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AVANCÉE DE LA MER A BARGNY - «La nuit, nous dormons d’un seul œil par crainte de nous réveiller dans les flots»

Bargny
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AVANCEE DE LA MER A BARGNY - «La nuit, nous dormons d’un seul œil par crainte de nous réveiller dans les flots»

L'OBS - A l’instar des localités situées sur le littoral, la commune de Bargny n’est pas épargnée par l’érosion côtière. Depuis plusieurs années, il ne se passe un seul hivernage sans que les riverains ne soient victimes de la furie des vagues qui ravagent tout sur leur passage. Reportage !

Goudialanca, vieux quartier lébou. On file les yeux rivés sur le pittoresque du décor, sous un soleil de plomb qui découvre la danse des pirogues sur la berge. On devine le quartier, captif dévoilé disputé par deux amoureux jaloux, la mer et le soleil. L’ambiance est douce comme le léger vent qui caresse la peau. Crissement doux du gravier, bruit des pas sur la dalle dure, marche diurne entre l’ombre des poteaux électriques et le faisceau de l’astre. 

Goudialanca, situé à l’extrémité ouest de la ville de Bargny, séduit dans l’instant, par un coup de foudre sans étincelles qui annihile toute résistance. Soudain, la lumière découvre des boules humaines, des charrettes efflanquées, des voitures qui en, file indienne, rallient la commune de Bargny. Devant, s’ouvre une agglomération compacte, des ruelles sablonneuses, des pêcheurs assis à même le sol, à l’entrée des concessions, réparent leurs filets. Du côté de la mer, les vagues déferlent sur la berge devant des chambres dont les façades ont été emportées par le phénomène. Dans plus d’une vingtaine de maisons, le décor est le même. Des pans entiers de mur croulent et les toits n’existent que de nom. La faute au Grand bleu qui, il y a quelques jours de cela, a encore frappé, emportant dans ses déferlantes tout ce qu’elle a trouvé sur son passage. «Gnou ngé raw», lance dans des cris d’orfraie une foule de bambins excités. Ibrahima Guèye, un fonctionnaire à la retraite se lâche : «Cela fait plus de 20 ans que nous sommes victimes de l’avancée de la mer. C’est triste et désolant. Chaque année, nous recevons toutes sortes de délégations, mais elles nous promettent toujours des solutions qui tardent à être exécutées. Nous ne sommes pas des citoyens à part entière et nous devons être assistés comme les sinistrés des inondations. Nous avons vu le Président Macky Sall remettre des clés de maisons à ces personnes et nous sommes aussi éligibles qu’elles pour être recasés. Impossible de dormir ici à poings fermés.La nuit, nous dormons d’un seul œil par crainte de nous réveiller dans les flots.»Reprenant de temps à autre son souffle, il poursuit, dégoûté: «La mairie nous avait promis des maisons vers Minam, mais le projet de recasement se heurte à un autre projet d’une centrale à charbon de l’ancien régime.» Pour faire face à l’avancée de la mer, deux plans de lotissement avait été adoptés. Il y a déjà eu un premier plan de lotissement  en 1993 appelé Minam 1 où les populations d’un quartier de la Commune devraient être recasées dans leur totalité. Ensuite, vient le deuxième plan de lotissement (Minam 2) qui a eu lieu en 2007. «En 2007, on a assisté à une furie de la mer qui avait endommagé et détruit  beaucoup d’habitations à Bargny Guédj. Le Conseil municipal a alors attribué 750  parcelles aux populations. Le maire de la commune pensait qu’affecter  une parcelle à un pêcheur à mille lieux de la mer ne lui rendrait pas service. Le maire affecta alors des parcelles aux pêcheurs, à quelques encablures de leurs lieux de travail. Malheureusement et contre toute attente, le gouvernement de Wade cibla ces terrains de Minam 2 pour y ériger une centrale à charbon», renseigne Me Issa Diop, porte-parole du comité d’initiatives regroupé autour du maire de Bargny, Mar Diouf. En attendant, face au désarroi des populations, la seule solution envisagée consiste en la construction d’une digue de protection. Un vœu pieu que les populations de Bargny dont l’activité principale est la pêche appellent de tout cœur.

OUSSEYNOU THIAM

 

Le Président Macky Sall interpellé

Comme Bargny, la ville de Rufisque dont presque une dizaine de quartier est situé sur le littoral n’est pas à l’abri du phénomène. De Dioukoul Kaw à Mérina en passant pas Keury Souf et Keury Kaw, les habitants attendent toujours d’être à l’abri des vagues. «Je suis peiné de voir les habitants de Bargny et de Rufisque dans cette situation et je m’associe à leur douleur parce qu’ils ont tout perdu», clame d’emblée Abdou Salam Guèye, membre du Conseil économique, social et environnemental. «Il faut que les ministères concernés par le phénomène volent au secours des sinistrés de Bargny dans le cadre d’un plan d’urgence et je profite de l’occasion pour lancer un appel au chef de l’Etat Macky Sall pour que ces populations centenaires soient protégées», ajoute-t-il. Le cas de Rufisque mérite qu’on s’y attarde puisque si aucune solution n’est prise, la mer sera dans 40 ans à hauteur de la Route nationale (Rn1). La révélation était de l’ancien ministre de l’Environnement, Djibo Ka, après une étude sérieuse sur le phénomène dans la vieille ville. «Il faut que la digue de protection de Thiawlène soit élargie au reste des quartiers situés sur le littoral et cela jusqu’à Mbao. Le plaidoyer doit être porté par tous les cadres lébous», termine Abdou Salam Guèye visiblement choqué par le problème.

O.THIAM

 

DIGUE DE THIAWLENE

Une solution, mille problèmes

En 2010, la mer avait envahi plusieurs maisons de ce quartier de Rufisque et même une partie du cimetière emportant une vingtaine de cadavres. C’est ainsi que l’Etat avait décidé de protéger cette fine partie de Rufisque. Dans le cadre du projet de protection côtière de l’UEMOA, en y érigeant une digue. Mais l’ouvrage ne règle pas entièrement le problème à Rufisque. Dans tous les autres quartiers situés en bordure de mer, les habitants, toujours plongés dans une psychose profonde, souhaitent l’extension de cette digue pour être à l’abri des vagues. Un phénomène qui constitue encore une des urgentes priorités de Rufisque au-delà de son éternel problème lié à l’assainissement.

O. THIAM

source: http://www.gfm.sn/dep-societe/item/5484-avancee-de-la-mer-a-bargny-la-nuit-nous-dormons-dun-seul-œil-par-crainte-de-nous-reveiller-dans-les-flots.html