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L’OBS – Suite à la publication de son livre «Le Coran et la culture grecque», Oumar Sankharé expose, aujourd’hui, sa famille. Très inquiète par rapport à leur sécurité, Seynabou Sankharé, sœur du Professeur, présente, au nom de la famille et de son frère Oumar Sankharé, leurs excuses à la Ummah islamique.

Au quartier Som, vit la famille du Professeur Sankharé. Dans la cour de la maison, une dame, bouilloire à la main, fait ses ablutions. Un calme plat règne dans cette grande concession. A l’intérieur d’un bâtiment, des photos de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, de Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh, de Lat Dior Ngoné Latyr Diop et d’Alboury Ndiaye sont placardées, tous azimuts, au mur. Dans le salon, s’est regroupée toute la fratrie. Les amis du Professeur Sankharé, comme l’ancien proviseur du Lycée Malick Sy, Abou Diop, les proches et voisins, comme Massa Diallo, sont venus apporter leur soutien à la famille des Sankharé.

 L’inquiétude et la désolation se lient sur leur visage, après la tournure prise par les événements. «Oumar Sankharé est mon frère. J’ai discuté avec lui au téléphone. Il regrette vraiment la tournure prise par la publication de son ouvrage. Il m’a dit que son intention était loin de profaner le Coran. Il a voulu faire une étude comparative entre la culture islamique et la culture grecque pour permettre aux étudiants à même de mieux comprendre ces diversités culturelles. Oumar Sankharé et la famille, par ma voix, présentent leurs excuses à toute la Ummah islamique. C’est regrettable. Et dès qu’Oumar Sankharé sera de retour au Sénégal, il présentera lui-même ses excuses à la communauté islamique. Nous demandons aux autorités gouvernementales de censurer le livre et de retirer les publications sur le marché», a soutenu Seynabou Sankharé.

Son cousin Massa Diallo qui est en contact permanent avec lui au téléphone de révéler : «Nous avons longuement échangé au téléphone. Oumar Sankharé est prêt à se repentir. Il a touché l’Ummah islamique. C’est une erreur monumentale. Il le reconnaît et il demande, encore une fois, pardon aux Musulmans du monde entier. Sankharé est un fervent Musulman pratiquant. Il lit le Coran qu’il maîtrise par cœur.»

Sa fille n’a pas fait l’examen blanc, sa famille obligée d’aller trouver un refuge. Aujourd’hui, la famille d’Oumar Sankharé est atterrée et vivement secouée par cette fâcheuse affaire. «Nous avons peur même pour notre sécurité et surtout pour celle du Pr Sankharé», interpelle Seynabou Sankharé à l’attention des pouvoirs publics. Les enfants de Sankharé établis à Dakar sont traumatisés. Pis, ils ne vont plus à l’école. «Sa fille, qui est en classe de Terminale dans un lycée de Dakar, n’a pu faire l’examen blanc organisé par son école. Ses camarades lui ont dit des paroles blessantes à propos de son père. Elle s’est mise à pleurer. C’est comme ça qu’elle a raté son examen blanc. J’ai été obligée de demander à son épouse et à ses enfants de quitter leur maison et d’aller trouver un refuge. Ils ne sont plus en sécurité», révèle la sœur aînée du Pr Sankharé, très anxieuse. Abou Diop et les membres de la famille Sankharé ont entamé des visites dans les foyers religieux pour présenter leurs excuses aux guides religieux.

Cette situation vécue par la famille fait suite à la sortie de l’ouvrage du professeur universitaire, Oumar Sankharé, intitulé : «Le Coran et la culture grecque.» Lequel ouvrage remet en cause certaines interprétations du Saint Livre. La communauté musulmane s’est sentie indignée et lacérée dans sa chair. Aussi les fervents défenseurs de l’Islam ont-il déclaré le «Mourtad» ou apostasie à Oumar Sankharé pour une application stricte de la Charia qui voudrait que le mis en cause soit arrêté, traduit devant un Tribunal islamique, condamné, conduit devant la place publique, ses œuvres brûlées sous ses yeux et enfin sa tête décapitée pour que cela serve de leçon à tout autre individu qui serait tenté de commettre un sacrilège similaire contre l’Islam. Aujourd’hui, les organisations islamiques indignées flinguent de partout le professeur Sankharé, traité de tous les noms d’oiseaux. Et la sortie au vitriol du Khalife général des Mourides, Serigne Sidy Moctar Mbacké, n’a pas laissé indifférent la famille du professeur Oumar Sankharé, livrée à la vindicte populaire.

