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Cqulture   Le professeur Amadou Aly Dieng n’est plus. Un brillant esprit s’en est allé. Le professeur Amadou Aly Dieng est décédé avant-hier mercredi 13 mai, à l’âge de 83 ans, à l’Hôpital général de Grand Yoff, des suites d’une maladie. La levée du corps a eu lieu hier, jeudi 14 mai, à la mosquée de Point-E suivie de l’enterrement au cimetière musulman de Yoff à Dakar.  

Universitaire pluridisciplinaire, enseignant, formateur, très dense, généreux dans le partage de connaissances, pédagogue, éminent homme de lettre (écrivain), chroniqueur etc., Amadou Aly Dieng est décédé avant-hier mercredi 13 mai, à l’âge de 83 ans, à l’Hôpital général de Grand Yoff, des suites d’une maladie. La levée du corps a eu lieu hier, jeudi 14 mai, à la mosquée de Point-E, suivie de l’enterrement au cimetière musulman de Yoff à Dakar. 

 

Ancien dirigeant de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF), Amadou Aly Dieng était un des plus grands intellectuels sénégalais contemporains, essayiste, critique littéraire. Economiste et spécialiste des questions sociales, il était un intellectuel engagé et polémiste, connu pour ses notes de lecture régulières dans des quotidiens sénégalais, notamment Sud Quotidien, où il animait la chronique hebdomadaire «Sud Bouquin» publiée tous les samedis. 
 
Autorités et d’éminentes personnalités, notamment des arts et des lettres, en plus des membres de sa famille, des amis, universitaires et connaissances lui ont rendu un dernier hommage hier. Mbagnick Ndiaye, le ministre de la Culture et de la Communication, qui a pris part à l’enterrement de l’illustre disparu au cimetière musulman de Yoff, a salué «l’engagement patriotique, la générosité intellectuelle, l’ouverture d’esprit et les immenses qualités de pédagogue» du Pr Amady Aly Dieng.
«grand intellectuel»

 

Dans un communiqué reçu à l’Agence de presse Sénégalaise (APS), Mbagnick Ndiaye a rendu un vibrant hommage à «ce grand intellectuel, économiste chevronné, militant panafricaniste, historien et homme de culture et critique littéraire». Selon lui, l’œuvre de Amady Aly Dieng «servira, à coup sûr, d’exemple et de viatique à la jeunesse sénégalaise et africaine». 
 
Amady Aly Dieng a travaillé à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). En tant qu’enseignant, il a longtemps servi à la Faculté des sciences économiques et gestion (FASEG) de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar. Il a aussi formé plusieurs cadres et journalistes du Sénégal et des ressortissants de différents pays dans plusieurs écoles et instituts de l’UCAD dont le Centre d’étude des sciences et techniques de l’information (CESTI).
 
En plus des notes de lecture, Pr Amady Aly Dieng est auteur de plusieurs ouvrages. L’on peut citer, entre autres, Histoire des organisations d’étudiants africains en France (1900-1950), Lamine Guèye : Une des grandes figures politiques africaines (1891-1968), Pensée sociale critique pour le XXIè siècle/Critical social thought for the XXIst century, Les premiers pas de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF) (1950-1955) De l’Union Française à Bandoung, Les grands combats de la FEANF (Fédération des étudiants d’Afrique noire en France) De Bandung aux indépendances (1955-1960), Mélanges en l’honneur de Samir Amin/Essais in honour of Samir Amin (Amady Aly Dieng, Bernard Founou-Tchuigoua, Sams Dine Sy) et Hegel, Marx, Engels et les problèmes de l’Afrique noire
Sud Quotidien présente ses condoléances les plus attristées à la famille éplorée.    
 
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Amis, parents, universitaires, membres de la société civile et de la classe politique ont accompagné hier, la dépouille du Pr Amadou Aly Dieng dans sa dernière demeure. Les témoignages convergent : le Sénégal et l’Afrique ont perdu un très grand intellectuel, celui qui n’avait jamais fait de concession sur le plan de la bataille des idées et en même temps s’était détourné de tout ce que ce bas monde avait de futile.
 
