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 Le tourisme, la deuxième source de devises au Sénégal, après la pêche, a longtemps souffert des yoyos politiques des autorités étatiques issues des deux alternances au sommet de l’Etat. Pour extirper ce secteur en perpétuelle recherche d’une nouvelle identité des difficultés qui l’assaillent, face à la concurrence de nouvelles destinations dans les pays voisins, les autorités, en plus des atouts et acquis déjà sur le marché national et international, sont appelées à développer de nouvelles offres telles l’écotourisme, le tourisme religieux et culturel, le tourisme de santé, etc. pour en tirer le maximum de profit. Surtout que notre pays se fixe comme objectif d’accueillir 3 millions de touristes en 2023, afin de faire du Sénégal une destination leader en Afrique de l’Ouest. Et, en 2018, le tourisme a représenté 6% du Produit intérieur brut (PIB) national et généré près de 100.000 emplois (Cf: «Focus sur le Tourisme - Plan Sénégal Emergent»).

En attendant l’effectivité de la réhabilitation des aérodromes régionaux et la desserte de toutes les régions par des lignes aériennes nationales, la réception de la nouvelle station balnéaire de Point Sarène, etc., Sud quotidien fait le point dans différentes zones touristiques ou à potentialités inexploitées. DEVELOPPEMENT DU TOURISME AU SENEGAL : Recherche perpétuelle de la bonne formule
 
En Conseil des ministres, mercredi dernier 9 janvier, le Chef de l’Etat, Macky Sall, a de nouveau réitéré son appel et donne des directives pour la en vue «relance durable» du tourisme. Sur ce, il a ainsi insisté sur la mise en œuvre des programmes de développement de ce secteur en relevant sa «place prioritaire dans la consolidation de notre économie et l’émergence du Sénégal». Dans cette lancée, Macky Sall a demandé au gouvernement «d’asseoir la relance durable de la destination Sénégal, à travers l’accélération des aménagements touristiques et l’exécution dans les délais retenus, de l’ensemble des projets publics et privés validés et soutenus avec les financements mobilisés notamment du crédit hôtelier ainsi que les mesures administratives et fiscales hardies arrêtées, depuis 2014 lors du lancement de la saison touristique à Saly». Aussi a-t-il rappelé au gouvernement «l’impératif d’assurer la mise en place de tout le dispositif incitatif nécessaire à l’émergence effective de la région naturelle de Casamance en Zone touristique d’intérêt national.»
 
Seulement, entre la suppression de l’Agence nationale de la promotion touristique puis la création plus tard de l’Agence sénégalaise de promotion touristique, en passant par l’instauration du visa d’entrée au Sénégal suivie de sa suspension également, et les directives pour un tourisme durable…, le secteur semble toujours à la chercher de la bonne formule. D’ailleurs, pour l’attractivité de la destination Sénégal, c’est la énième fois que les présidents de la République, de Me Abdoulaye Wade à Macky Sall, annoncent d’importantes mesures, après avoir sous estimé les potentialités du secteur dès leur accession à la magistrature suprême. En attestent les premiers actes que ces derniers ont posé, chacun à l’entame de son magistère, avant de revenir à de meilleurs sentiments sous la pressions des acteurs.
 
DES YOYOS DES AUTORITES PREJUDICIABLES AU SECTEUR DU TOURISME
 
A titre d’exemple, il faut rappeler que dès son accession à la magistrature suprême, Macky Sall, en quelque sorte  a «voulu tuer» le tourisme. Pour cause, dans son objectif de «rationaliser» les dépenses publiques, disait-il, il a supprimé bon nombres de structures dont l’Agence nationale de promotion touristique (Anpt). Une décision qui a mis les acteurs touristiques dans tous leurs états, l’accusant de vouloir rendre inerte le secteur. Et, face à la détermination des professionnels du tourisme qui ne voulaient nullement entendre parler de la disparition de l’Anpt, Macky Sall ressuscite l’Agence sénégalaise de promotion touristique (Aspr), née des cendres de l’Anpt.
Et, en 2013, le président de la République lance le visa d’entrée au Sénégal pour tous. Ce qui n’est pas sans conséquence pour le secteur. Suffisant pour que les acteurs touristiques mènent la bataille contre la décision qu’ils qualifient de facteur bloquant du tourisme. Une mobilisation qui a également obligé Macky Sall à supprimer, en mai 2015, cette réciprocité des visas qui était adoptée «sans concertation» avec les professionnels du secteur du tourisme.
 
