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Le constat est général, le Sénégal fait face à une crise des valeurs qui touche presque tous les secteurs de la vie. Les autorités du pays en sont si conscientes qu’en certain nombre d’actions sont menées pour éradiquer le phénomène. Dans cet entretien, le directeur du Service civique national, le colonel Baba Diakhaté fait un diagnostic et propose des solutions.   

Depuis quelques temps, on entend parler de crise des valeurs ou de changement des comportements. En tant que directeur du Service civique national, quelle appréciation en faites-vous ?
Je dois dire que la crise économique n’est pas le pire des maux de notre société d’aujourd’hui. L’ennemi public numéro un du Sénégal, c’est la crise des valeurs. En effet, la société sénégalaise fait face à une crise des valeurs, une perte de repères, un manque de probité morale, d’éthique, de conscience professionnelle, de culture, d’amateurisme et de médiocrité qui se traduisent par un incivisme et une indiscipline croissants. De tels actes mettent en péril les fondements de la société et risquent d’hypothéquer toutes les initiatives de développement. Ces contre-valeurs jugées comme des tares hier, sont érigées en principes aujourd’hui.

Que fait le Service civique face à cette situation pour inverser la tendance ?
Fort de ce constat accablant, le président de la République, Macky Sall, juste après son accession à la magistrature suprême, avait annoncé qu’il accorde une grande importance à la vulgarisation du concept de civisme. Il avait rappelé que c’est la meilleure parade contre l’égoïsme, contre toute velléité de particularisme pouvant menacer nos jeunes nations encore fragiles. Cette promotion des valeurs civiques doit donc viser à renforcer la participation citoyenne à partir d’une éthique, du respect  du bien commun et des deniers publics, une culture civique à tous les niveaux, en particulier la gouvernance publique, économique, sociale et judiciaire. Cela demande un engagement résolu, un travail méthodique et  soutenu, sérieux, accompagné d’une foi inébranlable.
C’est dans ce cadre que le ministère de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Promotion des valeurs civiques, à travers le Service civique national, a lancé une vaste campagne de sensibilisation autour de ces thématiques. Ce travail est porté par un contingent de volontaires pour l’émergence citoyenne déployés dans les 45 départements du pays. Ils y mènent des campagnes de sensibilisation à tous les niveaux : villages, quartiers, etc. Leur travail est suivi avec beaucoup de minutie. Chaque mois, ils envoient des rapports d’activités sur la base desquels de nouvelles directives leurs sont données pour les orienter. En plus de cela, nous avons prévu une campagne de distribution de drapeaux dans l’ensemble des communautés rurales et village du pays.

Quand comptez-vous démarrer cette distribution de drapeaux ?
Pour l’instant, la communauté rurale de Notto Gouy Diama a reçu 24 drapeaux pour ses villages. A l’occasion, une cérémonie de levée des couleurs a été organisée où le drapeau a été expliqué aux populations. Nous considérons que pour respecter le drapeau comme symbole de la Nation, il faut que les populations comprennent sa signification. En plus, dans le cadre du plan d’actions élaboré par le ministre de l’Emploi et de la Promotion des valeurs civiques, Benoît Sambou, le programme vacances 2013  « Agir pour Devenir » a été déroulé entre le 15 août et 19 septembre 2013. A cette occasion, une caravane solidarité-découverte au profit des jeunes de 14 à 17 ans a été organisée. L’esprit de cette caravane s’est inscrit dans le cadre de la politique de l’Etat qui, à travers le ministère de la Jeunesse, vise à inculquer des comportements responsables à la jeunesse sénégalaise.
Ainsi, par cette caravane, le département a tenté d’amener les jeunes à renouer avec les valeurs patriotiques, civiques  et  culturelles par des actions d’information, de formation, de sensibilisation, de partage  d’expériences et de solidarité, gages d’une participation efficace, efficiente et durable de la jeunesse au sursaut national.
Cette caravane a sillonné les 14 régions du pays et a permis aux caravaniers de visiter les institutions de la République à Dakar notamment l’Assemblée nationale, le Conseil économique, social et environnemental, entre autres, avant d’être reçu par le président de la République, avec les jeunes ayant séjourné dans les camps d’utilité publique. Dans chaque chef-lieu de région, une cérémonie de levée de couleurs a été effectuée, des dons distribués dans certaines localités. L’autre volet de ce programme vacances 2013 a concerné les camps d’utilité publique. En effet, 4 camps d’utilité publique ont été organisés notamment à Thiaroye, Kaguit, Mbar Toubab (Grande Muraille Verte), Ndiafatt et Patar Sine, respectivement dans les régions de Dakar, Ziguinchor, Louga, Kaolack et Fatick.
Ces camps étaient animés par les éléments du Service civique national et les mouvements de jeunesse (Scouts, Pionniers, Eclaireurs et Ymca).
L’objectif de ces camps consistait à inculquer aux jeunes les vertus et les valeurs civiques de patriotisme, de sens du devoir et de la responsabilité individuelle et collective pour une participation active dans les actions de développement.
Ainsi, au camp d’utilité publique de Thiaroye, plus de 100 jeunes ont aidé des populations de la banlieue dans les opérations de pompage et de curage. Ces opérations étaient accompagnées de campagnes de sensibilisation sur le concept de civisme, la lutte contre le paludisme et le Vih/Sida. Dans la région de Ziguinchor, la digue piste du village de Kaguit qui reliait cette localité à Youtou a été réhabilitée. Ce camp a vu la participation des jeunes de la République sœur de la Guinée-Bissau.
A Ndiafatte, région de Kaolack, et Patar Sine, région de Fatick, 2 classes ont été réhabilitées. Enfin, à Mbar Toubab, Keur Momar Sarr, Grande Muraille Verte, région de Louga, plus de 5.000 plants ont été mis en terre par les jeunes.

Quelles sont les autres activités menées par le Service civique national ?
En plus de ce vaste programme de promotion des valeurs civiques, le Service civique national permet une mobilisation des jeunes dans les secteurs en manque de compétences et leur offre des qualifications, apprentissages et un minimum d’expérience pour augmenter leur employabilité et leur chance de s’insérer durablement dans un secteur productif. Une mission qui rejoint l’idée du président de la République qui entend disposer d’un Service civique national qui dépasse les activités de vacances pour devenir un organe d’encadrement de la jeunesse qui devra, pendant un temps déterminé, servir bénévolement la patrie dans le cadre d’un service civique. 
Je ne saurais terminer sans vous annoncer le chantier portant sur l’élaboration de la charte nationale du civisme, ce projet qui tient à cœur le ministre de l’Emploi et de la Promotion des valeurs civiques, Benoît Sambou, réunit d’éminentes personnalités universitaires et religieuses.

Propos recueillis par Mbaye Sarr DIAKHATEsource: http://www.lesoleil.sn/index.php?option=com_content&view=article&id=38348:colonel-baba-diakhate-dg-du-service-civique-national-l-la-crise-des-valeurs-est-lennemi-public-nd1-du-senegal-r&catid=78:a-la-une&Itemid=255