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Tribunal de Dakar- affaire Khalifa Sall et cie, j18 la défense fait le procès de l’État

JUSTICE
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 La contre-attaque des avocats de la défense, dans l’affaire de la caisse d’avance de la ville de Dakar, s’est poursuivie hier, mardi 20 février, au niveau du tribunal de grande instance de Dakar. Dans leurs plaidoiries qui ont duré toute la journée d’hier, les conseils du député-maire, Khalifa Sall et codétenus, qui persistent à soutenir que le procès est «politique», ont tiré à boulets rouges sur le régime de Macky Sall, l’accusant de vouloir liquider politiquement  Khalifa Sall. A tour de rôle, les avocats de la défense du député-maire Khalifa Sall et co-prévenus ont poursuivi leurs plaidoiries pour convaincre le juge Malick Lamotte de l’innocence de leurs clients.

Pour asseoir ses arguments, la défense s’est déchargée sur l’Etat du Sénégal, convaincue qu’elle est de la nature «politique» du procès. De l’avis de Me Kane, avocat du Directeur administratif et financier (Daf) et gestionnaire de la caisse d’avance, Mbaye Touré, l’Etat peut être «atroce» quand il y a à sa tête des dirigeants «qui ne pensent qu’à leurs propres intérêts et non à l’intérêt général». Pour la robe noire, lorsque l’Etat trouve comme inspiration Machiavel, pour dire que la fin justifie les moyens, «il organise un festin sur le sang des victimes». Donc, il reste persuadé que le régime de Macky Sall utilise «la prison et les mandats de dépôt» pour éliminer ses adversaires politiques. Il s’en tient à l’idée que, pour qu’il y ait détournement de deniers politiques, il faut au préalable un manquant, un appauvrissement et un enrichissement. Ce qui n’est pas le cas pour son client, Mbaye Touré, «qui a dit qu’il n’a bouffé aucun sou de ces 1 milliard 800 millions».
 
Me Youssoupha Camara, conseil des prévenus Yaya Bodian et Mbaye Touré, a aussi embouché la même trompette pour tirer sur l’Etat, qui s’est constitué partie civile de manière «abusive». De l’avis de Me Camara, l’article 152 du Code pénale montre à suffisance que l’Etat n’a pas sa place dans ce procès. Il arguera, sur ce point que, pour prouver sa légitimité dans ce procès, l’Etat était obligé de brandir des facteurs de la Sénélec payées par ses services. Ce qui, à son avis, est un renversement de la charge de la preuve, car l’Etat demande à la mairie de prouver qu’elle n’a pas en charge l’éclairage public. Il restera formel qu’il n’y a aucun texte qui dit que c’est à la municipalité de s’acquitter de l’éclairage public. Récusant la somme incriminée, à cause de 6 mandats qui n’ont pas été payés en raison d’une décision du préfet et de l’inexistence de treizième mois en 2013, Me Camara trouve que c’est «le procès de la démesure», notamment avec les 5 milliards réclamés par le parquet pour le préjudice moral et le milliard 800 millions demandés par la partie civile pour préjudice matériel. Il a informé ainsi avoir dit à ses clients que «vous allez servir de marches d’escalier. Vous allez servir de dégâts collatéraux». Car, persuadé qu’il y a des soubassements politiques dans cette affaire. Donc, pour lui, ce qui intéresse le camp d’en face, «c’est la tête» de Khalifa Sall et non la vérité. Prévenant l’Etat, il a dit que «dès que Khalifa Sall sort de prison, il remporte les élections», car c’est une publicité qui lui est faite. Mieux, il trouve que même en prison il gagnera les élections, pour «avoir déjà gagné des élections en prison», en faisant allusion à son mandat de député. Des propos qui ont motivé des «Inchalla» dans la foule venue nombreuse pour assister au procès.  
 
ME ISSA DIOP : «TOUS LES REGIMES… ONT CONNU LEURS PRISONNIERS POLITIQUES»
 