Auparavant, «la parafiscalité sur le billet d’avion» aura été «réduite de 50%, pour baisser le prix du billet». L’annonce a été faite en 2014, lors du lancement du Pôle économique de Casamance. Face à l’engagement des professionnels du tourisme, Macky Sall décide de les accompagner en prenant de nouvelles mesures pour la relance du secteur. Il procède ainsi à  Mbour, au lancement du Projet de développement du tourisme et des entreprises. «Ce projet constitue un adjuvant économique décisif à travers notamment l’ouverture d’une station balnéaire le long de la Petite Côte et la modernisation de la ville touristique».
 
Il faut aussi relever que le président Sall n’est pas le seul à se tromper sur l’apport du tourisme à l’économie nationale. Son prédécesseur, Me Abdoulaye Wade, dans l’euphorie de l’alternance de 2000, avait pendant un certain temps mis en veilleuse ou presque le tourisme. Toutefois, Me Wade se ressaisira, face à la pression des acteurs touristiques, et finira par nourrir des ambitions pour le développement du secteur avec la création de l’Anpt pour mieux tirer profit du tourisme qui, jusque-là, constitue la deuxième source de rentrée de devises au Sénégal, après la pêche. Ce que le président Abdou Diouf avait bien compris en misant sur le secteur.
 
DECADENCE DU SECTEUR DU TOURISME : Ces remèdes de Macky  Sall  
 
Deuxième source de devise de l’économie du Sénégal après la pèche, le secteur du tourisme a perdu son lustre d’antan. En effet ce secteur à lui seul contribuait à hauteur de 7% dans le Produit intérieur brut (PIB) du Sénégal. Suffisant pour que le président Macky Sall propose la relance durable du secteur, pour permettre au tourisme de retrouver sa place dans l’économie Sénégalaise. Ainsi, avec une enveloppe de 74 millions de dollars octroyée  par la banque mondiale, le chef de l’Etat veut ainsi  relever les défis  majeurs  auxquels est confronté le secteur. Une relance qui doit passer par l’unité des acteurs, avec comme objectif d’accroitre les investissements privés dans le secteur. Mais aussi de renforcer le développement durable du secteur touristique afin de le repositionner et de renforcer la destination Sénégal à travers le développement d’une industrie touristique diversifiée. Ce projet vise également à améliorer l’environnement local des affaires, à favoriser un meilleur accès au marché de l’exploitation par les Petites et moyennes entreprises (Pme). C’est en ce sens que des travaux de protection, de réalisation et d’entretien  ont été réalisés au niveau des plages de Saly et de Saly Niakh Niakhal, afin d’améliorer la préservation des infrastructures hôtelières, en proie à l’érosion côtière.
 
Toujours pour appuyer ce secteur qui enregistre 70% de femmes et 21% de jeunes, une enveloppe de 40 milliards de francs Cfa est  dégagée pour financer le Projet de développement du tourisme et des entreprises (Pdte). Cette relance que propose le chef de l’Etat fait suite aux mesures incitatives prises en 2013-2014, relative à la baisse des redevances aéroportuaires, de la suppression du visa au Sénégal, du crédit hôtelier entre autres, ainsi que l’adoption d’une loi sur le statut fiscal des entreprises. Il est aussi prévu dans cette relance du secteur touristique, la mise en place d’une plateforme locale d’investissement à Saint louis, Saly et Ziguinchor. Selon le président Macky Sall, «notre pays qui dispose de 700 km de façade, doit s’engager résolument dans la lutte contre la dégradation de nos côtes qui constituent une ressource phare du tourisme balnéaire». Il exhorte ainsi l’entreprise «adjudicataire Van Oord à réaliser les travaux dans le respect des délais contractuels afin de redonner un souffle nouveau à la station de Saly, fleuron de l’industrie touristique Sénégalaise». Non sans rappeler les importantes mesures prises par son gouvernement dans le but de favoriser une véritable relance du secteur.
 
