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L’OBS – Le bureau de l’Assemblée nationale a été renouvelé hier. C’est le Président Moustapha Niasse qui a été encore porté pour la 3e fois consécutive à la tête de cette institution. Une élection sans surprise puisque le leader de l’Afp était le seul candidat en lice. D’ailleurs, la formation du nouveau bureau de l’Assemblée nationale n’a pas connu de changement. Le bureau sortant a été reconduit dans son entièreté. Fraîchement porté à la tête de l’institution, Moustapha Niasse, qui a essuyé des critiques avant le renouvellement du bureau de l’Assemblée nationale, a soldé ses comptes avec ses détracteurs. Moustapha Niasse répond à ceux qui estiment que la 12e Législature est la plus nulle de toute l’histoire du Sénégal.

 

       PAR ADAMA DIENG ET SOPHIE BARRO

 

 

Les députés renouvellent leur confiance à Moustapha Niasse. Le leader de l’Alliance des forces de progrès (Afp) a été reconduit hier, sans surprise, à la tête de l’Assemblée nationale pour un mandat d’un an renouvelable. Niasse rempile pour la 3e fois consécutive à la tête de cette institution depuis l’installation de la 12e législature. Candidat unique à sa propre succession, Moustapha Niasse a obtenu 129 voix sur les 138 députés votants. Le leader de l’Afp a obtenu la majorité puisqu’il y a eu seulement deux voix contre, deux nuls et cinq abstentions. Un score «honorable», selon Moustapha Niasse qui estime que les opposants ont voté pour lui. Seulement, le bureau de l’Assemblée nationale a été renouvelé sans le moindre changement. A l’image de la réélection de Moustapha Niasse, c’est tout le bureau sortant qui a été reconduit. Aucun changement n’a été effectué. Ce sont les mêmes personnes qui ont été reconduites. Les postes de vice-présidents restent occupés respectivement par Awa Guèye, Moustapha Cissé Lô, Abdou Mbow, Aminata Mbaye, Yéta Sow, Mansour Sy Djamil, Aimé Assine et Yaye Awa Diagne. Ils ont été reconduits avec 119 voix sur les 132 votants. Il y a eu sept voix contre, une abstention et cinq nuls. La questure également n’a pas connu de changement. Elle reste dirigée par Daouda Dia (1er questeur) avec comme adjointe Awa Niang (2e questeur). Les argentiers de l’Assemblée nationale rempilent avec 120 voix sur les 130 parlementaires votants. Seuls quatre députés ont voté contre, une abstention et cinq nuls. Samba Diouldé Thiam, Barthélémy Dias, Mously Diakhaté, Mbaye Niang, Zator Mbaye et Samba Demba Ndiaye restent les six secrétaires élus du bureau de l’Assemblée nationale. Le même phénomène affecte la direction du Groupe parlementaire de la majorité qui reste entre les mains du député Moustapha Diakhaté. Ce dernier est toujours secondé par son collègue parlementaire Pape Birame Touré, vice-président du Groupe parlementaire Bennoo Bokk Yaakaar.

DECROIX «HUMILIE». L’Assemblée nationale a failli avoir un Groupe parlementaire de plus. Le député Mamadou Diop Decroix avait émis l’idée de constituer un Groupe parlementaire. Le leader de And-Jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme (Aj/Pads) avait saisi par lettre le bureau de l’institution pour lui faire part de sa décision. Seulement, Diop Decroix qui avait déposé sur la table de l’Assemblée nationale les noms des dix députés devant constituer ce groupe, a été «trahi» à la dernière minute par deux de ses collègues. Le parlementaire, qui était jusqu’ici des non-inscrits, avait listé dans son groupe les députés Oumar Sarr de Rewmi et Ndèye Diénaba Ndiaye. Mais, ces derniers se sont finalement retirés. Ils n’adhèrent plus au projet de Decroix. Oumar Sarr de Rewmi et sa collègue Ndèye Diénaba Ndiaye ont saisi, à leur tour, par écrit le bureau de l’Assemblée nationale pour se démarquer de la décision de Mamadou Diop Decroix de constituer un groupe parlementaire. Selon le député Doudou Issa Niasse, doyen d’âge qui a piloté l’élection du président de l’Assemblée nationale, Oumar Sarr de Rewmi dit rester dans le groupe des non-inscrits. Quant à Ndèye Diénaba Ndiaye, elle a fait savoir qu’elle reste au sein du groupe de la majorité. Mis devant le fait accompli, le leader d’Aj/Pads retire son projet de constituer un Groupe parlementaire. Decroix s’est désisté parce qu’il n’a plus le quorum.

