Mali
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Plus de quarante djihadistes d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et ses affidés ont été tués dans le nord du Mali par les forces françaises, a annoncé, jeudi 20 mars, le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian. Selon nos informations, ce bilan, qui s'inscrit dans le cadre de la lutte antiterroriste engagée par la France au Sahel, a été obtenu ces trois dernières semaines. Parmi les djihadistes ciblés lors de ces opérations figurent quelques « têtes d'affiche », dont Abdelwaheb Al-Harrachi, désigné comme le successeur d'Abou Zeid, l'un des principaux chefs d'AQMI, après la mort de ce dernier en février 2013.

Placée sous une bulle de surveillance franco-américaine depuis le déclenchement de l'opération « Serval », début 2013, et ratissée au sol par les forces spéciales et l'armée française, la région continue de voir transiter de nombreux groupes combattants. Il s'agit « de petits groupes », au mode d'action « léger », selon les analyses de la défense, groupes qui « tentent de reconstituer un potentiel militaire ». Les opérations antiterroristes poursuivent deux cibles prioritaires : AQMI et Al-Mourabitoune, né de la fusion en août 2013 des forces de Mokhtar Belmokhtar, figure issue des rangs d'AQMI, et du Mouvement pour l'unicité et la jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Al-Mourabitoune a été particulièrement touché par les dernières opérations. Un de ses porte-parole, Assem Al-Hajar, a été tué. Hassan Ould Al-Khalil, nommé aussi Jelebib, l'homme de confiance de Mokhtar Belmokhtar, avait déjà été tué par « Serval » fin novembre 2013.

DÉMANTELER LES KATIBAS

Depuis début mars, deux opérations successives ont de nouveau permis d'éliminer des cadres importants de la nébuleuse djihadiste. Le ministre de la défense a confirmé jeudi la mort d'Omar Ould Hamaha, un Arabe malien surnommé « Barbe rouge ». Né en juillet 1963 à Kidal, il était l'un des chefs djihadistes les plus en vue au nord du Mali et l'un des plus recherchés. Selon les services de renseignement, cet homme appartenant à l'ethnie bérabiche serait le beau-père de Mokhtar Belmokhtar. Il était lié, depuis peu, à Ansar Al-Charia.

Al-Harrachi, le successeur d'Abou Zeid, a quant à lui été tué dans l'opération menée dans la nuit du 5 mars, à l'aide de drones et de frappes de Mirage 2000. Paris ne donne pour l'heure pas d'information sur Abou Said Al-Djazaïri, un spécialiste des transmissions, également proche d'Abou Zeid.

Un autre cadre important de la région, Abou Dardah, s'est pour sa part rendu aux forces françaises, avant d'être remis aux autorités maliennes le 15 mars. Sous l'étiquette du Mujao, il a régné sur la commune de Douentza, dans la région de Mopti. Toujours équipé d'une ceinture d'explosifs, il était connu pour ravitailler les groupes de Tombouctou en armes.

Un autre pilier malien du Mujao, Aliou Mahamar Touré, avait déjà été arrêté. Ce dernier, ainsi que « Barbe rouge » et Abou Dardah, faisait partie de la liste des six djihadistes recherchés lors de l'opération « Hydre », déclenchée en novembre 2013. La moitié a donc été mise hors d'état de nuire.

L'objectif des forces françaises, qui disent travailler en collaboration avec les commandements américains des forces spéciales (Socom) et de l'Afrique (Africom), est clairement de démanteler les katibas, les brigades de combattants, en frappant leur tête. Depuis un an, les bases principales, logistiques ou de commandement, des groupes djihadistes ont été détruites. Mais il n'est pas exclu que des caches anciennes n'aient pas encore été trouvées, y compris dans l'Amettetaï, le coeur du sanctuaire d'AQMI dans le massif des Ifoghas, et de nouveau points de stockage de matériel ou d'armes sont régulièrement visés.

SIGNES DE PRÉPARATION D'ATTENTATS À LA VOITURE PIÉGÉE

Les unités classiques de « Serval » sont donc chargées de déclencher des opérations pour déstabiliser ces flux logistiques, tandis que les forces spéciales et la DGSE opèrent contre les cadres des groupes. Qualifiés de « furtifs », ces groupes tentent toujours d'acheminer de l'armement lourd vers le nord du Mali. En témoigne la découverte récente d'un système sol-air, même si celui-ci était défectueux.

Plus inquiétant : des artificiers d'Al-Qaida, venus du Yémen voire du Pakistan, bénéficient de l'aide des Chabab somaliens avant de parvenir jusqu'aux frontières du Mali et du Niger après avoir traversé l'est du continent. Des signes de préparation d'attentats à la voiture piégée ont été repérés.

Surtout, des chefs djihadistes échappent encore à la traque. C'est le cas de Mokhtar Belmokhtar, devenu l'ennemi numéro un depuis la sanglante prise d'otages qu'il a dirigée, en janvier 2013, sur le site gazier du sud algérien de Tigantourine, près d'In Amenas, mais aussi de Djamel Okacha, alias Yahia Abou Al-Hammam, émir d'AQMI au Sahel, ou bien encore d'Abdelkrim Al-Targui. Le Touareg le plus connu d'AQMI, apparenté à Iyad ag Ghali, l'islamiste d'Ansar Eddine, est notamment soupçonné d'avoir tué l'otage français Michel Germaneau en juillet 2010.

En parallèle, depuis le 11 mars, les forces algériennes ont éliminé huit djihadistes dans le nord de l'Algérie, où se trouve la direction d'AQMI. L'un des conseillers militaires d'Abdelmalek Droukdal, l'émir d'AQMI, aurait été tué lors de ces opérations sans coordination avec celles menées par la France au Sahel. 

source: http://www.lemonde.fr/international/article/2014/03/21/plus-de-40-djihadistes-ont-ete-tues-dans-le-nord-du-mali-par-les-forces-francaises_4387226_3210.html