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Péniblement « coincé » par Dakaractu, cet officier de la grande muette, qui a eu à servir les trois anciens présidents de la République qu’a connus le Sénégal, a bien voulu se prêter à notre jeu de questions-réponses. Sans malice, ni caprice, le colonel Malick Cissé s’est donc livré à votre site préféré. Entretien !

Dakaractu : Que devient ‘’Mon Colonel’’ comme on dit ?
 
Colonel Malick Cissé : Je suis là, mon quotidien ne souffre d’aucune fracture (je touche du bois !); je vaque convenablement à mes occupations quotidiennes.  Il m’arrive de temps à autre de faire des sorties à travers la presse, mais  quand il le faut, c'est-à-dire quand il y a un évènement majeur qui nécessite une sortie. Je ne m’affiche pas pour m’afficher.
Le commun des Sénégalais vous a  aperçu, contre toute attente, lors du 5éme anniversaire de l’APR et d’aucuns ont interprété que vous avez rejoint les grasses prairies marrons ?
(Rires) Ecoutez, le Président Macky Sall est un jeune frère qui a eu l’amabilité de me convier à cet anniversaire. Voilà pour la petite histoire et les raisons de ma présence au King Fahd Palace. Où est le mal ? Elles étaient nombreuses les personnalités issues de la société civile, mais aussi d’autres chapelles politiques à rehausser de leur présence cette manifestation. Il s’y ajoute que je suis connu et reconnu comme un médiateur social et politique.  Pour votre gouverne, j’ai un projet dénommé  ‘’Ponto Beach Park’’ implanté sur la petite côte à Saly, alors lorsque le Président est venu là bas pour les besoins du lancement de la saison touristique, je lui ai montré cela et il était émerveillé. C’est une trouvaille de 250 milliards FCFA qui va créer des emplois, plus précisément 11 000 directs et indirects.  C'est par la suite qu'il m’a invité à l'anniversaire. Moi, j’ai mon parti politique et puis si je devais migrer, je l’aurais fait avec par exemple le PDS et j’ai plus de quatre décennies de pouvoir. Il m’a été donné de conseiller les trois chefs d’Etat qu’a connu le Sénégal avant Macky, alors pourquoi pas lui, le quatrième.
Vous êtes donc le conseiller du Président Macky Sall ? 
Il arrive qu’il me consulte sur des sujets divers mais en off.  Maintenant, je prends de l’âge, je ne peux plus être figé dans un bureau et puis j’ai mes sociétés notamment dans le secteur minier entre autres qui me prennent du temps, trop de temps même et vous conviendrez avec moi que le temps est précieux.
Le dernier conseil que vous lui avez prodigué portait essentiellement sur quel sujet ?
Quand vous êtes conseiller presque spécial, vous êtes consulté sur n’importe quel sujet. La dernière fois,  je lui  ai dit M. le Président vous avez fait un lapsus institutionnel, allusion faite la réduction du mandat de 7 à 5 ans.
Mais mon Colonel, il est obligé de respecter sa promesse, sinon ce sera du « wax wakhèt » pour paraphraser l’autre…
Vous conviendrez avec moi que  ce mandat ne lui appartient pas, c’est comme s’il avait dit : « vous m’avez élu pour 7 ans mais je vais en faire 5 ! » C’est comme s’il démissionne de son poste. Il serait inadmissible que le Président touche à notre constitution.  En tout cas, s’il le fait, il nous trouvera sur son chemin. Et le peuple Sénégalais se dressera également. Le Président ne peut que proposer. Il ne peut pas réduire ce mandat. Je veux dire par là que le Président Macky Sall ne peut pas prendre un décret pour dire : « j’ai réduit mon mandat de sept ans ».
S’il ne tient pas sa promesse, ce sera alors du « wax wakhèt » et dès lors il se mettra à dos beaucoup de Sénégalais qui ont voté pour lui, notamment parce qu’il a promis de réduire le mandat à 5 ans…
 