SAINT-LOUIS Le poids de l'insalubrité
 
La relance du secteur touristique au Sénégal, prônée récemment par le Chef de l'État Macky Sall, semble être concrète au niveau de la ville tricentenaire où plusieurs projets sont déjà en vus. À Saint-Louis, comme partout ailleurs, le Tourisme constitue un fort potentiel économique en ce sens qu'il contribue à résorber le taux du chômage par la création d'emplois, à lutter contre la pauvreté et à promouvoir la richesse culturelle de la région. Ce qui fait dire au Chef du Service Régional du Tourisme de Saint-Louis, Ousmane Ndione, que "ce secteur joue un rôle de locomotive par rapport aux autres secteurs de l'économie, à savoir l'agriculture, le commerce, l'élevage, les finances publiques, entre autres". Restée première capitale de l'Afrique Occidentale Française (AOF) jusqu'en 1902, la région de Saint-Louis est riche en histoire. Son architecture coloniale, ses monuments et sites historiques font d'elle une ville classée Patrimoine Mondial de l'UNESCO. Du Parc national des oiseaux du Djoudj aux nombreux sites naturels, historiques et culturels, en passant par l'île Saint-Louis, le Fort de Podor, etc., ce sont autant de joyaux qui constituent la richesse touristique de la ville tricentenaire. "On trouve dans cette région un tourisme de découverte, d'écotourisme entre autres", précise le Régional du Tourisme, Ousmane Ndione qui évoque quelques projets et programmes qui, une fois mis en œuvre, pourraient booster le secteur touristique dans la région de Saint-Louis. Parmi ces initiative, on peut en citer le Programme de Développement Touristique (PDT) de Saint-Louis et de sa région financé par l'Agence Française de Développement (AFD); le Crédit Hôtelier mis en place par l'État du Sénégal pour financer les promoteurs touristiques et hôteliers en tenant compte de l'équité territoriale; la réhabilitation de l'aéroport de Saint-Louis dont les travaux ont été lancés dernièrement, en décembre 2018, par le président Macky Sall et qui, une fois effective, pourra accueillir de gros avions. Il s'y ajoute aussi la rénovation et la réhabilitation de la mythique place Faidherbe qui pourra continuer à jouer son rôle historique et emblématique. Ousmane Ndione de rappeler aussi le programme de dragage et de balisage de la brèche afin de mettre un terme aux nombreux accidents de pêcheurs. Des projets et programmes qui, selon Ousmane Ndione, ont fini de constituer des aiguillons certains pour le flux d'arrivées touristiques à Saint-Louis. "Avec près de 70 établissements d'hébergement et plus de 40.000 nuitées enregistrées en fin d'année 2018, on note une tendance haussière aussi bien pour les touristes que pour les nouveaux promoteurs qui veulent investir dans des projets hôteliers", renseigne Ousmane Ndione. Toutefois, ce secteur reste malheureusement affecté par l'insalubrité qui pose toujours problème dans la ville tricentenaire. Des tas d'ordures ont fini d'envahir presque toute la ville, a déploré récemment le guide conférencier Abdoulaye Wade qui exerce cette profession depuis une vingtaine d'années. Aujourd'hui, il regrette que cette ville soit laissée en rade, avec des berges transformées en dépotoirs d'ordures. Une situation qui, si rien n'est fait, risque de finir par tuer le tourisme à Saint-Louis, prévient-il. 
 
MATAM Un riche potentiel inexploité
 
La région de Matam détient un patrimoine historique et culturel d’un potentiel diversifié et richement fourni qui devrait lui conférer une place de choix dans le développement d’un tourisme compétitif. Malheureusement ces innombrables atouts ne sont pas jusque là, pleinement exploités et attendent toujours d’être mis sur le marché touristique.
 
