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Mbaye Sarr, le directeur général de Sénécartours a fait des révélations fracassantes devant la Commission d’instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Ci-Crei) où il a été entendu comme témoin le 19 février 2014. Mbaye Sarr n’a pas mâché ses mots devant les juges de la commission d’instruction de la cour de répression de l’enrichissement illicite (Ci-Crei). d’emblée, il affirme aux magistrats : «Je connais les sociétés Shs et Ahs à travers la presse. 

Par contre, je n’ai jamais entendu parlé de Daport. S’agissant de Abs, je sais qu’elle a été constituée à la suite d’un emprunt bancaire par ses promoteurs, puisqu’étant opérateur économique, je connais le milieu bancaire et j’étais intéressé par le transport des passagers sur la plateforme aéroportuaire et d’ailleurs, c’est ma société sénécartours qui assurait cette prestation. 

C’est moi-même qui, à la suite d’un appel d’offres, avais gagné le marché y afférent cinq ans avant l’installation de Abs. Si mes souvenirs sont exacts, c’était en 1996 ou 1997. Toutefois, je ne sais pas dans quelles conditions cette société a été constituée». 
Mais, lorsque les juges l’interpellent sur l’identité des promoteurs de la société Abs SA, Mbaye Sarr sort le sabre : «Je soupçonne que derrière les promoteurs apparents, se cachaient une haute autorité très influente. Pour illustrer mes propos, je peux dire qu’après l’appel d’offres, et avant le dépouillement des offres, quatre ou cinq bus, d’une valeur environnant 200 000 000 F Cfa l’unité avaient déjà été livrés et étaient présents au port. D’ailleurs, de pareils bus ne peuvent être vendus avant une commande préalable à moins que ça ne soient des bus de seconde main vendus par un aéroport qui en a acquis d’autres ».
Mieux, il ajoute : «lorsque j’ai senti que l’appel d’offres n’était en réalité qu’une mise en scène tendant à faire croire qu’il y avait le respect des formes, j’ai décidé de me retirer même si j’avais déjà acheté le cahier des charges. Par ailleurs, une haute autorité religieuse qui était intervenue pour m’aider à faire prospérer mon dossier et qui avait appelé la Présidence de la république où Idrissa Seck était directeur de cabinet du Président de la république (Pr), m’est revenue pour me dire « résignes toi, il y a des hautes personnes dans l’appareil de l’Etat qui ont décidé de s’accaparer du marché des transports des passagers. Cela m’a conforté dans l’idée de me retirer de ce projet ». 

Le directeur général de senecartours de poursuivre : «Je ne sais pas s’il y avait eu un appel d’offres publié dans un journal de la place ou pas mais l’administrateur délégué de l’Asecna Mbaye Ndiaye que je connaissais très bien et avec lequel j’entretenais de bonnes relations m’avait appelé au téléphone pour me demander de venir retirer le cahier des charges dans son bureau. Quand je m’y suis rendu j’ai senti par son attitude qu’il y avait des changements et qu’il y avait certainement des personnes influentes derrière lui qui le soutenaient». 

Selon Mbaye Sarr : «ma société senecartours assurait le transport des passagers sur la plateforme aéroportuaire en vertu d’un contrat qui la liait à Asecna. C’est avant l’expiration de ce contrat que la direction de Aans, dirigée par Mbaye Ndiaye, devenue plus tard les Ads, a lancé un nouvel appel d’offres. (...) On m’a informé que quand je me suis plains du traitement dont j’avais fait l’objet, le Président de la république d’alors avait convoqué l’actuel qui était chargé de l’intérim du ministre des transports aériens et une dame qui était sous l’autorité de Mbaye Ndiaye et qui, d’après ce que je crois, s’était opposée au lancement du nouvel appel d’offres, je crois qu’on lui a tordu le bras. (...) Je ne me souviens plus du nom de la dame qui avait été convoquée à la Présidence de la république. 
Par ailleurs je préfère taire le nom de l’autorité religieuse qui était intervenue pour moi. (...) avant le lancement du nouvel appel d’offres, mes relations avec Mbaye Ndiaye étaient excellentes puisque d’ailleurs, il lui arrivait de me solliciter pour lui venir en aide. 

Quid des bénéficiaires économiques de Abs ? 

«Je n’ai pas la preuve de qui sont les bénéficiaires économiques mais je pense que Karim Wade était derrière toutes les mises en scènes qui ont abouti à l’attribution du marché à une société autre que la mienne », lâche Mbaye Sarr qui ajoute : «quand je me suis renseigné j’ai su que c’est la SGBS qui avait financé l’achat des bus et j’en ai conclu que seules les personnes très hauts placées pouvaient mobiliser des sommes aussi importantes sans être des hommes d’affaires».
Les juges lui font remarquer qu’il ressort de la procédure de création de Abs SA qu’elle est détenue à 100% par Alioune Samba Diassé, sa femme et son fils. Mbaye Sarr doute: «Je n’y crois pas du tout. Je ne pense pas que Alioune Samba Diassé ait pu obtenir de la SGBS un prêt qui lui permette d’acheter les bus utilisés par la société ABSA. J’aimerai bien que vous lui demandiez quelles sont les garanties qu’il a données à la SGBS pour obtenir ce prêt». 


Libération
 
source:http://www.dakaractu.com/photo/art/default/7026065-10750979.jpg?v=1411805609