OUSSEYNOU MASSERIGNE GUEYE

 

PROFIL

Oumar Sankharé, un esprit brillant

Oumar Sankharé, né en 1950 à Thiès, est le fils de Baba Sankharé, ancien président de la corporation des mécaniciens du Sénégal. Sankharé est un chercheur hors pair qui a la boulimie du savoir. Il a fait son cycle primaire à l’école élémentaire de Grand-Thiès, ensuite il intègre le lycée Malick Sy où il obtient son Baccalauréat. A l’Université de Dakar, Sankharé se sublime et accumule les diplômes. «Il était très brillant. Je me rappelle, Sankharé passait toute la journée à la bibliothèque à lire. Quand il était l’heure de la fermeture, il se plaignait et disait toujours qu’il aurait aimé qu’on l’enferme dans la bibliothèque et qu’il n’aurait pas besoin de nourriture jusqu’on lui envoie de l’eau pour boire», dit un de ses anciens camarades de Faculté.

Après avoir soutenu avec succès sa Thèse de Doctorat du troisième cycle à l’Université de Dakar, Sankharé, titulaire d’une bourse du Président Senghor, se rend en France où il est admis comme auditeur libre à l’Ecole normale supérieure de Saint-Cloud en 1980. Agrégé de Lettres classiques et agrégé de Grammaire, il devient docteur d’Etat de l’Université de Paris IV Sorbonne avec la mention «Très Honorable» en 1991. Oumar Sankharé qui exerce la fonction d’Inspecteur général de l’Education nationale est aussi Professeur titulaire à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Dakar. Il assure des missions d’enseignement et de recherches dans les universités sénégalaises, africaines et françaises. Ce qui l’oblige à voyager très souvent. Oumar Sankharé est aussi titulaire d’une Maîtrise en Arabe et en Anglais.

O. MASSERIGNE GUEYE   

LES REGRETS DE L’AUTEUR

«Je présente mes excuses…»

Il s’en désole. Le professeur Oumar Sankharé regrette ses propos et sollicite le pardon de tous les Musulmans. Suite aux réactions qui ont suivi la sortie de son ouvrage : «Le Coran et la culture grecque», l’universitaire présente ses excuses à toute la Ummah islamique. Dans un communiqué rendu public, le professeur Oumar Sankharé affirme qu’il n’avait nullement l’intention de porter atteinte ni à la religion musulmane, encore moins à son Prophète, Mouhammad (Psl). «À tous les Musulmans de la Ummah que cette situation a affectés dans leur foi et dans leurs convictions religieuses, à ma famille et à mes amis qui ont été incommodés par cette actualité, je présente toutes mes excuses. Mon intention n’était aucunement de porter atteinte à l’Islam, au Coran et au Prophète Mouhammad (Psl)», lit-on dans le document.

Conscient de la gravité de ses propos, le professeur Sankharé ne s’en limite pas aux excuses. Il redéfinit sa pensée et apporte des précisions. «Je réaffirme, comme j’ai déjà eu l’occasion de le faire, que je ne récuse aucunement le Coran qui est un message émanant du Tout-Puissant Allah. Je n’ai tenu aucun propos, dans l’ensemble de mon livre, qui remet en cause le statut de Mouhammad (Psl) comme Prophète et envoyé de Dieu. En tant que Musulman, je le reconnais comme le Prophète qui clôt la prophétie», précise l’auteur de l’ouvrage «Le Coran et la culture grecque». Aussi, le professeur Oumar Sankharé récuse les accusations selon lesquelles il est le bras armé d’organisations anti-islamiques. «Je ne suis le suppôt d’aucun lobby islamophobe, encore moins le bras armé d’aucune organisation occulte anti-islamique. L’absence d’assistance au moment de mes récents ennuis de santé le prouve à suffisance, si besoin en était», dément catégorique le professeur Sankharé. Qui conclut : «Je prie pour la paix et la concorde dans notre cher pays, le Sénégal, et dans toute la Ummah islamique.»