L’Etat du Sénégal a dû entendre des bourdonnements dans ses oreilles, tout au long de la plaidoirie des avocats de la défense qui n’ont pas manqué de s’attaquer à lui à toutes les occasions. Pour Me Issa Diop, venu défendre Khalifa Sall, au Sénégal «nous avons l’habitude de régler les conflits politiques par la justice». Il argue à cet effet que c’est un procédé qui a été utilisé par tous les régimes qui se sont succédé, depuis les indépendances, et qu’il en fallait un pour Macky Sall. Faisant dans le rappel historique, il a fait savoir que Senghor avait comme détenu politique, notamment Mamadou Dia, alors que pour Abdou Diouf, c’est Abdoulaye Wade. Le même procédé a été remis, selon lui, par Me Abdoulaye Wade qui a mis en prison Idrissa Seck parce qu’on lui a fait savoir qu’il voulait son fauteuil. Il en est de même, de l’avis de Me Issa Diop, pour le cas en cours de jugement au niveau du tribunal. Sur ledit cas, il supputera qu’il a été dit à l’actuel chef de l’Etat que Khalifa Sall lorgnait son fauteuil et qu’il était pressé d’accéder au pouvoir. C’est pour cette raison qu’on l’accuse de détournement de deniers publics sur des fonds qui ont été mis à sa disposition par la municipalité via délibération, se désole-t-il. A noter que la défense poursuit sa plaidoirie ce jour, mercredi 21 février, pour tenter de convaincre le tribunal de l’innocence des prévenus et ainsi obtenir leur relaxe.     
 
ECHOS…..ECHOS
 
Me Kane : Lapsus ou stratégie de défense ?
Devant la barre, Me Kane, un des conseils du Daf Mbaye Touré a soit fait un lapsus, soit déroulé sciemment une stratégie de défense. En effet, l’avocat a soutenu que le député-maire de Dakar a été poursuivi pour avoir déclaré sa candidature à la présidentielle. De connaissance, Khalifa Sall n’a jamais déclaré sa candidature, à l’exclusion de ses lieutenants qui parlent de son éventuelle candidature en 2019. Autre chose, en racontant une anecdote vécue au tribunal de Tambacounda, l’avocat a fait comprendre qu’il a eu un incident avec le procureur Bassirou Guèye qui lui avait réclamé une visite de courtoisie pour que son affaire puisse être enrôlée. Des déclarations que le mis en cause a nié avec des gestes de la main. Ce qui n’a pas empêché Me Kane d’insister et de dire qu’il n’était pas prêt de lui rendre visite à cause de la peine réclamée contre son client, à savoir 7 ans de prison.
 
Le président Lamotte «recadre» Me Camara
Le juge Malick Lamotte a une fois de plus pris la parole pour remettre de l’ordre dans son tribunal, suite à des propos jugés «de trop dans ce procès». En effet, après la plaidoirie de Me Youssoupha Camara de la défense, le président de la cour a déploré certains propos tenus par le conseil de Yaya Bodian et Mbaye Touré. Il s’agit du fait qu’il ait traité l’Etat de «malhonnête» et qu’il ait dit au juge qu’il est «aveuglé par la passion du moment», ou encore qu’il parle de «procès singulier». Rappelant les dispositions de l’article 389 du Code pénal,  Lamotte a  dit être dans l’obligation de veiller à la dignité des parties. Il a ainsi invité les protagonistes à revenir aux vertus de l’écoute et du verbe.
 
Me Leïty Ndiaye parle de «partie civile déchainée et procureur en transe»

En dépit des nombreux recadrages du juge Lamotte, la défense de Mbaye Touré a persisté dans ses attaques. Pour déplorer la lourdeur des peines réclamées par les parties citées plus haut, Me Ndiaye a ainsi déclaré qu’il est en face d’une «partie civile déchainée et d’un procureur en transe». Pour lui, le procureur a brandi 8 griefs contre son client et rien contre les percepteurs. Ce qui lui fait dire que «le procureur a clignoté à gauche pour pouvoir aller à droite lors de sa plaidoirie». Car, selon lui, le procureur s’est arrangé pour envoyer à la barre les percepteurs et après se rebiffer et prétendre n’avoir pas assez d’éléments pour demander leur condamnation.

Fonds politiques : la défense fait appel au «droit coutumier»
Pour asseoir sa défense sur l’existence de fonds politiques, depuis plus de 100 ans à la ville de Dakar, la défense a fait appel au «droit coutumier». Pour elle, à force de répéter la coutume, elle peut être source de droit, du moment qu’elle ne fait pas entrave à la loi. Sur ce cas d’espèce, les avocats de la défense se sont demandé en quoi la ville de Dakar, en utilisant les fonds politiques pour le compte des nécessiteux, a agi contrairement à la loi. De surcroit, pour eux, une telle pratique a toujours existé et aucun président ne s’en est offusqué. Qui plus est, ont-ils dit, avec cette foultitude de fêtes religieuses au Sénégal et la forte sollicitation au niveau de la ville, ils ne voient pas comment la ville pouvait s’en sortir sans les «fonds politiques».

 

SOURCE:http://www.sudonline.sn/la-defense--fait-le-proces-de-l-etat_a_38431.html