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Pour Me El Hadji Diouf, Mbacké Fall est un procureur à part. L’avocat de Habré n’y est pas allé par le dos de la cuillère  pour apporter la réplique au chef du Parquet des Chambres africaines extraordinaires qualifié de rebelle.

En attendant un éventuel procès, l’affaire Hissein Habré charrie toutes les polémiques. Opposant le procureur près les Chambres africaines extraordinaires (Cae) aux conseils de l’ancien  chef d’Etat tchadien, elles ont atteint hier un nouveau pic qui montre que les relations entre les deux parties sont loin de se décrisper. Après les menaces du procureur Mbacké Fall dirigées contre Me El Hadji Diouf, le tonitruant avocat lui a apporté la réplique hier,  lors d’une conférence de presse en compagnie de Mes François Serres, Ibrahima Diawara et Cheikh Ndiaye. «Mbacké Fall est un cas. Il est le bras armé de Idriss Deby. Il se croit président des Chambres africaines extraordinaires. Vous ne pouvez pas m’intimider. Mbacké Fall est un magistrat rebelle», peste l’avocat de  Habré.  

Me Diouf se désole de cette posture du procureur et soutient que «c’est la première fois qu’il voit  un procureur rebelle». Pour étayer ses propos, il a fait constater que le  procureur près les Chambres africaines extraordinaires menace une institution comme le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) qui a interdit la retransmission en direct du procès de Habré qu’il entrevoit pour 2015. «Il dit qu’il ne va pas respecter la décision du Cnra. Il se croit au-dessous de Macky Sall. On doit lui demander pourquoi il ne respecte personne. Lorsque nous avons voulu rencontrer notre client, il s’y est opposé», dit-il. En parlant de possibilité de le traduire en justice, Me El Hadji Diouf considère que le procureur Mbacké Fall  demande «une soumission totale» aux avocats de la défense. D’après Me Diouf, les écarts du Parquet vont jusqu’à «violer le secret de l’instruction, blanchir Idriss Deby», alors que ce dernier était un proche collaborateur de Hissein Habré durant les années 1980. «Il a  donc droit à des attaques frontales», estime le député. A ses yeux, les Chambres africaines extraordinaires en charge de l’instruction et du procès de l’ancien chef d’Etat tchadien n’ont rien d’africain.

Habré en mode silencieux
Ce caractère, jugé illégal par les avocats de l’ex-chef de l’Etat tchadien, explique d’ailleurs l’attitude adoptée par leur client face au procureur des Cae. En effet, depuis son arrestation,  Hissein Habré s’est emmuré dans un silence total. Ses conseils justifient cette attitude : «Habré ne reconnaît pas les Chambres africaines  extra­or­dinaires, il ne reconnaissait pas l’accord, le traité, liant le Sénégal à l’Union africaine». «C’est un procès surréaliste, devant quelle  juridiction somme nous ? Un client qui ne parle pas on va remplacer ses avocats,  c’est la phrase de trop», chialent de colère les avocats du Président Habré.
Ils persistent à soutenir qu’il s’agit d’une stratégie adoptée par leur client pour afficher son désaccord avec les Cae.  «Il y a un adage qui dit que la parole est d’argent, mais le silence est d’or. Et un autre qui dit que parfois on a un silence bruissant de parole. C’est dans cette dynamique que le Président Habré se retrouve. C’est sa méthodologie», précise Me Diouf qui renchérit en demandant à Mbacké Fall de laisser tranquille la défense de Habré. 

Stagiaire

source: http://www.lequotidien.sn/index.php/component/k2/item/30138-me-el-hadj-diouf-avocat-de-hissein-habr%C3%A9--mback%C3%A9-fall-est-un-magistrat-rebelle