Wassadou
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WassadouDe janvier 2014 à ce jour, la commune de Wassadou a enregistré 23 attaques à main armée. Conséquences : des millions de francs CFA, des marchandises, des vivres, du bétail, entre autres, ont été emportés par des assaillants supposés appartenir au pays voisin : la Guinée Bissau. Confrontés à cette vague de violences, les habitants réclament le retour du cantonnement militaire qui a été enlevé depuis le 28 janvier 2014. Reportage


La fraîcheur de la brise matinale qui balaie la commune de Wassadou, localité située à sept (7) kilomètres de la frontière Bissau Guinéenne, est loin d’apaiser les coeurs meurtris des habitants.

Et pour cause, Wassadou est devenu un Far West où la vie ne vaut rien. Des gangs lourdement armés, souvent en tenue militaire, continuent de terroriser les 12 780 âmes qui vivent dans la zone, depuis plus de huit (8) mois, semant la mort à tour de bras. 

 


La commune vit au rythme des attaques à main armée, cambriolages, vols à l’arraché, assassinats ciblés, règlements de comptes etc. Il ne se passe pas une semaine sans qu’une personne n’en soit victime à Wassadou.
“Nous avons connu 23 attaques”, révèle le maire de Wassadou, Barsa Soumboudou.

L’édile de raconter : “Un jour du mois de ramadan, les bandits ont fait irruption dans la mosquée, au moment de la prière. Ils ont tiré. L’imam a fui et tout le monde est parti. Les bandits ne sont pas inquiétés. Ils sont bien informés”.

Selon le maire, ceci ne peut pas continuer : “Depuis le départ des militaires, le 28 janvier dernier, les populations de Wassadou et environs n’osent plus fermer l’oeil, à cause de l’insécurité totale. Il suffit qu’un paysan vende son coton, ses arachides, ou qu’on le soupçonne d’avoir reçu de l’argent de la banque, pour que les bandits viennent le chercher dès la tombée de la nuit”.

Dans le Wassadou, les domiciles, les boutiques, les troupeaux, les greniers sont devenus les cibles privilégiées des cambrioleurs. Ils emportent tout sur leur passage : argent, nourriture, motos, vélos, ordinateurs, boeufs. On se croirait dans un film hollywoodien.

“On vous réveille en plein sommeil. On vous met une arme sur la tempe et vous intime l’ordre de remettre votre argent ou les clés de votre boutique, de votre armoire etc. Ça, c’est quand vous avez de la chance. Sinon l’opération se règle par une rafale de balles”, confie Sambarou Baldé, un notable assis sur une natte, à l’ombre d’un manguier.

“L’Etat nous a laissés tomber”
A en croire le maire, à partir de 19 heures, on ne peut même plus trouver une allumette. Pourquoi ? “Parce que les boutiques sont fermées et leurs propriétaires quittent le village pour aller passer la nuit à Diaobé (localité située à 25 kilomètres de Wassadou) ou à Kounkané. Parce que les multiples attaques à main armée nous obligent à quitter la cité. Nous vivons la peur au ventre. Car ces bandits sont capables d’abréger nos vies”, regrette-t-il.

A bout de nerfs, le maire s’écrie :

“Trop c’est trop ! Nous sommes fatigués. Nous avons écrit des correspondances, marché, barré la route et mis en place des comités de vigilance, mais rien. J’ai été voir le ministre de l’Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo, à Dakar, pour l’entretenir de la situation qui prévaut chez nous. Il m’avait promis qu’une solution serait trouvée. Jusqu’à présent notre doléance est restée lettre morte. Je sais bien que le président de la République a été informé de ce qui se passe dans notre localité. Mais jusqu’à présent, l’Etat n’a rien fait pour nous sauver. Et pourtant, nous sommes des Sénégalais à part entière”, déclare M. Soumboudou avec amertume.

Vol de bétail
Outre les attaques à main armée, les vols de bétail se multiplient dans la zone.

“Rien qu’avant-hier, mon ami a été victime de vol. On lui a volé 12 vaches. J’ai été en Guinée Bissau où j’ai rencontré le chef de la brigade de gendarmerie à Pirada, la police et le sous-préfet, pour retrouver nos voleurs, mais aussi trouver un consensus avec eux, afin de pouvoir mettre fin à la recrudescence des attaques et des vols perpétrés dans ma commune”, explique Barsa.

Le maire renseigne qu’ils se sont rendus dans le site où les boeufs sont embarqués. “Nous avons regardé le registre du dernier embarquement et nous avons constaté avec eux qu’il y avait les 12 vaches qui ont été volées. Ainsi, nous leur avons demandé de nous présenter celui qui a amené ces vaches à Bissau. Mais, on ne parvient pas à mettre la main sur les voleurs. Car, ils refusent de coopérer avec nous”.

Aujourd’hui, le voeu le plus cher des habitants de Wassadou, situé à 115 km de Kolda, est le retour du cantonnement miliaire. “Nous demandons au président de la République, Macky Sall, de nous aider à réinstaller un cantonnement militaire. Lorsque le camp militaire était là, il n’y avait pas de problèmes. Les populations vaquaient à leurs occupations tranquillement”, souligne le maire de la cité.

Confrontés à une extrême pauvreté et vivant dans la précarité, les habitants de Wassadou doivent également faire face à cette vague de violence sans précédent. Là-bas, se faire tuer est aussi anodin qu’avaler un cachet
de paracétamol.

“Un commerçant a été tué sauvagement, lors d’une attaque à main armée. Il confectionnait des paillasses. Quelqu’un lui avait confié de l’argent. A la tombée de la nuit, les bandits sont venus l’attaquer et emporter tout l’argent”, se désole le maire Soumboudou.

Source:seneplus

 

 

 

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