C’est une simple  volonté politique, mais il ne peut pas toucher au mandat. Le peuple Sénégalais a voté pour lui pour une durée de 7 ans. Il a dit je m’engage à réduire le mandat à 5 ans. Cela veut dire qu’il va démissionner de son mandat de 7 ans. Il a prêté serment pour 7 ans et non pour 5 ans. Maintenant, il a la prérogative de proposer,  je dis bien proposer à l’Assemblée Nationale qui a les compétences pour légiférer sur la Constitution.
Justement, Macky est majoritaire à l’Assemblée Nationale, pour ainsi dire que cette requête va facilement passer…
 Admettons, mais  pour couvrir cela il va le soumettre à un référendum et ce sera encore des dépenses subsidiaires. Vous imaginez un peu l’énormité de ces frais. On n’admet pas qu’on touche à notre constitution ou qu’on nous fasse encore dépenser des milliards. Et je ne pense pas que nos députés vont accepter que l’on dépense encore des milliards.  Un Président qui est élu pour 7 ans n’a qu’à faire son mandat et après ce sera une autre paire de manche. J’ai entendu les gens dire que le Président veut rempiler, il l’a même dit en France. Alors comment comprendre qu’il refuse 7ans pour en vouloir 10, c'est-à-dire deux mandats de 5 ans ; n’est ce pas paradoxal ?
Quel bilan faites-vous des 18 mois de Macky Sall aux manettes du pouvoir Exécutif ?
Je l’assimile à un avion qui décolle avec beaucoup de bruits, de soubresauts,  bref tout le risque de décollage que cela comporte. Maintenant que Macky a décollé qu’on le laisse atterrir. Il nous promet un changement avec le Plan du Sénégal Emergent; je trouve qu’il faut au moins  le lui  concéder.
Le Président de la République a relégué au second plan son fameux « Yonou Yokouté » pour une pirouette dite du Sénégal Emergent, tout porte à croire que le « Yonou Yokouté » était juste de la poudre aux yeux ? Est-ce votre avis ? 
Accordons-lui au moins un état de grâce. Il ne faut pas tenir compte des 18 mois passés. Macky est comme, je vous l’ai dit tantôt, un pilote dans son avion. Maintenant qu’il a décollé qu’on le laisse atteindre sa vitesse de croisière avant d’atterrir.
Que vous inspire alors cette nouvelle appellation de la disette des Sénégalais : « deuk bi dafa Macky ! » Une manière de dire que l’argent ne circule plus…
L’autre jour, un ami me disait la même chose, je lui ai répondu « Khayartou ». Je m’explique : «Mackyatou » c’est la Mecque, et « Khayartou »  veut dire : «  on applaudit ! »  Il a rigolé. On doit faire du « baye doundé ». Comment comprendre que le Sénégalais aille chercher du riz importé à 600 FCFA le kilo alors que le riz local vaut moins cher.
Mon colonel, à vous entendre développer, tout porte à croire que vous souscrivez aux idéaux du « Macky » ?
Bien évidemment, je suis là comme un aiguilleur et j’entends aiguillonner mon jeune frère de Président qui, force est de le reconnaître, est sur une bonne pente. Cela dit, il faut reconnaitre qu’il a du chemin à faire et c’est vrai aussi qu’il a perdu assez de temps, notamment avec cette traque des biens mal acquis.
Justement que pensez vous de la traque des biens supposés mal acquis ?
Mon intime conviction est que le pays a perdu assez de temps avec cette traque. J’ai un rôle de régulateur social et je vais vous faire une révélation : je suis en train de faire des pieds et des mains pour réunir les Présidents Diouf, Wade et Macky autour d’une même table. Pourquoi pas partager ensemble un diner ? Il est impérieux qu’ils se retrouvent autour de l’essentiel. Il s’agit de l’intérêt supérieur de la nation Sénégalaise.
Vous en avez parlé avec les trois chefs d’Etat ?
Bien évidemment et ils sont tous les preneurs
A quand ces retrouvailles, alors?
Je souhaite que ces retrouvailles tant attendues aient lieu avant le sommet de la Francophonie prévu à Dakar. Je pense que ce sera pour bientôt.
S’agissant de cette traque, de ces questions d’enrichissement illicite,  vous conviendrez avec moi que l’étau se desserre depuis un certain temps ; pour ainsi dire que y a dégel.  Je puis vous dire que tous ceux qui n’ont pas fait des choses répréhensibles vont sous peu retrouver les siens.
 
