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Le poste de président de l’Assemblée nationale, vu par le Pr Iba Der Thiam

 

Sénégal

En plus des auditions qui continuent de livrer leurs secrets, des langues se délient de plus en plus et nous en apprennent beaucoup sur la calamiteuse gestion des Wade. C’est ainsi que, dans l’édition du quotidien « Le Populaire » du lundi 10 juillet 2012, page 3, le Pr Iba Der Thiam nous explique « pourquoi le poste de (président de l’Assemblée nationale) suscite autant de convoitises ». En plus d’être un éminent professeur, M. Thiam a été, sans désemparer, député du Sénégal de mai 1993 à juillet 2012, soit 19 ans environ, dont une dizaine comme vice-président de l’Assemblée nationale, si mes souvenirs sont exacts. Personne n’aura donc le toupet, en tout pas le modeste citoyen que je suis et qui n’a jamais mis les pieds dans l’enceinte de l’auguste institution de la Place Soweto, de douter de ses explications « des convoitises que suscite actuellement (le poste de la présidence de l’Assemblée nationale) au sein de la majorité présidentielle ».

Selon le distingué professeur et député, « la présidence de l’Assemblée nationale représente la meilleure rampe de lancement pour toute personne nourrissant des ambitions personnelles ». Ce poste, ajoute l’ancien « député du peuple », « est la meilleure pour servir les ambitions de celui qui l’occupe, s’il lui arrivait d’avoir des visées sur les échéances annoncées, soit en 2017, soit en 2019, par exemple ». J’ai cité exactement, tout en ayant le vague sentiment que l’éminent professeur n’a pas tenu lesdits propos comme ils ont été transcrits. Il manquerait sûrement au moins un mot.

Pour revenir à ses explications, « le président de l’Assemblée nationale exerce sa « magistrature » et son autorité dans une institution composée de 150 élus sur lesquels son influence est toujours déterminante, en raison des moyens dont il dispose. Mais aussi de la position qu’il occupe dans le champ politique : autorité morale, leadership politique, caisse noire discrétionnaire (ëskëy !), possibilité d’assurer la promotion des députés de son choix, relations avec les groupes parlementaires, position privilégiée dans le Bureau qu’il préside, dans le choix des questions à examiner, à retarder ou à classer ». L’éminent professeur ne s’arrête pas en si bon chemin et pointe un doigt presque accusateur sur « la capacité du président à favoriser tel ou tel député dans la composition des délégations à l’extérieur, ou dans les  missions de visite sur le terrain, organisées pendant l’intersession, (ainsi que) sur le choix laissé à sa discrétion du cercle restreint des conseillers qu’il se choisit et qui l’aident dans sa tâche ».

Le « député du peuple » poursuit son sévère réquisitoire – c’en est vraiment un – en ces termes : « En tant que premier magistrat d’une institution qui doit être le siège par excellence du débat démocratique et l’émanation de la volonté populaire, il occupe, à l’heure où la diplomatie parlementaire s’affirme partout, une position qui consolide son autorité. Et met à sa disposition un ensemble de pôles et des moyens d’intervention multiformes, à partir desquels, il peut, constamment, jouer pour bâtir des réseaux nationaux et internationaux à son profit ». L’éminent professeur révèle que « le président de l’Assemblée nationale, en aidant les députés dans leur prise en charge médicale en cas de maladie grave (…), s’attire la reconnaissance des intéressés, ainsi que celle de leurs familles et alliés et dispose, ainsi, d’une clientèle disponible. » Sans compter « l’électorat qu’il peut se faire dans ses missions à l’étranger ». « Un tel rouage, conclut l’éminent vice-président de l’Assemblée nationale – il l’est encore pour quelques jours  –, a toujours été une arme redoutable pour la conquête ou la consolidation du pouvoir ».

Voilà comment l’éminent professeur et « député du peuple » explique les convoitises que suscite, dans l’actuelle majorité présidentielle, le poste de président de l’Assemblée nationale. Après lecture des propos du grand professeur, je me suis étonné qu’ils n’aient pas fait l’objet de commentaires et/ou soulevé un certain nombre de questions. En tout cas pas encore à ma connaissance. Je finirai peut-être par être convaincu que je n’apprécie pas les événements (politiques, sociaux, etc) de la même manière que nombre de mes compatriotes. Ne serai-je pas finalement seul dans mon île et ferai montre de la naïveté et de l’idéalisme que me collent certains de mes amis ? En tous les cas, je n’ai pas pu rester indifférent aux propos surprenants du grand professeur qui m’ont fait penser quand  même à un certain nombre d’interrogations.

