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argent publicAu moment où la traque des biens supposés mal acquis est sur toutes les lèvres, voilà qu’un responsable du régime actuel se singularise par une attitude peu vertueuse vis-à-vis des deniers publics. Khassoum Wone nie les faits, mais les sources du journal sont catégoriques et citent de façon précise les montants concernés, les dates de transferts, la banque en question, la date d’ouverture du compte (juillet 2012, donc deux mois après sa nomination en mai 2012). 

Une affaire qui a fait grands bruits dans un contexte si pesant. Du côté de la présidence de la République, tout porte à croire que ce dossier est pris au sérieux. La réaction du chargé de la communication du chef de l’Etat en est une illustration éloquente. Apparemment, en haut lieu, une gestion rigoureuse de cette affaire «assez grave» est de mise.  On nous apprend ainsi que le Président de la République lui-même a demandé des explications à Wone dans les 48 heures avant de prendre une quelconque décision. Ce qui est somme toute normale, si l’on sait que les nouvelles autorités ont fait de la «gestion vertueuse» leur cheval de bataille. C’est d’ailleurs pour montrer qu’autant on traque les mis en cause du régime sortant, autant les nouveaux tenants du pouvoir sont «strictement surveillés» avec la création de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption au Sénégal (Ofnac) dirigée par l’Inspectrice générale d’Etat Nafi Ngom Kéïta. Pour cette structure, cette affaire prend des tournures de test majeur. Une suite logique des propos de Macky Sall, selon lesquels l’Ofnac est créé pour ceux qui tiennent actuellement les rênes du pouvoir. «Je ne protégerai personne», leur avait-il dit de manière claire. 
De la gestion de cette «affaire Khassoum Wone» dépendra la volonté réelle du Président de traduire dans les faits cette déclaration restée célèbre. Tout comme le pouvoir saisira peut être l’opportunité de s’arrêter sur ce Dg aux méthodes rarement appréciées positivement. On a à peine apaisé la tension liée à l’audit biométrique de la Fonction publique.  Avec son lot de mécontents, de privations, de préjudices énormes subis par des pères et mères de famille, obligés de passer des nuits blanches à l’Adie, pour régulariser leur situation… 
Pendant ce temps-là, M. Wone qui prétextait vouloir faire des économies pour l’Etat, «remplissait plutôt avec un compte bancaire personnel». Les sommes qu’on lui reproche, proviendraient en partie de ce fameux audit biométrique. Le quotidien Walfadrji avait évoqué un voyage éclair de 24 heures sur la Belgique. La Tribune a par la suite appris de sources sûres, que le voyage a été effectué entre le 28 et 29 novembre 2012. Wone, nous apprend-on, était alors allé chercher lui-même le matériel à la place des fournisseurs du Consortium Symlex/Régios Sis. Quelques transferts de ces sociétés sont retracés dans les virements effectués dans le «compte incriminé».  
  
Un Dg «à polémiques» 
  
Si avec la polémique charriée par l’audit biométrique et cette nouvelle affaire de détournement de deux milliards, M. Khassoum Wone donne l’impression de présenter le régime actuel sous une face hideuse, sa gestion interne de l’Adie rend la coupe pleine. Moins de deux ans après son arrivée, on a noté le départ de plus de dix ingénieurs aux compétences reconnues. Ceux-ci ont préféré partir que de «subir le tempérament coléreux érigé en système de gestion à l’Adie». A l’Adie, on se rappelle non sans émotion, le décès du Directeur de la communication, Cheikhou Ly, et ses suites douloureuses. En fait, M. Wone avait tout simple refusé de payer les indemnités à la famille éplorée pendant une année, sous prétexte que la société n’avait pas de ressources financières suffisantes à y consacrer. Que dire de ces retraités à qui il a refusé de payer des indemnités, alors qu’ils étaient là depuis le Bureau Organisation et Méthode (Bom). Il y a aussi les contrats qu’il a voulu rompre de manière unilatérale. Le plus célèbre, avec la firme américaine Microsoft, a frisé l’incident diplomatique avec les Etats Unis, à la veille de l’arrivée d’Obama à Dakar. Son argumentaire était que les logiciels du géant américain étaient vulnérables aux virus. Toutes choses qui font que celui qui se définit pompeusement comme «l’éminence grise» du Président dans les Tics, est moins producteur de solutions que source de problèmes. Après les problèmes créés à ses collaborateurs, la défiance frontale contre ses supérieurs directs (le Sg de la présidence de la République et le Conseiller spécial du Chef de l’Etat dans les Tics qui est en réalité à la base de toutes les performances en informatique du Président et ce, bien avant son élection), c’est  vraisemblablement à contre courant de la gouvernance vertueuse prônée par Macky Sall que roule Wone. 
Celui-ci a jusqu’ici donné l’impression d’un «intouchable». Sera-t-il encore le cas, en dépit de la gravité liée à cette nouvelle affaire…à deux milliards ? 
  

La Tribune

SOURCE:http://www.dakaractu.com/Face-a-son-Wone-cas-d-enrichissement-illicite-Macky-demande-des-explications-sur-les-2-milliards-detournes_a60454.html