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Pour avoir critiqué ouvertement sa politique monétaire, la BCEAO réclame la tête du ministre auprès de la Présidence de la République du Togo, Chargé de la Prospective et de l’Evaluation des Politiques Publiques, le Pr Kako NubupKo. Mais, ce dernier n’est nullement ébranlé. Il persiste et signe, estimant que la “La politique monétaire est une politique publique comme une autre”.  

“Nul, et surtout pas le gouverneur de la BCEAO, ne devrait interdire le débat dont la monnaie, est gérée”, a déclaré le ministre togolais que nous avons interpellé via un courriel électronique.

 

Et Pr Kako NubupKo d’ajouter : “La BCEAO est le produit d’une délégation de la souveraineté des Etats membres de l’UEMOA. En aucun cas, elle ne peut intimer l’ordre à un ministre d’un Etat souverain de se taire, encore moins suggérer fortement à un Chef d’Etat de sanctionner un de ses ministres au motif qu’il se serait exprimé sur les orientations de la politique monétaire de l’Union». 
 
Agrégé des Facultés de Sciences Economiques, Kako Nubukpo a été, rappelle-t-on, Chef du Pôle « Analyse Economique et Recherche » de la Commission de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) à Ouagadougou. 
 
De janvier 2012 à octobre 2013, il a été Directeur Exécutif du Centre Autonome d’Etudes et de Renforcement de Capacités pour le Développement au Togo (CADERDT), centre de recherches de l’African Capacity Building Foundation (ACBF).
 
Ce qui lui fait dire que «Tout citoyen de notre Union a le droit, sinon lle devoir, de se renseigner, de s’informer, de donner son point de vue, sur les orientations des politiques publiques censées régir sa vie quotidienne». 
 
«La politique monétaire est une politique publique comme une autre, elle ne devrait pas bénéficier d’un statut privilégié, d’une immunité particulière. Nul, et surtout pas le gouverneur de la BCEAO, qui n’est là que parce que les Chefs d’Etat de l’UEMOA l’ont nommé, ne devrait interdire le débat relatif à la manière dont la monnaie, qui est par essence un instrument de souveraineté, est gérée, au regard notamment de la grande pauvreté des populations de l’espace UEMOA», souligne-t-il, parce que selon lui, «il y va du contrôle citoyen de l’action publique.» 
 
Pr Kako NubupKo a également tenu à relever un second point. «Dans le contexte mondial actuel, dira-t-il, la plupart des banques centrales (Japon, USA, Europe) ont opté pour des politiques monétaires dites « non conventionnelles », fondées sur l’assouplissement du crédit (Quantitative Easing) afin de privilégier l’obtention d’une croissance forte, susceptible de sauver l’économie mondiale de la récession, au détriment potentiel de la stabilité des prix». 
«Cette orientation volontariste (d’inspiration néo-keynésienne) dont le chantre est la Banque Centrale Américaine (la FED), poursuit-il, vient de recevoir l’aval de la Banque Centrale Européenne (la BCE), puisqu’en janvier 2015, le gouverneur de cette dernière, Mario DRAGHI, a annoncé l’injection de 60 milliards d’Euros chaque mois pour acheter des titres d’Etats de la zone Euro et ce, jusqu’en septembre 2016 au minimum». 
 
Par conséquent déclare-t-il, «Il est impératif que la BCEAO, qui n’a pas d’objectif de croissance explicite dans ses statuts, fasse son aggiornamento, et accepte de privilégier l’obtention d’une croissance forte, créatrice d’emplois, au lieu de s’arcbouter sur la lutte contre l’inflation, objectif d’autant moins pertinent que la zone UEMOA est actuellement en déflation (le taux d’inflation en 2014 dans l’UEMOA est -0,2% (chiffre de la BCEAO).”
 
source: http://www.sudonline.sn/-la-politique-mon%C3%89taire-est-une-politique-publique-comme-une-autre%E2%80%9D_a_24457.html