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 Elément déterminant de la qualité de l’éducation publique, le quantum horaire commence à prendre un sacré coup. Le temps de présence effective en classe, qui est un facteur aujourd’hui fondamental d’acquisitions de connaissance par l’élève, est plombé par les mots d’ordre de grève des syndicats d’enseignants. Les plans d’actions fusent de partout et commencent à impacter sérieusement le déroulement normal des cours. Ce n’est pas demain la veille, car les syndicats très déterminés, continuent de dérouler et invitent leurs militants à la résistance. Quels que soient les motifs d’intimidation.

Non sans toujours indexer «l’inertie» du gouvernement sur la prise en charge de certaines questions inscrites dans le protocole d’accords, notamment le régime indemnitaire. La réduction du temps d’enseignement/apprentissage pour la validité de l’année scolaire, pose de sérieuses inquiétudes à l’Union nationale des associations des élèves et étudiants du Sénégal (Unapees). «No u s allons résister , car la résistance est un droit», déclare Abdoulaye Ndoye, secrétaire générale du Cusems. «L’intimidation ne passera pas. Les coupes de salaires ne passeront pas. Les réquisitions ne passeront pas. Si le gouvernement a opté pour la confrontation qu’il sache qu’on est déjà sur le terrain», dixit Saourou Sene du Saems. La marche nationale des enseignants tenue vendredi dernier, a été une occasion pour les syndicats de montrer leur détermination, en découdre avec les autorités étatiques. Le ton est donné. Les enseignants ne comptent pas lâ- cher du lest, pour obtenir gain de cause.

Le démarrage effectif de la dématérialisation de la Fonction publique, des mesures correctives relatives aux iniquités notées dans le système de rémunération des agents de l’Etat, la délivrance des actes en souffrance, la formation diplômante des enseignants, le paiement des rappels d’intégration, de validation et d’avancement, sont au cœur des préoccupations syndicales. Pour s’assurer du respect des accords et engagements pris par le gouvernement, seul gage de stabilité du système éducatif sénégalais, les syndicats d’enseignants déroulent leurs différents plans d’action, après le dépôt des préavis de grève depuis décembre 2017. 2018 aura été encore une année de plus, où le quantum horaire, aspect fondamental du système éducatif, va en souffrir. En décembre 2017, les syndicats annoncent les couleurs.

Le Cusems, le Saemss, décrétaient une grève totale, un mercredi 13 décembre. Pour obtenir des réponses concrètes sur la question de l’indemnité de logement des enseignants, notamment le système de rémunération, le paiement des indemnités du baccalauréat et déplorer le redéploiement abusif des professeurs, le Cusems dans un nouveau plan d’action, décida d’observer une grève totale, ce jeudi 11 janvier, pour encore réclamer le respect des accords, notamment l'alignement de l'indemnité de logement, le dégel du prêt DMC, l’arrêt et la restitution des ponctions et le paiement intégral des indemnités du Bac et du Bfem
 
 
ACTIONS UNITAIRES
 
En janvier 2018, le Saemss rejoint le grand cadre des syndicats d’enseignants (Gcse) de Oumar Waly Zoumarou, le Cadre unitaire syndical des enseignants du moyen secondaire (Cusems) d’Abdoulaye Ndoye pour décréter une grève totale, les 16 et 17 janvier 2017. Jusque-là, les syndicats d’enseignants, en dépit des mêmes points de revendication, allaient en rangs dispersés, tout en exprimant leur volonté de mener le combat ensemble.

Les camarades de Saourou Sène et Abdoulaye Ndoye ont compris l’urgence de mobiliser leurs énergies pour faire face au gouvernement. Sur le pied de guerre, les syndicats veulent désormais parler d’une seule voix pour la matérialisation des points inscrits dans le procès verbal. Une dynamique unitaire syndicale s’est enclenchée.

Les syndicats dits représentatifs, notamment le Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal (Saemss), le Cadre Unitaire des Enseignants du Moyen Secondaire(Cusems), le Syndicat des enseignants libres du Sénégal (Sels), le Syndicat des enseignants libres du S é n é g a l / A u t h e n t i q u e (Sels/A), l’Union démocratique des enseignants du Sénégal (Uden) et le Syndicat National des Enseignants en Langue arabe du Sénégal (Snelas/Fc), enchaînent les débrayages et multiplient les grèves. En plus du boycott des évaluations, compositions et cellules pédagogiques, ils décidèrent d’arpenter la rue, pour se faire entendre. Ils ont commencé par la capitale du rail, Thiès, où ils ont battu le macadam le 8 février dernier, pour le respect des accords. Ils ont remis çà le vendredi dernier à Dakar, à la place de l’obélisque, arborant les brassards rouges.