Pour le moment, l’existant s’articule aux faibles visites de la réserve de faune du Ferlo Nord, une réserve naturelle du Sénégal située au Sud du bassin du fleuve même nom, entre Linguère et Matam et au festival culturel de Thilogne et celui musical de Bow. Exceptée la plage sablonneuse de Navel, dans la commune de Matam, et celle de Bilbassi (jamais mises en valeur), la région ne dispose pas d’autres sites de baignade et non moins de détente avec des espaces récréatifs de loisirs. De plus, la forte attractivité du fleuve a aussi perdu de sa superbe depuis la disparition du transport fluvial avec la construction de la route du Diéri. De Saint Louis à Matam, la vallée du fleuve se profile pourtant, comme une mine d’or endormie avec ses paysages grandioses immensément riches en faune et flore où la culture exaltante des communautés reste de loin un motif de rencontre, de découverte et de dépaysement… 
 
La région de Matam est riche d’une diversité culturelle et artistique ancrée dans les traditions multiséculaires. Il existe un patrimoine culturel aux fondements très enrichis du métissage de conquêtes et de migrations anciennes. Les traditions ancestrales et le savoir faire sont encore bien conservés de génération en génération et constituent un levier du développement de la région. Matam est réputée pour l’habileté de ses artisans qui ont su garder vivantes des pratiques très anciennes. L’artisanat y est socialement organisé. Chaque catégorie sociale a ses traditions spécifiques. On peut citer les Saké (cordonniers), les Wayloubé (forgerons et bijoutiers), les Laobé (boisseliers, sculpteurs sur bois), les Maboubé (tisserands, potiers), les Soubalbé (pêcheurs), les Wambabé (Griots). La particularité de la région réside aussi dans la spécialisation de villages à des produits artisanaux transmis par génération. 
 
Ainsi le village de Ogo est spécialisé dans la sculpture et la forge, celui de Bokidiawé dans la teinture, Ndanthiadi dans la bijouterie, le village de Wassakodé Mbayla s’adonnant quant à lui, à la poterie. Mboloyel est un village de tisserands et Sinthiou Mogo un village de cordonniers. La région, avec son riche passé historique, peut se targuer d’être un véritable creuset de cultures et de civilisations renfermant d’anciens sites et monuments avec un riche patrimoine. Parmi ceux-ci, on peut citer la grande mosquée de Kobilo qui date du 17ème siècle avec son architecture Omarienne, la résidence d’El Hadji Omar Tall à Oréfondé, la résidence coloniale de Diorbivol où l’heure se lisait à partir du reflet du soleil sur un socle. En plus il y’a aussi, la mosquée de Séno Palel, le Mausolée de Abdel Kader Kane, le Mausolée de Cheikh Moussa Kamara à Ganguel, le village ancien de Sinthiou Bara, le village ancien de Ogo, le champ de bataille de Diowol dans la commune de Bokidiawé (fief de Samba Gueladio Diédji descendant de Soundiata Keïta), la bibliothèque de Cheikh Moussa Kamara à Ganguel Soulé, le bâtiment abritant la Gouvernance et le bâtiment abritant l’école 1 de Matam… Autant d’atouts sur lesquels se fondent le plan de développement touristique et culturel de la région pour doper le tourisme culturel depuis l’avènement du syndicat d’initiative et de tourisme de Matam. «La région comprend un écosystème naturel riche et varié avec de nombreux plans d’eau, des réserves de faune et de forêt. La réserve du Ferlo renferme des espèces fauniques mammalienne (gazelles à front roux, hyènes rayées, phacochères, singes rouges, hypotragues, céphalophes, etc.), aviaire (grandes outardes, grand calao d’Abyssinie, oie d’Egypte, oie de Gambie, aigle pêcheur, pintades, francolins, etc.) et de reptiles très variés et parfois rares. Il y a également la réintroduction des Oryx Dammah qui sont passés de 18 à 300 et des gazelles Dama Wohrr dans la réserve de Katané (réserve du Ferlo nord), la construction de la maison des tortues (à Ranérou) et la pratique de la chasse dans les zones amodiées», renseigne ton. Plusieurs choses qui peuvent de l’avis des techniciens du secteur «favoriser le développement de l’écotourisme, du tourisme cynégétique et du tourisme d’observation». Face à la volonté du chef de l’Etat de redynamiser le secteur, autorités et populations ne cachent pas leur espoir de voir la région s’ouvrir favorablement à l’industrie touristique. Pour selon d’aucuns, cela passe d’abord par «une redynamisation du syndicat d’initiative et une forte incitation des agences de voyages autour de l’organisation de circuits en direction de la zone. En plus d’une bonne organisation de sites d’accueil, la réhabilitation de l’aérodrome de Ourossogui tout comme l’accès des bateaux au port de Matam, dont la navigabilité reste handicapée par des lignes de la haute tension qui traverse le fleuve pour desservir la Mauritanie». 
 