Le « député du peuple » nous aurait-il fait les révélations que nous venons de passer en revue s’il avait été réélu le 1er juillet 2012 ? Il siège quand même à l’Assemblée nationale depuis 19 ans ! L’a-t-on entendu, une seule fois, juger aussi sévèrement le management du président de l’auguste Assemblée ? Il a quand même été  vice-président pendant au moins une dizaine d’années ! Ce n’est donc pas aujourd’hui qu’il découvre les tares et les manquements qu’il étale au grand jour ! Pourquoi s’est-il toujours tu ? Pourtant, il ne nous a pas habitués à une telle discrétion ! C’est quelqu’un dont on dit surtout qu’il a le courage de ses opinions et abhorre l’injustice ! Pourtant, il avoue pratiquement s’être fait, pendant plusieurs années, lui le « député du peuple », le complice actif des trois présidents de l’Assemblée qui se sont succédé à la tête de l’Institution depuis 1993 ! Je n’ose surtout pas croire que, pendant tout ce temps, il a joui en silence de sa part des prébendes, lui le « député du peuple » ! L’éminent professeur n’est surtout pas homme à se laisser facilement en rade et à être tenu loin des réunions  où se prennent les grandes décisions. Comme le dit le proverbe wolof, « du wuute fañuy nase ak fañuy nocce. » Pouvait-il vraiment ignorer tout ce qui se tramait dans l’institution par les différents présidents ?

La deuxième question qui m’est venue à l’esprit est celle-ci : peut-on raisonnablement reprocher aux électeurs potentiels d’avoir boudé le scrutin du 1er juillet 2012 ? Quel intérêt y aurait-il à aller voter pour des candidats-députés qui, une fois élus, se comporteraient devant le président de l’Assemblée nationale comme des esclaves devant le gros planteur portugais ou brésilien maître de la senzala ? Nous comprenons donc parfaitement aujourd’hui, pourquoi la majorité de nos compatriotes ont préféré rester chez eux plutôt que d’aller envoyer à l’Assemblée nationale des députés dont la mission pourrait se réduire à cirer les bottes de leur président, à voter des lois aussi scélérates que les lois « Ezzan » et « Sada Ndiaye », à passer le plus clair de leur temps à modifier docilement la Constitution pour des raisons proprement politiciennes et électoralistes.

Une Assemblée nationale où tout se joue entre le président et les députés de son choix, qui distribue les prébendes à la tête du client et où le peuple et ses aspirations sont très loin de faire parties des priorités ! D’une telle assemblée, on n’attend aucune valeur ajoutée en matière de renforcement de la démocratie, de contrôle de l’Exécutif et de toutes autres tâches qui devraient contribuer à améliorer le bien-être du peuple ! Nous avons beau pécher, mais Dieu ne nous punira sûrement pas davantage, en nous donnant la même assemblée. Ce serait un véritable nattu pour nous. Refusons la fatalité et mobilisons-nous, pour que l’Assemblée  qui a été élue le 1er juillet 2012 soit de loin meilleure que sa devancière ! Ce ne serait pas une grande performance d’ailleurs.

Le député Iba Der Thiam a surtout gravement mis en cause Papa Diop, Macky Sall et Mamadou Seck. Ont-ils, chacun à son tour, présidé l’Assemblée nationale comme l’a expliqué celui qui fut le vice-président à chacun d’entre eux ? Nos gouvernants ont l’habitude de s’abriter derrière un silence assourdissant, face aux accusations les plus graves. Cette fois-ci, les trois mis en cause nous doivent des explications, ne serait-ce que pour laver leur propre honneur et celui de leurs familles. Gérer l’Assemblée nationale comme l’a prétendu le « député du peuple », ce serait infiniment grave. Ce serait une trahison, une véritable forfaiture qui ne devrait pas échapper aux audits. Que les mis en cause se fassent donc rapidement entendre ! Sinon, nous serions tentés de croire légitimement que leur collègue a raison.

Les propos du Pr Thiam inspirent d’autres interrogations. Aujourd’hui, des gens travaillent, parfois au grand jour, pour l’implosion de la Coalition Bennoo Bokk Yaakaar. Le Pr Iba Der Thiam ne devrait quand même pas être de ces gens-là. Il est vrai qu’il a perdu le pouvoir et sait, ou doit savoir, en tant que croyant, que c’est Dieu qui le donne puis le retire, à Sa Seule Convenance. On ne devrait donc pas pouvoir le suspecter de ñakk ñakki. En d’autres termes, le traiter de mauvais perdant. Certains mauvais esprits pourraient penser cependant que, par ses révélations fracassantes, il cherche délibérément à aiguiser l’appétit des prétendants au poste de président de la nouvelle Assemblée nationale, pour rendre la compétition plus féroce encore, et dresser les uns contre les autres. Ceux qui ont lu attentivement l’interview (émaillée de non-dit, de demi-mots, de sous-entendus, etc.) qu’il a accordée à « L’Observateur » de ce jour, pourraient même être tentés de croire qu’il est bien de la partie, qu’il ne serait même pas loin de la posture d’un « vendeur de peinture d’iode ». L’éminent professeur est un orfèvre de la langue française qu’il manie avec une aisance remarquable. Il peut faire dire aux mots ce qu’il veut. Nous avons quand même fait l’effort, sans doute pénible, de décrypter ses propos. Il ne verrait sûrement pas d’un mauvais œil un pugilat à l’Assemblée nationale, au moment de l’élection du tout nouveau Bureau de l’Institution.