Dans le cadre de leur quatrième plan d’action, ils donnent rendez-vous à leurs militants pour une marche nationale le jeudi 1er mars. La dynamique de protestation se poursuit avec un appel au débrayage ce mardi 20 février, à partir de 10 heures, et de demain, mercredi. Dans un communiqué, le directoire national du Cusems se réjouissait du taux important de suivi du dernier mot d’ordre des syndicats les plus représentatifs. Ce qui, selon les syndicats d’enseignants, impacte le déroulement normal des enseignements-apprentissages. Les compositions étaient perturbées par leur mouvement d’humeur. Les élèves et autres responsables d’établissements n’avaient aucune visibilité pour la tenue des évaluations du premier semestre. Pendant ce temps-là, les syndicats dits non représentatifs n’ont pas été en reste par les plans d’action.

Le Grand cadre des syndicats d’enseignants et l’intersyndicale pour la défense de l’école et des enseignants (Idee), continuent d’inviter leurs militants à suivre leur plan d’action composé essentiellement de débrayage et de grève. C’est le cas aussi de la fédération des enseignants du Sénégal qui regroupe 16 organisations syndicales, qui exigent la matérialisation des accords, notamment l’équité dans le traitement des agents de l’Etat. A côté des revendications, les syndicats alertent sur les maux du système qui ont, selon eux, pour noms : effectifs pléthoriques, classes multigrades, déficit criard d’enseignants pendant que des jeunes diplômés sont réduits au chômage, démotivation des enseignements consécutive à l’injustice sociale dont ils sont victimes, privatisation rampante du système
 
 
SAOUROU SENE, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU SAEMSS «Les enseignants insistent auprès de nos instances pour hausser le ton»
 
Nous observons non seulement le suivi de nos mots d’ordre de grèves par nos collègues, mais ils demandent également un durcissement du ton. Les enseignants insistent auprès de nos instances pour hausser le ton. Ils veulent que nous observions des grèves de 48 heures, en lieu et place des débrayages. Plus nous progressons, plus la détermination devient plus forte, car même les ponctions de salaire ne leur feront pas reculer. La détermination reste intacte. Nous nous interrogeons pas sur le quantum horaire. C’est du ressort du gouvernement du Sénégal qui a en charge l’éducation des enfants. Nous nous sommes que des employés.

Nous avons des préoccupations d’équité et de justice. Si le gouvernement ne pose pas, pour le moment, d’acte qui nous fera respecter le quantum horaire, il ne nous appartient pas de nous convoquer nous-mêmes. C’est le rôle du gouvernement de convoquer une rencontre. Nous avons exprimé notre totale disponibilité à la discussion et au dialogue autour des questions qui nous préoccupent aujourd’hui. Et aucune avancé n’a été notée depuis que nous avons entamé nos plans d’action
 
OUMAR WALY ZOUMAROU, COORDINATEUR GCSE «Les autorités vont attendre jusqu’à ce que l’année scolaire soit sérieusement entachée par les grèves pour appeler… » 
 
Le taux de suivi des mots d’ordre est très élevé. Il va au-delà des 75% au niveau de l’intersyndicale, d’après les rapports que nous recevons à la base. Nous sommes vraiment très satisfaits. C’est toujours la stratégie du pourrissement. Les autorités vont attendre jusqu’à ce que l’année scolaire soit sérieusement entachée par les grèves pour appeler au «sauvetage» de l’année scolaire. Le gouvernement est préoccupé par des activités politiciennes, à savoir des tournées politiques, pour tout simplement se prononcer sur des choses infondées, au moment où l’école Sénégalaise est à genou. Les étudiants, les professeurs sont dans la rue. On ne demande pas une simple rencontre. On demande des négociations sérieuses. Que toutes les parties prenantes seront conviées autour d’une table. Des propositions sérieuses seront faites pour que nous puissions ensemble voir dans quelle mesure nous pourrons tendre vers la suspension des différents mots d’ordre. Tant que cette volonté-là n’est pas affichée, nous allons continuer à poursuivre nos actions qui effectivement vont affecter négativement le quantum horaire. Le programme ne sera pas terminé. Les élèves n’auront pas reçu suffisamment de connaissances pour faire face aux évaluations de fin d’année. 
 
ABDOULAYE FANÉ, PRÉSIDENT DE L’UNAPESS «Nous avons de fortes inquiétudes » 
 
Nous avons de fortes inquiétudes pour l’année 2018. Nous nous sommes rendu compte que tous les syndicats d’enseignants déroulent des plans d’actions depuis décembre dernier, après un dépôt de préavis de grève. Ce qui veut dire que si on n’y prend garde, on risque de porter véritablement préjudice au système éducatif. Les dégâts sont déjà très importants. Cela a des conséquences drastiques sur le niveau des élèves et étudiants. L’Unapees ne peut que véritablement porter l’inquiétude des parents. Nous demandons à ce que les autorités en charge de l’éducation et particulièrement au président de la République, de prendre en charge cette question et réexaminer certain points de désaccords. Les syndicats aussi doivent faire des propositions, car le gouvernement en a aussi fait lors de la rencontre avec le premier Ministre

source:http://www.sudonline.sn/chronique-d-une-annee-scolaire-menacee_a_38422.html