ZIGUINCHOR : L’envol toujours plombé par une panoplie de contraintes
 
Des signaux favorables sont perceptibles dans le secteur du tourisme ces deux dernières années à Ziguinchor. Le climat d’accalmie qui règne en Casamance depuis quelques années, la suppression du visa touristique, la mise  à niveau de certaines infrastructures hôtelières  par l’Etat du Sénégal, l’amnistie fiscale sont entres autres mesures qui ont donné un souffle nouveau au secteur du tourisme dont le véritable envol reste quelque peu plombé par une panoplie de facteurs bloquants. Ces tares qui empêchent le secteur d’atteindre sa vitesse de croisière ont pour nom: les difficultés dans l’application de l’Amnistie fiscale pourtant annoncée par le chef de l’Etat qui veut faire de la Casamance une prioritaire de tourisme. Un pari qui est loin d’être atteint, si l’on sait que l’exonération d’impôts tarde à être effective. «La procédure est lente très lente et pour le moment on ne le ressent pas. Seul le club Med nous servira de test grandeur nature. Une mesure salvatrice certes pour attirer les investisseurs mais qui souffre de son application sur le terrain», déclare le président du Syndicat d’initiative du tourisme en Casamance, Augustin Diatta qui se satisfait toutefois du flux de touristes qui fréquentent la région. Mais la prolifération des résidences reste une véritable plaie béante dans ce secteur qui a beaucoup souffert de l’enclavement de la région. L’inauguration prochaine du pont sur le Fleuve Gambie sonne comme un grand soulagement pour les acteurs qui espèrent que la fréquentation des touristes pourra s’accentuer. «Des touristes qui viennent en Casamance par la route  seront départis des longues heures d’attentes qu’ils effectuaient au bac de Farafenni, en Gambie. Ils pourront désormais, ces touristes, quitter les cités balnéaires de Saly Portudal à Mbour et les îles du Saloum pour rallier directement les stations balnéaires du  Cap-Skiring de Kafountine et de Abéné», se réjouit M. Diatta. Dans une phase de renaissance, le tourisme dans la région attend une bonne politique de promotion de la destination Casamance sortie depuis de la zone rouge dans laquelle elle avait été plongée à cause des soubresauts de la crise qui a sévi ici. La desserte maritime renforcée par l’arrivée de deux nouveaux navires (même si l’un des bateaux est à quai depuis bientôt deux ans), la desserte aérienne régulière et forte de 4 vols quotidiens: deux le matin et deux l’après midi, le secteur du tourisme attend de renouer avec les moments glorieux qui l’avaient marqué il y a des décennies derrière. Les potentialités culturelles de la région, appliquées aux richesses traditionnelles que regorge la région sont autant d’atouts qui peuvent booster le secteur.  Et les autorités doivent être beaucoup plus regardantes sur les autres facettes du tourisme comme l’artisanat mal en point. D’ailleurs, le chef de l’Etat, lors de sa dernière visite, avait réitéré sa volonté de faire de la région une zone prioritaire de tourisme. Une décision ou vœu qui attend de se concrétiser sur le terrain. Et la renaissance du secteur risque de prendre du temps tellement la mise en œuvre des mesures prises pour sa relance traîne. 
 
MBOUR :  Des maux en plus de l’érosion côtière
 
Des  espoirs  nourris commencent à s’estomper au niveau de la Petite Côte par rapport aux mesures de relance du secteur du tourisme. Une batterie de mesures initiées et instruites par les autorités gouvernementales tarde à se concrétiser. Et pour cause, des maux autres que l’érosion côtière, continuent de faire de la résistance.
 