Déjà, des noms sont avancés, des noms farfelus pour brouiller les cartes. Notre pays ne peut quand pas régresser au point d’avoir à la tête de son Assemblée nationale certains individus. Pour compliquer encore plus la situation, d’autres comptent rouvrir la grosse plaie qui a coûté à Bennoo Siggil Senegaal son implosion et probablement la défaite de ses deux principaux responsables à l’élection présidentielle du 26 février 2012. Ils avancent le nom d’Ousmane Tanor Dieng pour l’opposer à Moustapha Niasse. Un autre front travaillerait le président Macky Sall et ses proches pour les convaincre de se passer de Bennoo Bokk Yaakaar. Ils seraient alors plus à l’aise, plus libres avec leur seule Coalition Macky 2012. On ferait même croire au président Sall qu’il pourrait s’appuyer sur deux lobbies pour gouverner tranquillement et se faire réélire facilement en 2017 (ou en 2019). Je ne sais rien  de l’un des lobbies (qui serait du monde du business), ne sachant même pas s’il existe. Quant à l’autre, présenté comme religieux, il est en chantier, selon certaines sources qui sont loin d’être farfelues. En tous les cas, s’il existe, il ne peut apporter aucune valeur ajoutée politique ou électorale au président Sall. Á la limite, il ne lui causera que des ennuis. Le président Sall ne pourra jamais donner autant d’argent, autant de parcelles de terrain, autant de véhicules, autant de passeports que l’ancien vieux président. Le vieux politicien et son ancien Ministre des Affaires étrangères ont déversé des milliards de francs Cfa à Touba et dans les environs. Et pourtant, que s’est-il passé le 25 mars 2012 ? Nombre de nos chefs religieux, qui ne croient plus qu’à l’argent et aux honneurs, n’ont plus la côte auprès des talibés qu’ils ne peuvent plus mobiliser. Ces derniers comprennent, finalement, qu’ils ne sont toujours que du côté du pouvoir qui distribue les prébendes.

Le président Macky Sall ne devrait donc pas facilement faire table rase du passé, d’un passé encore tout récent. Il aurait plutôt intérêt à comprendre que le meilleur choix, c’est de s’employer à mettre en œuvre la gouvernance de rupture qu’il nous a promise. Il doit surtout éviter comme la peste la détestable transhumance. Celle-ci est une honte, un déni de démocratie, une pratique honnie, malsaine, contraire à la morale, à la religion, à l’éthique, au sens de l’honneur et de la dignité. Elle renie le suffrage universel et le verdict populaire. Le 25 mars 2012, les électeurs nous ont débarrassés des Wade, de leur clan et de leur système odieux. Si le président Sall a tant soit peu de respect pour nous, il ne devrait envisager en aucun moment de faire revenir par la fenêtre les vaincus du 25 mars 2012 et, éventuellement, de reconstituer autour lui le Pds avec ses pratiques nauséabondes qui ont nous ont fait si mal.

Si j’étais des proches du président Sall, je lui conseillerais de maintenir et de consolider Bennoo Bokk Yaakaar. La situation du pays est extrêmement difficile et a besoin de nos meilleures ressources humaines pour sa reconstruction. Celles-ci sont en grand nombre dans Bennoo Bokk Yaakaar comme dans d’autres coalitions, ainsi que dans la société civile. En particulier, Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng – pour ne citer qu’eux –, ont joué un très grand rôle dans le second tour présidentiel comme lors du 1er juillet 2012. Ils ont l’avantage d’être des hommes d’État réputés, connaissant la République dans ses moindres recoins et se prévalant d’excellentes relations internationales. Ils présentent un autre avantage, celui-là de taille : ils ne seront sûrement pas candidats en 2017 (ou en 2019).  Les deux hommes sont ensuite loyaux, jusqu’à preuve du contraire ; ils ne mettront jamais des bâtons dans les roues de la gouvernance du président Sall. Je pense donc humblement, que pour l’intérêt du Sénégal, le président Macky Sall doit travailler tous les jours à renforcer son compagnonnage avec les hommes et les femmes qui composent Bennoo Bokk Yaakaar.

Avant de conclure, je ferai cette précision: je ne gagne absolument rien – personnellement tout au moins – que la Coalition Bennoo Bokk Yaakaar continue jusqu’en 2017 ou au-delà. Je ne perds rien non plus, personnellement en tout cas, quand cette Coalition éclate. Mon souhait le plus ardent serait, cependant, qu’elle survive le plus longtemps possible, pour le seul intérêt du pays. Qu’elle survive à tous les aléas, en s’appuyant sur la loyauté, la fidélité aux valeurs républicaines, la compétence, l’expérience, la bonne moralité, le mérite personnel, la sacralisation du bien public, le contrôle, la reddition des comptes, etc. Le président Macky Sall et sa Coalition nous doivent, en particulier, de nous faire oublier la détestable gouvernance des Wade et le parti sur lequel elle s’était appuyée, pour nous faire vivre un calvaire de douze ans.

Dakar le 11 juillet 2012

Mody Niang, e-mail :Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 

 

 

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