Sénégal - Mettre fin à la crise artificielle qui gangrène le secteur de l’Hydraulique urbaine

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Le  renouvèlement de la concession de la gestion de l’eau dans les centres urbains du Sénégal,  a occasionné un lourd contentieux  entre la Direction de la SDE, le Ministère en charge de l’hydraulique, et SUEZ.

 Ce contentieux  vient d’être judiciairement vidé, par une décision de la Cours Suprême  en faveur de SUEZ.

La Direction de la SDE a perdu tous ses recours administratifs et judiciaires.

 

La polémique qui s’est longuement installée par voie de presse dans ce contentieux, fut polluée par des soupçons de concussion et de corruption soulevés par des organisations de la société civile, avec le Forum Social Sénégalais comme tête de pont.

L’atmosphère de suspicion que cette polémique avait créée avait malheureusement relégué, au second plan, les véritables enjeux du renouvèlement de la concession qui s’est fait, cette fois, par appel à la concurrence, et non plus par des avenants au profit de la SDE.

 Maintenant, les décisions des juridictions sénégalaises sur ce contentieux ont invalidé ces soupçons qui se sont avérés non justifiés pour devoir servir de base pour l’annulation de l’adjudication provisoire de la concession à SUEZ.

Le moment est donc venu de remettre au- devant de la scène, les véritables enjeux qui ont été  longtemps cachés derrière les agissements de la Direction de la SDE et d’activistes politiciens sous couvert du Forum Social Sénégalais.

En effet, il s’agit, dans cette nouvelle concession, de la réduction significative de la part de l’actionnaire stratégique étranger dans le capital  de la nouvelle société à créer.

En effet, cette part actuellement  est de 62,8% à SAUR internationale (actuel ERANOVE), va passer dans la nouvelle société à 45% à SUEZ dans la nouvelle société à créer.

L’Etat qui avait 5% dans le capital de la SDE, va détenir 25% dans la nouvelle Société.

Mais, un  véritable contentieux subsiste dans la répartition des 25% restant entre les travailleurs de la SDE, et  les Actionnaires privés sénégalais qui détenaient  32,2% dans le capital de la SDE.

C’est ce véritable contentieux que les actionnaires privés sénégalais,  à travers leurs activistes politiciens dans la société civiles, ont parvenus à occulter, derrière une prétendue faveur donnée à une entreprise française avec cette nouvelle concession, alors que dans la SDE, une autre entreprise française y a détenu une majorité écrasante.

Ils sont donc parvenus à une prouesse de faire d’une rivalité entre entreprises françaises, un problème entre entrepreneurs nationaux et une entreprise française rivale de leur partenaire dans la SDE.

Ils n’ont pas digéré, comme leur partenaire français dans la SDE, la diminution drastique de leur part dans le capital de la nouvelle société.

Cette manœuvre a aussi été favorisée par le refus du Ministère en charge de l’hydraulique, de répondre favorablement à la requête des travailleurs de la SDE d’augmenter significativement leur part, non pas au détriment des 25% détenus par l’Etat, mais bien  dans les 25% restant, grâce à leur épargne logée dans leur «  fonds  commun de placement » d’où ils peuvent mobiliser suffisamment pour acheter les 10% de ces 25%.

Une telle requête qui va porter  la part des travailleurs à 15% à égalité avec celle des actionnaires privés sénégalais, est non seulement équitable, financièrement faisable, mais elle est  nécessaire pour leur donner une place significative dans le Conseil d’Administration de la nouvelle société, leur permettant de mieux participer au contrôle de la gestion de leur entreprise pour plus de transparence .

Pour contrer cette revendication aussi pertinente que patriotique, le Ministère en charge de l’Hydraulique n’ a trouvé mieux à faire que de chercher à diviser l’intersyndicale du secteur de l’Hydraulique urbaine, en proposant de donner des parts dans le capital de la nouvelle société  aux travailleurs de la SONES et de l’ONAS, tout en ne concédant qu’une augmentation d’1% sur les 15% demandés par les travailleurs de la SDE.

Le recours aux travailleurs de la SONES et de l’ONAS  pour contrer ceux de la SDE, est totalement incongru.

En effet, voilà des travailleurs d’une autre entreprise à qui l’on propose une part du capital d’une autre, tout en le refusant à ceux qui y travaillent !

Les travailleurs de la SONES et de l’ONAS relèvent d’entreprises publiques dans lesquelles leurs revendications devraient porter sur leur participation significative dans leur Conseil d’Administration ou Conseil de Surveillance, et non dans le capital d’une société privatisée où ils ne travaillent pas.

Cette manœuvre du Ministre chargé de l’Hydraulique urbaine l’a isolé face à la cabale orchestrée contre lui de concussion et de corruption dans la gestion de l’octroi des appels d’offre de la nouvelle concession.

 Ce faisant, une grave crise entre l’Etat et les travailleurs de l’ex SDE s’est ainsi installée, et risque de plomber le démarrage de la nouvelle société au détriment des populations.

Le Sénégal peut économiser cette crise sociale en prenant l’exemple de la SONATEL où les travailleurs, sur leur «  fonds commun de placement » ont pu acquérir des actions portant leur part de 5% au début à 8% aujourd’hui, là où l’Etat est à 27% et Orange à 42% !

L’Etat a  donc tout intérêt de revoir sa position envers la requête des travailleurs de l’ex SDE, pour accepter de négocier une hausse  significative de la part des travailleurs dans le capital  la nouvelle société.

                  Tous solidaires avec les travailleurs de l’ex SDE

                           Ibrahima SENE PIT/SENEGAL

                                  Dakar le 27 novembre 2019