 La station balnéaire de Saly-Portudal a fini de faire son temps et se trouve au centre d’une problématique par rapport à son statut après une trentaine d’années d’exploitation. La station balnéaire de Pointe-Sarrène est dans l’attente de ses premiers investisseurs. Pourtant des travaux de terrassement et de viabilisation divers, restent visibles sur le site de Pointe-Sarrène. Beaucoup de jeunes de la commune de Malicounda tournés vers les métiers du tourisme  anticipent en se formant dans les métiers du tourisme. La fermeture du Domaine de Nianing et le non démarrage des travaux du réceptif Saraba exClub Aldiana tardent. Annoncés en grande pompe, ils laissent place à des attentes vaines. JoalFinio continue d’être le centre de prédilection des jeunes de ce terroir pensant trouver une place au soleil avec l’installation de chaînes hôtelières sur ce site. Le crédit hôtelier dans la petite côte a fait des élus heureux dans des affaires mais laisse des petits promoteurs livrés à eux-mêmes sans la possibilité de mieux booster leurs activités. Certains professionnels du secteur ne cachent pas leur amertume dans le déroulement des travaux de lutte contre l’érosion côtière pour le retour des plages, un des intrants de taille pour le marketing touristique. Si certains saluent les mesures gouvernementales de prendre le taureau par les cornes et d’en finir avec l’avancée de la mer ; d’autres professionnels veulent que la basse saison soit mise à profit pour ces travaux dans le but de ne pas perturber la clientèle présente. Des personnes interrogées pensent encore à la promotion de la diversification du produit touristique pour pallier à l’attente des solutions contre l’érosion côtière. L’exploitation du patrimoine sous toutes ses formes reste une ouverture. 
 
TOURISME A KOLDA ET AU FOULADOU : Un malade chronique
 
 Une région aux potentialités cynégétiques (chasse), culturelle encore sous exploité pour le tourisme, Kolda et le Fouladou sont encore loin d’être une destination (privilégié) pour les touristes qui viennent visiter notre pays. Faute de promotion, absence de cadre car la région dépend toujours de Ziguinchor, mais aussi un manque d’organisation des acteurs évoluant en freelances, incapables souvent d’aller dans les grands salons (du tourisme), Kolda se cherche encore. Explications !
 
Il est difficile d’avoir les derniers chiffres sur le tourisme à Kolda et le Fouladou. Et pour cause, le Service régional du Tourisme est toujours à Ziguinchor, avec comme seul agent son chef de service qui gère toute l’ancienne région naturelle de Casamance aujourd’hui scindée en trois entités que sont Ziguinchor, Kolda et Sédhiou. Présentement, madame la chef de service est en congé, nous dit-on. Sur place à Kolda, il suffit de jeter un coup d’œil pour voire les difficultés d’un secteur malade chronique. Le tourisme au Fouladou se résume simplement au séjour de quelques vieux chasseurs venus souvent de la France. Kolda est, en effet, une région encore propice au tourisme cynégétique. La chasse est encore possible au Fouladou, même si la désertification menace chaque jour un peu plus la survie des animaux. En effet, la forêt cède à la clairière et les mares tarissent du fait de l’ensablement. Et aucun programme de revitalisation des mares n’est encore fonctionnel pour permettre aux animaux de trouver des points d’eau pour s’abreuver et résister durant la longue saison sèche. Rendant ainsi compliquer toute chasse. Notamment pour le phacochère qui aime beaucoup l’eau et attire beaucoup de touristes. Autres contraintes à la relance et la promotion du tourisme au Fouladou, l’enclavement et l’insuffisance de la capacité d’accueil. Aujourd’hui, des efforts sont faits notamment avec les routes comme la nationale n°6 (RN6) Kolda-Ziguinchor (la route du Sud) totalement goudronnée. Deux vols par semaine d’une compagnie aérienne commerciale aident aussi à la connexion de Kolda. La sécurité de la région pouvait être aussi un atout. Il s’y ajoute des contraintes comme l’insuffisance de capacité d’accueil, malgré la construction récemment de deux nouveaux hôtels à Kolda commune, le manque d’organisation des acteurs: le Syndicat d’initiative touristique, maillon essentiellement pour la promotion du secteur, n’existe que de nom depuis belle lurette. 
 
TOURISME RELIGIEUX ET TOURISME DE SANTE… : Ces perspectives et potentialités Inexploitées
 
Pour la relance du secteur touristique au Sénégal, l’Etat veut  également s’appuyer sur le tourisme religieux au niveau de certaines localités du pays, à l’instar des villes comme Médine, Jérusalem et Rome. Aujourd’hui dans des régions comme Kaolack et Thiès Dioubel, Dakar, la Casamance, Kédougou, le Fouta, etc., pourraient développer ce type  de  tourisme qui n’est pas encore expérimenté d’une façon significative dans notre pays, en dépit des énormes potentialités, en dehors des nombreux événements religieux organisés chaque année. 
 
