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EBOLA
L’OBS – Elle n’est plus à présenter, la communauté rurale de Diaobé-Kabendou, située à 97 km de la ville de Kolda, sa capitale régionale, abrite chaque mercredi l’un des plus importants marchés hebdomadaires de la sous-région ouest africaine. Dans cette bourgade à la démographie galopante, les activités économiques tournent au ralenti à cause du virus d’Ebola. Autres effets de la fermeture de la frontière, des véhicules guinéens sont coincés à la gare routière de Diaobé. Ebola asphyxie Diaobé et paralyse les activités économiques.

 

 

La fermeture à nouveau, le jeudi 22 août dernier, de la frontière avec la Guinée Conakry, après celle du mois de mars dernier à cause de la fièvre hémorragique à virus Ebola qui, selon les chiffres de l’Oms, a fait plus de 1 400 morts dans les pays touchés, est durement ressentie à Diaobé. Cette localité, une véritable agglomération rurale, érigée en commune, abrite chaque mercredi l’un des plus importants marchés hebdomadaires de la sous-région ouest africaine. Chaque semaine, des milliers de ressortissants des quatre coins du Sénégal et de la sous-région ouest africaine s’y retrouvent pour des échanges commerciaux fructueux, chiffrés à coup de millions. Cependant, non loin de ce lieu de grand rassemblement quotidien, se trouve la Guinée où l’épidémie continue de faire des victimes. Ce qui justifie la fermeture de la frontière. Un cas signalé déjà signalé à Dakar du fait d’un ressortissant guinéen. Ebola a tout chamboulé de nos habitudes comme partout dans les lieux de services et de grands rassemblements, des kits de lavages des mains au savon sont visibles à Diaobé lors de notre passage, hier. Toutes les activités socio-économiques tournent au ralenti. Les rues presque désertes et toutes les conversations portent sur Ebola et la fermeture de la frontière avec la Guinée, pays voisin dont une forte communauté installée à Diaobé (60 à 70%, la plupart des commerçants). «D’habitude, c’est à partir de mardi que les commerçants arrivent en masse, mardi, mercredi et jeudi sont les jours de grande effervescence, surtout la nuit du mardi au mercredi. Mais pour ce «louma» de mercredi», a expliqué Mamadou Niamadio, habitant de Diaobé. Notre interlocuteur de poursuivre : «Je peux vous dire que les 80% des activités de commerce sont détenus par les Guinéens. Allez constater à la gare routière de la Guinée, plusieurs véhicules sont coincés, les taxis guinéens qui y stationnent ne bougent pas d’un pouce.» Après notre passage aux gares routières garages «sept places» de transports en commun et celui des gros-porteurs, c’est bien le constat. Le décor est tout autre au «Syndicat» (marché guinéen). Ici les étals de fruits et légumes, de produits de la cueillette, d’huile de palme et les quincailleries de pièces détachées sont les plus touchés. Ces lieux d’échanges de toutes catégories sont dégarnis de marchandises et leurs tenanciers s’en désolent : «Nos provisions sont finies et nos fournisseurs guinéens sont tous bloqués ici, ils n’ont pas pu repartir», a déploré Amadou Woury Barry qui s’active depuis près de 15 ans maintenant dans le commerce des fruits et des produits de la cueillette venus de la Guinée. La restauratrice Fatoumata Dalanda Diallo confesse : «Les gens parlent tout le temps et partout de cette maladie, mais il faut s’en remettre à Dieu et suivre les directives comme la fermeture de la frontière et les mesures d’hygiène données par les autorités pour contrer l’épidémie de la fièvre à virus Ebola.» Elle reconnaît que les choses tournent mal : «Après la première fermeture, les activités avaient repris et les choses tournaient à plein régime. Mais depuis l’annonce de la fermeture de la frontière, les activités sont au ralenti à Diaobé. Dans mon restaurant, par exemple, les gens viennent de moins en moins et les clients se font rares à cause d’Ebola», se lamente-t-elle. Mamadou Diang Diallo, autre commerçant basé toujours au «Syndicat» de produits alimentaires, fruits et légumes, abonde dans le même sens : «La fermeture des frontières nous rend un mauvais service. Plus rien à gagner dans le marché qui vit un calme plat, les gens ne parlent que de cette maladie d’Ebola qui nous hante le sommeil.» Des responsables des services de Douanes et des Eaux et Forêts basés à Diaobé qui, pour des raisons de procédures administratives, n’ont pas voulu entrer dans les détails, confient qu’ils enregistrent moins de contrôles et reçoivent moins de clients à la recherche de papiers. «Nous n’avons pas enregistré de véhicule en provenance ni en partance de la Guinée», ont-ils confié. Les autorités municipales, dont plus de 80% des taxes proviennent des recettes tirées des activités économiques du marché, préfèrent attendre pour pouvoir faire une évaluation exhaustive du manque à gagner.

 

 

SOULMEYMANE SALL

SOURCE/http://www.gfm.sn/consequences-de-la-fermeture-de-la-frontiere-avec-la-guinee-ebola-asphyxie-diaobe-et-paralyse-les-activites-economiques/