Comme qui par exemple ?
Je ne vais m’aventurer à citer des noms, mais laissons la justice Sénégalaise faire son travail.
Pour vous prendre au mot, tout semble indiquer que Karim Wade par exemple a de fortes chances de recouvrer la liberté, dès lors que depuis sa mise en détention préventive rien n’a encore été trouvé à même de le culpabiliser. A titre illustratif, tout récemment, la CREI a été même désavouée…
Si et seulement si, il n’est pas coupable il a des chances d’espérer recouvrer les siens. D’après ce que j’ai compris on ne reproche pas à Karim Wade d’avoir mal géré. On l’a mis en prison parce qu’il s’est trop enrichi. Il reste maintenant à prouver l’illicéité de cet argent. Aucun ministre ne détient des coffres fort et je crois que les gens n’ont pas compris comment fonction la trésorerie publique. C’est tout un maillon, toute une chaine. Il y a des agents assermentés qui fonctionnent autour du ministre.
Au fait, avez-vous été rendre visite Karim Wade en prison ?
Non
Pourquoi ?
Parce que nous n’avons pas certaines extrémités. Cela peut surprendre mais nous n’avons pas ces relations.
C’est paradoxal Mon Colonel, compte tenu de votre proximité avec son père de Président ?
Il arrivait juste que l’on se croise à la Présidence  pour juste se saluer. Certes, j’étais conseiller de son papa avec une fonction, des prérogatives bien déterminées mais je n’étais pas lui son conseiller.
Avez-vous des nouvelles de Me Wade ?
Bien sûr et c’est le lieu de saluer  cet homme multidimensionnel, un panafricaniste hors pair. C’est la meilleure personne que le Sénégal ait pu trouver. Je loue les qualités de ce génie.
Selon vous quelles ont été les failles qui ont perdu l’ancien Président, je veux nommer Me Wade ?
Il y a l’âge assez avancé, son entourage y compris moi
C'est-à-dire ?
A un moment, les gens ne lui disaient plus la vérité.  On lui disait que ce qu’il voulait entendre. Je veux dire par là que Me Wade était craint alors qu’un chef doit être respecté et non craint.  Me Wade ne savait pas déceler les mensonges. Au début, il était entouré de gens, de commis de l’Etat émérites, mais à un moment, il était entouré de vautours.
Comme qui par exemple ?
Je suis soumis à l’obligation de réserve, mais il m’a été donné de lui faire des remarques, à maintes reprises à travers des rapports avant de demander à le voir. Mais à chaque fois il me disait « Cissé, je sais le pourquoi tu veux me voir. Tu veux encore dénoncer. Cissé, je n’abandonnerai pas mes amis (…) » Malheureusement, ces « amis » ne l’ont pas aidé. Ils n’ont pas été francs avec lui. Je garde l’image d’un homme innocent, qui ne savait pas mentir, un panafricaniste, qui adore son prochain comme pas deux…
Selon vous qu’est ce qui le retient encore à Versailles ?
Il ne veut pas troubler les gens car un Wade à Dakar ce sera l’effervescence, des foules, mais aussi des grenades vont encore crépiter.
Vous voulez dire que c’est un trublion ?
Inutile d’être devin pour savoir que son retour au Sénégal va encore drainer comme lors de son fameux retour en 2000 du monde. Et forcément, il y aura troubles à l’ordre public. Pour l’avoir pratiqué, je crois savoir qu’il évite ces  éventuels débordements.
Pas plus tard que ce matin Farba Senghor a fait une sortie médiatique à travers un quotidien Dakarois pour annoncer son retour imminent au Sénégal ; ce qui permettra au  Pds de montrer de quel bois il se chauffe…
C’est son avis, mais je ne vois pas le PDS sans Wade. Pour le moment, ils ont besoin de se reformater, de revivre les réalités du pays en vue d’une gestion ultérieure…
Parlant du PDS, ils sont à couteaux tirés depuis notamment ce qu’il est convenu d’appeler « le cas FNCL », allusion faite à la décision de Me Wade de supprimer la fédération des cadres libéraux que dirigeait jusqu’à un passé récent Abdou Aziz Diop…
(Il coupe) Ecoutez, on ne confie pas ses affaires à un responsable « handicapé ».  Me Wade n’est pas sans savoir que M Diop est dans les liens de la prévention et il a jugé utile de trouver des pièces de rechange.
Le PDS est assimilé comme une armée mexicaine…
C’est normal, tout corps qui vit bouge. Donc, le parti a pu renaitre, elle respire encore et ce n’était pas évident pour avoir perdu le pouvoir.
Quel est le profil idéal pour présider aux destinées des libéraux ?
Je jette mon dévolu sur Ousmane Ngom.
Pourquoi ?
Il a le physique de l’emploi comme a-t-on coutume de dire. Il a l’étoffe, le charisme pour se faire.
Et Oumar Sarr ?
 

Je ne le connais pas, donc je ne peux pas porter de jugement de valeur sur lui. Ceux qui me connaissent vous diront qu’il ne parle pas à mots couverts, c'est-à-dire de manière voilée. Je dis ce que je pense, un point, c’est tout !

SOURCE: http://www.dakaractu.com/Les-revelations-du-Colonel-Malick-Cisse-J-ai-parle-de-retrouvailles-avec-Diouf-Wade-Sall-ils-sont-tous-trois-preneurs_a60299.html