils ne m'ont pas soutenu. Mais il y a le PDS des militants de base qui aiment que le parti soit animé par des gens comme moi, ce sont peut-être des militants qui ne m'ont jamais vus, mais qui voyaient le travail que je faisais pour le PDS et pour le Sénégal. Ces gens-là m'ont soutenu ! C'est l'occasion de dire que ces gens-là, malgré leur complot, je leur ai pardonné le mal qu'ils m'ont fait. Ce n'est plus important...

Qui sont ces gens que vous accusez ?

Ce n'est pas la peine de les citer. Je n'en suis plus à ce niveau. Aujourd'hui je suis dans une phase de revalorisation personnelle, sociale et politique. Et ces personnes-là n'ont plus d'importance à mes yeux. Dieu est témoin de toutes choses et Il est Juste.

Quelles sont aujourd'hui les perspectives qui s'offrent à vous ?

Je reprends toute ma carrière professionnelle, ma carrière politique et mes droits civiques. Parce que j'ai été condamné à trois ans de prison ferme, c'est vrai, j'ai une amende de cinq millions mais le juge m'a laissé tous mes droits civiques, sociaux et politiques. Donc du coup, je continuerai à travailler pour mon pays, je continuerai à mener toutes mes activités politiques.

Vous êtes sorti dans un contexte d'élections locales. Comptez-vous participer à ces joutes ?

Absolument ! On est candidat, je l'ai déclaré depuis six mois.

Mais comment comptez-vous participer à ces élections ?

Je démarre ma campagne le 15 juin par une grande manifestation de lutte, c'est la saison 4 d'Arena tour qui débute dimanche au stade Iba Mar Diop. Et dans les quinze jours à venir, on a un grand programme que nous déployons dont un grand meeting que je ferai à Colobane. Nous sommes en train de travailler sur des dates avec notre équipe.

Y-a-t-il aujourd'hui une possibilité de rapprochement entre vous et Macky Sall ?

Le problème n'est pas là. Au moment opportun, je donnerai ma position sur cette question. Macky Sall est mon frère, il est venu à plusieurs reprises dans cette maison où vous me trouvez. Mais le moment venu, je me prononcerai sur ça.

source:http://www.seneplus.com/article/fass-colobane-gueule-tap%C3%A9e-s%C3%A9lectrise