En effet, les régions de Kaolack,  de Thiès et de Diourbel accueillent lors de la célébration des événements religieux (Gamou, Magal) des hôtes qui viennent des régions intérieures, de pays africains, d’Europe, des Etats-Unis ou d’Asie. Certes même si ces évènements qui draine chaque année des milliers voire million de pèlerins musulmans ne peuvent guère être considéré comme du tourisme religieux à l’heure actuelle, force est de constater que de nombreux visiteurs étrangers se rendent également dans ces cités religieuses pour contempler les grandes mosquées ou les mausolées des illustres chefs religieux comme celui de Cheikh Ahmadou Bamba...
 
Toujours dans ce domaine, parmi les lieux de pèlerinage catholiques, le sanctuaire Notre-Dame de la Délivrande de Popenguine et le petit séminaire Saint-Joseph de Ngazobil, sont aussi autant de sites plus connus et à promouvoir. La cathédrale de Dakar, l’église de Fadiouth et surtout l’abbaye des moines de Keur Moussa, célèbre pour ses messes dominicales chantées, accompagnées à la kora, sont très prisées des voyageurs.
En outre, les rites d’initiation et cérémonies animistes chez les Diolas de Casamance, chez les Bédiks ou les Bassaris dans le Sud-est du pays, peuvent également susciter un intérêt grandissant si les voyagistes les proposent dans leurs catalogues. Toutefois, à charge pour les autorités de résoudre les difficultés d’accès des zones où se tiennent ces rituels. 
Dans un autre registre, faire de Dakar un hub médical à l’exemple de l’Inde, la Turquie et les pays du Nord. Voilà un autre projet que le Sénégal et ses partenaires ambitionnent de réaliser pour faire de notre pays une destination de tourisme médical au niveau de la sous-région et même au-delà. 
Cette idée émise  pourrait non seulement permettre aux populations de disposer de structures de soins de qualité mais aussi de mettre fin aux évacuations sanitaires onéreuses vers l’Europe et vers d’autres pays du Maghreb. Le Sénégal connait une certaine avance dans la sous-région avec son plateau technique qui est le plus solide par rapport à beaucoup de ses voisins. Il est donc dans la bonne voie pour devenir un pays de destination médicale, avec l’appui de ses partenaires. 
Autant de créneaux et atouts qui, une fois bien mis en valeur, contribueraient à contenir les difficultés sous lesquelles croule l’industrie touristique nationale et, par ricochet, faire aussi face à la concurrence de nouvelles destinations telles que la Mauritanie ou les îles du Cap-Vert.
 
LE CREDIT HOTELIER ET TOURISTIQUE : Un instrument pour booster le secteur  
 
Après la réduction des taxes, l’exonération fiscale en Casamance, la suppression du visa d’entrée, l’Etat a instauré, en 2016, le crédit hôtelier et touristique. Un outil qui est venu  à point nommé, face à la crise que traversait ce secteur ces dernières années. Selon les services du ministère du Tourisme, ce nouvel instrument placé au cœur de la Stratégie de développement du secteur du tourisme, telle que déclinée dans le Plan Sénégal émergent, avec l’ambition réaffirmée de faire du Sénégal une destination touristique de référence. 

Ce crédit a pour objectif, de mieux valoriser le potentiel touristique des localités du Sénégal, à travers le relèvement du niveau de qualité des services et la mise en place de nouveaux produits adaptés aux nouvelles réalités économiques. Dans sa configuration, ce crédit hôtelier ambitionne de renforcer Dakar comme ville de tourisme d’affaires, soutenue par le développement du City Trip autour de nouveaux circuits thématiques. Mais aussi, entre autres, de soutenir la requalification de l’offre touristique à Saly et sur la Petite Côte; développer l’offre de services dans l’écotourisme au Delta du Saloum et dans le Sénégal Oriental. 

Mariame DJIGO, Aïssatou DIOP, Yves TENDENG, Pape Moctar NDIAYE,  Ignace NDEYE, Samba Niébé BA, Abdou DIAO, Ndèye Aminata CISSE

 

source: http://www.sudonline.sn/soif-d-une-nouvelle-identite_a_42533.html