Marchés et Production
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René Capain Bassène, journaliste, observateur de la crise en Casamance et auteur du premier livre sur l’Abbé Augustin Diamacoune Senghor vient jeter un coup de projecteur sur la polémique entretenue depuis quelques semaines, dans ce qui est convenu d’appeler : «César Atoute Badiate et les pistes de production de la Casamance.» Pour cet observateur, très au fait du conflit casamançais, les vraies raisons du refus catégorique de César Atoute Badiate, de laisser construire des pistes de production et de laisser poursuivre les opérations de déminage en Casamance ne sont pas dites. Lui, qui dit bien connaître ces raisons, nous les livre dans cet entretien, qu’il a accordé au journal Le Quotidien, hier. 

Quelle lecture faites vous du refus catégorique de César Atoute Badiate, de laisser construire des pistes de production ainsi que de refuser la poursuite des opérations de déminage en Casamance ?
Il y a eu beaucoup de supputations autour de ce sujet. Mais ce que je  peux dire à cet effet, est que César Atoute Badiate n’a pas opposé un refus catégorique à la construction des pistes et à la poursuite des opérations de déminage. Il a seulement posé des conditions préalables et dont certaines sont assez difficilement acceptables et réalisables. A tous les acteurs qui ont été le rencontrer à ce propos, il leur a servi des réponses invariables, que je considère comme les principaux et réels fondements de sa décision. César Atoute Badiate a dit ceci : «Le processus de paix n’a pas encore atteint un degré où nous pouvons accepter la construction d’infrastructures dans certaines localités proches de la frontière. Ces pistes ne pourront pas être construites, tant qu’il n’y a pas d’accords de paix signés ou d’engagements pris par l’Etat du Sénégal, sur la question de libre circulation des personnes et des biens, tant que l’Armée garde toujours ses positions tout le long de ces mêmes pistes jusqu’à la frontière. Cette présence de l’Armée témoigne que nous ne sommes pas à la fin du conflit. Et la construction de ces pistes va leur donner une facilité de déplacement ce qui pourrait nous fragiliser. Cela représente  également  un danger pour les populations qui vont se retrouver entre deux feux à savoir en amont la présence de l’Armée et en aval celle de nous autres combattants. Qu’adviendra t-il pour elles en cas de reprise des hostilités ? A coup sûr, des mines seront posées par chaque camp au niveau de ces pistes en cas d’affrontements pour bloquer la progression de l’ennemi ? Qui en sera le responsable, si elles font des victimes civiles ? Dans ce cas, à quoi serviraient les financements ayant abouti à la construction de ces pistes ? Que deviendront ces pauvres populations ? Ne seront-elles pas contraintes à s’exiler à nouveau ?» Voilà exactement ce qu’il a répondu à tous ces gens qui sont venus lui parler de son refus de laisser passer les pistes de production dans ses bases. 
Pour ce qui est du déminage, le discours est le suivant et je le cite toujours : «Les opérations de déminage ont atteint la limite accordée et que le Mfdc a baptisé ligne rouge. Elles ne pourront plus continuer tant qu’il n’y a pas d’accords de paix, parce qu’en cas de reprise des hostilités, nous autres combattants mais également l’Armée, seront amenés pour assurer notre protection contre l’ennemi, à poser des mines sur des terrains déjà déminés. Ce qui réduirait comme peau de chagrin, tous les financements et efforts fournis dans le déminage. Vous voyez que je ne suis donc pas contre les projets de développement en Casa­mance. Les gens ont mal interprété mes propos. Je crois qu’à l’état actuel de la situation, on ne peut pas entreprendre des actions de développement dans certaines localités sans discussions ni engagements préalables de la part des parties en conflit. Par contre, nous encourageons les bailleurs à investir dans les zones plus stables où les populations sont sur place et où il y a encore un immense besoin en construction de pistes de production.»
Vous, qui êtes très au fait de ce conflit, comment trouvez-vous les positions plus ou moins radicales de César Atoute Badiate ?
Pour ma part, je ne vois honnêtement pas l’urgence de construire les pistes, dont il est question, parce que pour la plupart, elles traversent des localités où les populations pour la grande majorité sont encore réfugiées ou déplacées. En attendant que le processus ne connaisse une évolution, je suis d’accord avec ceux qui souhaitent que les bailleurs réorientent leurs projets vers d’autres localités moins problématiques au grand bénéfice des populations.
Que préconiseriez-vous alors comme solution à cette situation ?
Je ne peux que demander aux acteurs impliqués dans la recherche de la paix en Casamance de privilégier le dialogue pour ce qui concerne ce problème des pistes et de tout faire pour préserver au mieux, cette précaire accalmie que nous sommes en train de vivre, depuis quelques années. Je tiens à préciser sous le rapport de cette accalmie, qu’elle n’est le fruit d’une quelconque médiation ou d’un quelconque accord de paix entre les parties en conflit. Cela, en attendant que les deux parties s’engagent dans des négociations afin de sortir la Casamance de cette situation de ni guerre ni paix. Ce qui permettra d’entreprendre sans contrainte, toute action de développement.

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SOURCE:http://www.lequotidien.sn/index.php/component/k2/item/32272-ren%C3%A9-capain-bass%C3%A8ne-%C3%A9crivain-et-observateur-du-conflit-casaman%C3%A7ais--la-v%C3%A9rit%C3%A9-sur-la-d%C3%A9cision-de-c%C3%A9sar-de-ne-pas-laisser-passer-les-pistes-de-production