PR SAMIR AMIN, ÉCONOMISTE : «Sa disparition est une page de tournée dans l’histoire du Sénégal et de l’Afrique »
Amady était l’un de mes plus anciens amis. Nous étions amis depuis soixante ans, des amis très proches. J’ai connu Amady dans les années 50, lorsqu’il contribuait à la formation du premier grand mouvement de libération du peuple sénégalais, des peuples africains. Nous avons été associés dans cette entreprise. Et Amady n’a jamais dévié, d’un pouce, de cette ligne droite qu’il s’est tracé dans sa jeunesse. Amady a vécu assez longtemps, il apprenait tous les jours. Mais ce qu’il apprenait et qui l’amenait  à réfléchir sur son propre passé et celui de ses camarades le poussait à s’engager et non à démissionner. Il restait droit dans sa ligne, parce que celle-ci procédait, non pas d’une opinion politique parmi d’autres que l’on  compte changer, mais d’une conviction morale profonde, de la nécessité du droit des peuples africains et du devoir des citoyens africains de contribuer à la reconquête de leur indépendance d’abord, et ensuite mettre celle-ci au profit de l’ouverture d’une longue route en direction du progrès social. 
C’était un grand ami, nous nous respections mutuellement depuis toujours. Sa disparition est une page de tournée dans l’histoire du Sénégal et de l’Afrique.
Il faut conserver son héritage. Amady a beaucoup publié et au cours des dernières années de sa vie, il a publié une partie des archives qu’il avait soigneusement conservées. Il a  conservé des archives parmi les plus intéressantes certainement des débuts de la formation du mouvement de libération nationale au Sénégal et en Afrique. Ces archives doivent trouver leur place aux archives nationales, être exploitées par les générations à venir afin de leur permettre de mieux connaître leur histoire.
 
PR ABDOULAYE BARA DIOP, SOCIOLOGUE  : «C’était un des meilleurs intellectuels que j’ai connu»
J’ai connu Amady depuis très longtemps. On est de la même génération. Nous avons vécu en France ensemble pendant longtemps avec Ousmane Camara. C’était un intellectuel. Un aîné m’a dit un jour qu’il ne connait pas un Sénégalais qui a lu  autant qu’Amady Dieng. Il lisait tout le temps. Et il a même témoigné que c’est un professeur de Lycée qui lui a dit qu’il faut lire tous les jours une page au moins d’un ouvrage. Et voyez tout le temps les notes de lecture qu’il faisait dans les journaux. C’est donc un des meilleurs intellectuels que moi  j’ai connu et qui a voué toute sa vie à cet exercice. Il a publié des ouvrages, des articles dans la presse. Je l’avais conseillé de faire de ses articles publiés dans la presse un ouvrage. Peut-être que ses enfants pourront faire ce travail qui pour nous et surtout pour les jeunes qui ne l’ont pas connus, est important.
 
PR OUSSEYNOU KANE, ANCIEN CHEF DU DÉPARTEMENT DE PHILOSOPHIE (UCAD) :  «C’était un homme universel»
C’était un homme universel. Amadou Aly a été extrêmement attaché au département de philosophie. On ne peut dire à quelle Fac il appartenait. Il était de toutes nos soutenances, travaux ; il a offert des ouvrages y compris des textes qui n’étaient encore édités. C’est quelqu’un qui a nourri notre pensée, nous a accompagnés. Je ne pense pas que quelqu’un ait apporté plus à la Faculté des Lettres que celui qui vient de partir. 
 
ABDOURAHMANE DIA, ANCIEN AMBASSADEUR :  «Il a tracé une voie lumineuse »
Amady a tracé une voie lumineuse que tout Sénégalais doit suivre, une voie qui fera de chaque Sénégalais un citoyen conscient. Son héritage va lui survivre. Il faudrait en faire un bon usage. Le meilleur des usages serait d’aller vers la perfection en ce qui concerne le comportement des citoyens.
Recueillis par Bacary Domingo MANE
 
source: http://www.sudonline.sn/le-s%C3%89n%C3%89gal-salue-la-g%C3%89n%C3%89rosit%C3%89-intellectuelle-du-panafricaniste_a_24443.html