SOPHIE BARRO

Jamra et Mbañ Gacce saisissent le Procureur d’une plainte

L’organisation islamique Jamra et l’observatoire Mbañ Gacce ne comptent pas laisser l’affaire Sankharé impunie. Ces défenseurs des valeurs culturelles et religieuses ont décidé de traduire en justice le professeur Oumar Sankharé suite à la sortie de son ouvrage intitulé «Le Coran et la culture grecque». Ils vont saisir, dès aujourd’hui, le procureur de la République pour l’amener à statuer sur le cas Sankharé. Ils ont déjà saisi les services de Me Massokhna Kane pour plaider leur cause. «L’organisation islamique Jamra et l’observatoire Mbañ Gacce, dans leur posture de veille et de défense des valeurs culturelles et religieuses, se feront le devoir de mener la riposte jusqu’à son terme, en décidant, d’ores et déjà (en partenariat avec d’autres organisations musulmanes), de se constituer partie civile. Nous avons déjà requis, à cet effet, les services de Me Massokhna Kane, qui coordonne un collectif d’avocats, qui déposeront dès lundi (aujourd’hui : Ndlr) notre plainte entre les mains du procureur de la République», rapporte un communiqué de ces structures. Jamra et Mbañ Gacce trouvent inadmissible qu’un fils du Sénégal soit dans le lot des agresseurs de l’Islam. «C’est un des fils de notre pays qui s’illustre tristement dans cette basse besogne à travers une incursion littéraire négationniste, tournant en dérision les enseignements du sublime Coran, qu’il a quasiment attribués à une œuvre humaine, en prétendant que son dépositaire, le Prophète Mouhamed (Psl), était bien un lettré», dénoncent-ils.

S. BARRO

 

SERIGNE ABDOUL AZIZ SY AL AMINE

«Cet individu (Oumar Sankharé) est un aliéné mental»

 

 

La célébration du Gamou annuel du porte-parole du Khalife général des Tidianes, Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine, ce samedi, a été l’occasion pour ce dernier d’évoquer le livre du professeur Oumar Sankharé «Le Coran et la culture grecque», qui remet en cause certaines interprétations du Livre Saint.

Tivaouane embouche la même trompette de l’indignation que Touba. Après que le Khalife général des Mourides, Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké s’est plaint du livre du Pr Sankharé sur «le Coran et la culture grecque», Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine pense que M. Sankharé ne mérite même pas qu’on lui apporte une réplique ou qu’on accorde du crédit à ses écrits blasphématoires. «L’Islam est une religion où tout est clair», résume-t-il. «Cet individu est un aliéné, un fou. Et c’est dangereux pour un individu que l’on en arrive à le catégoriser parmi les fous», a dit Serigne Abdoul Aziz Sy, très dépité.

Le porte-parole du Khalife général des Tidianes a conseillé les fidèles à donner de la valeur et de la considération à la religion musulmane, d’autant que les « dahiras » sont des regroupements où le disciple peut beaucoup apprendre, surtout qu’il s’agit souvent d’individus qui commencent à avoir leurs cheveux blancs qui font des méprises. Le porte-parole du khalife général des Tidianes considère que le Pr Sankharé a glissé sur un terrain qu’il ne maîtrise pas, un secteur qui n’est pas dans son domaine de compétences. Le Coran est parfait et personne n’a à y dire ou apporter des commentaires. «Il faut toujours apprendre pour comprendre. Toutefois, si vous ignorez certains secrets du Livre, ne vous hasardez pas à vouloir les décortiquer. Cet individu est juste un égaré», a-t-il martelé.

Et Serigne Abdoul Aziz de préciser : «Le prophète Mouhamed (Psl) a vécu 63 années glorieuses. Et ceux qui veulent ternir son image ne le peuvent pas.» Il a aussi prié pour que Dieu fasse qu’il y ait la paix au Sénégal et qu’Il nous préserve du printemps arabe. Il croit savoir que c’est parce que les jeunes veulent toujours révolutionner avec leurs idées utopiques qu’ils finissent par embraser leur pays. «Il faut prier pour la paix au Sénégal. Voyez ce qui se passe dans des pays arabes comme l’Egypte. Les jeunes voulaient redresser le pays. Malheureusement, il a été anéanti et c’est sûr que même 2 siècles ne suffiront pas pour redresser ce pays. Il en est de même pour la Syrie et la Lybie. Il faut dialoguer pour trouver des solutions. Arrêtons d’abuser les jeunes et disons leur la vérité », recommande-t-il. Avant de conseiller aux jeunes de discuter avec leurs aînés. Il a ainsi invité les jeunes à être les boucliers de leur religion afin que nul ne ternisse son image.

OUSSEYNOU MASSERIGNE GUEYE

SOURCE:http://www.gfm.sn/la-famille-de-sankhare-demande-pardon-et-le-retrait-du-livre-du-marche/