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[CONTRIBUTION] Une constitution digne et un Sénégal en crise de voix de notoriété

soirée dansanteLes événements que nous vivons actuellement au Sénégal doivent pousser à la réflexion ceux qui ont la chance et le privilège de faire régulièrement entendre leurs voix et qui se veulent des régulateurs sociaux porteurs de messages qui contribuent à la consolidation du vivre ensemble, de la cohésion sociale et d’un destin commun.

Je retiens trois éléments significatifs à partir de ces événements


1 - La constitution est la grande gagnante. La constitution a gagné et a retrouvé ses lettres de noblesse. Les différentes réactions du peuple, de l’opposition et même du pouvoir nous réalignent sur des comportements qui redonnent de la dignité à la constitution. Il est affirmé que la constitution est l’âme d’un peuple et ses modifications importantes ne doivent pas se faire dans la précipitation et la non concertation. Je crois que nous allons en tirer une leçon démocratique importante: modifier et interpréter la constitution sont des actes majeurs qui nécessitent de l’éthique, de la raison, de l’objectivité, de l’anticipation sur les conséquences dans le futur et surtout de la sagesse. La constitution est l’ossature d’un État et elle ne peut être à la merci des jeux partisans et des intérêts personnels. 
Le député qui souvent était la risée du peuple retrouve aussi sa dignité. Le rôle des députés vient d’être valorisé et nous avons assisté à un moment démocratique d’affirmation de la séparation des pouvoirs. Le Sénégal a avancé dans sa démocratie et dans la sagesse dans la gestion du pays.
Il faut saluer la hauteur et la retenue du Président de la république, Maître Abdoulaye Wade, qui, en retirant son projet, a su privilégier la paix sociale et l’écoute. Sa sagesse politique a évité au peuple sénégalais les scènes tragiques vécues en Égypte, en Tunisie, en Syrie, au Yémen, en Lybie et en Côte d’Ivoire. Un autre fait à retenir est que le peuple sénégalais sait aujourd’hui qu’il peut poser des limites à la volonté des dirigeants.

2 - Un deuxième constat à tirer de ces événements renvoie à la distinction de deux personnalités religieuses comme modèles de régulateurs sociaux religieux. Du côté du pouvoir, du côté de l’opposition, du côté de la société civile et de la population en général, les noms du Cardinal Théodore Adrien Sarr et de feu Serigne Abdou Aziz Sy Dabakh ont été plusieurs fois évoqués comme modèles à imiter. On les a identifiés comme les modèles de leaders religieux porteurs de discours de vérité, de discours d’alerte autant à l’endroit du pouvoir qu’à l’endroit du peuple. Ils ont été identifiés comme des régulateurs sociaux non soumis au pouvoir de l’argent et soucieux avant tout de promouvoir la justice sociale et le dialogue.
Aujourd’hui, nous, les leaders religieux musulmans de ce pays, contemporains des événements que nous venons de vivre, nous devons nous interroger sur l’indifférence que nous suscitons dans la population comme régulateurs sociaux. Nous n’avons plus l’écoute pour calmer les esprits, favoriser le dialogue et éviter les débordements.
Nous sommes en rupture avec les interrogations réelles des citoyens qui demandent autant le salut dans l’au-delà qu’ici sur terre sénégalaise. Les citoyens disent souvent que nous avons un rapport complaisant et mercantile avec le pouvoir, ce qui nous empêche de lui parler vrai et franc. Le fait que feu Serigne Abdou Aziz nous manque autant aujourd’hui, en ces moments de crise, signifie que la machine de la régulation sociale ne fonctionne plus et que nous n’avons pas su incarner ce que Dabakh représentait, ce qu’il faisait, ce qu’il disait, comment il interagissait avec le pouvoir, autant de qualités qui font l’admiration de tous. En ne nous écoutant plus, la population nous dit que nous n’assumons pas le rôle qui doit être le nôtre et qui consiste à toujours mettre de l’avant la vérité et à être des vigiles de la bonne gouvernance. Le peuple nous dit que nous défendons nos intérêts personnels, nos intérêts confrériques plutôt que les intérêts de toute la collectivité. J’ai réécouté les discours de Serigne Abdou Aziz et je me suis dit que moi-même, comme plusieurs autres leaders religieux, nous devons repenser nos comportements si nous voulons servir les valeurs de justice et d’égalité prônées par l’islam et la république. L’islam et la république se rencontrent dans la défense et la promotion d’une société juste, une société de droit et de solidarité. Dabakh nous enseignait qu’un pays se gouverne par des consensus négociés et non par l’imposition d’un point de vue. Notre rôle devrait être d’aider à forger une société de dialogue, d’écoute, de saine gouvernance des biens publics et de prise en compte des besoins réels de la population. Les défis actuels et la décision importante à prendre en février 2012 nous demandent de contribuer à l’élévation de la conscience citoyenne et de la capacité à effectuer un choix libre et éclairé. Nous devons devenir des éveilleurs de conscience et non des vendeurs de votes à prix fort. Je ne soutiens pas que le leader religieux ne doit pas avoir ses préférences politiques. Cependant il ne doit pas utiliser sa position pour embrigader les esprits ou pour faire chanter le pouvoir.
La perte de poids de la parole n’est pas seulement le lot des leaders religieux. On peut soutenir la même chose en parlant des intellectuels et des politiciens. Le Sénégal semble vivre une crise de la notoriété. Comme Diogène qui en plein jour cherchait un citoyen honnête, le Sénégal semble être a la recherche de paroles de notoriété. 

3 - Ces événements indiquent également que notre pays doit renforcer la pédagogie du civisme. Nous ne devons pas accepter que la loi de la rue se substitue à la loi de la république. La force doit rester à la loi qui protège l’ordre et la sécurité des biens et des personnes. Nous devons bien sûr préserver notre droit de manifester pour attirer l’attention sur les manquements du pouvoir, mais nous ne pouvons pas tolérer que l’anarchie de la rue s’impose dans notre pays. Nous vivons aujourd’hui une surenchère de l’incivisme qui ne règle ni les problèmes économiques, ni les problèmes politiques, ni les problèmes sociaux. Cet incivisme paralyse une société. Les jeunes, s’ils aspirent au changement, doivent le faire en réprimant les passions et la haine et en s’armant de la connaissance, de la raison et de la discipline.
C’est ici aussi l’occasion pour moi de rappeler que la constitution garantit la protection de la liberté de conscience et de religion des citoyens. Il faut respecter et défendre cette liberté de religion et lorsqu’elle est menacée, l’État doit réagir. Les attaques des églises et des temples portent atteinte à notre image internationale et elles n’honorent pas notre Sénégal de tolérance religieuse et de cohabitation respectueuse de citoyens de différentes religions. Le vandalisme, le pillage, le banditisme et l’intolérance religieuse ne doivent pas prendre prétexte des événements actuels pour s’installer.

Dignité, droit, tolérance et paix pour notre Sénégal.

Par Imam Tahirou Fall, Rufisque, Sénégal, Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

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