AIDA MBODJ RÉCLAME LA PARITE. La mairesse de Diourbel s’est encore fait remarquer lors de l’ouverture de la session ordinaire de l’Assemblée nationale. A la fin du vote, Aïda Mbodj, fraîchement revenue de La Mecque, a exprimé son «espoir déçu». Depuis deux ans, je proteste contre cette irrégularité constatée, remarquée et notée dans la liste des secrétaires élus, j’avais de l’espoir cette année parce qu’on nous avait parlé de rupture. Or, on se rend compte que c’est toujours le président de la République qui continue de donner des instructions, et ses instructions sont respectées.» Aïda Mbodj de rappeler que le 15 septembre dernier, le Président Macky Sall avait interpellé tous les responsables de parti pour se désoler du faible taux de présence des présidents de Conseils départementaux. «J’avais salué cet appel croyant qu’il allait connaître un écho lors de l’installation du nouveau Bureau, je croyais qu’à travers ces directives, il allait intégrer le respect de la parité surtout dans la liste des secrétaires élus», regrette-elle. Aïda Mbodj est d’avis qu’il fallait avoir plus d’une femme parmi les secrétaires élus, seule Mously Diakhaté en fait partie. «Je dénonce cela pour m’en désoler devant mes collègues et devant l’opinion, et j’interpelle le Président à davantage veiller à l’intégration des femmes dans le dispositif politique

MOUSTAPHA NIASSE SOLDE SES COMPES

«Une Assemblée qui dort ne peut pas travailler sur 56 lois en 26 mois»

«Cette douzième législature est la plus nulle». «Les députés ne travaillent pas.» Des phrases de ce genre ont été ressassées à suffisance pour critiquer les parlementaires. Hier, le président réélu a répondu à ces attaques, non sans virulence. «Une Assemblée qui dort ne peut pas travailler sur 56 lois en 26 mois, a assené Moustapha Niasse. Il faut cesser de dire que les députés ne travaillent pas.» Véritablement outré par ces allégations, Niasse s’est érigé en défenseur des parlementaires. «Que personne ne nous dise comment on doit travailler, les séances plénières que les gens voient ne sont que l’ultime étape du long travail effectué par les députés en amont, cela ne représente que le dixième de leur travail, indique-t-il. Ou alors on veut que les députés soient des forçats ?» Pour Moustapha Niasse, il est évident qu’une partie du travail a été réalisée dans le temps imparti. Il n’a pas manqué de faire un bilan du travail législatif effectué par les députés durant ces deux dernières années. Moustapha Niasse de faire savoir que pendant les 26 mois écoulés, l’Assemblée nationale a examiné et adopté 56 lois portant sur les canaux essentiels de la vie du pays. Les députés ont également déposé 12 propositions de loi, à propos desquelles Moustapha Niasse a donné des explications concernant leur recevabilité par le Bureau de l’Assemblée. «Si la proposition de loi entraîne des dépenses nouvelles, qui ne sont pas budgétisées, sans aucun palliatif présenté, celle-ci n’est pas recevable jusqu’à ce que l’auteur de la proposition de loi présente lui-même des données fiables pour trouver les ressources additionnelles, en cas d’adoption au terme de la procédure, de la proposition de loi, informe-t-il. Pour cette raison, la plupart des 12 propositions déposées n’ont pu progresser.» Selon Moustapha Niasse, c’est pour cela que certains députés pensent que leurs propositions de lois dorment dans les tiroirs, «mais ce sont plutôt les ressources qui dorment». Le recrutement d’assistants parlementaires est prévu pour épauler les députés dans leur travail.

Niasse a également évoqué les questions écrites, indiquant que 21 ont été adressées au gouvernement depuis août 2014. «Toutes ces questions ont été transmises à leurs destinataires qui sont les membres du gouvernement. Vingt ont reçu des réponses et une seule est en instance.» Il y a également eu pendant les 26 mois de législature 30 questions orales et 15 questions d’actualité. Les députés ont aussi formulé 12 demandes de création de Commission d’enquête, et cinq demandes d’audition ont été adressées aux ministres concernés.

Plénières tous les 15 jours avec les ministres

Et dans l’optique de résoudre les lenteurs notées dans les procédures liées au traitement des questions écrites, orales et d’actualité, des mesures ont été prises. «Tous les 15 jours, sera désormais organisée dans cet Hémicycle une séance plénière exclusivement réservée à des questions que poseront les députés aux membres du gouvernement, qui y répondront directement, annonce le président de l’Assemblée. Ces séances dureront deux heures et seront suivies directement à la télé par les citoyens, et le Premier ministre sera présent avec les membres de son gouvernement.» La décision a été prise d’un commun accord par le Bureau de l’Assemblée, le président de la République et le gouvernement. Niasse n’a pas manqué d’évoquer la gestion des ressources allouées à l’Assemblée. «Au plan interne, j’y veille personnellement, la Commission de comptabilité et de contrôle assure tous les 3 mois auprès du premier Questeur la régularité et la conformité aux normes de gestion, de tous les actes financiers et comptables.»

«La rupture, ce n’est pas prendre une hache et tout casser»

Moustapha Niasse a également répondu à ceux qui dénoncent une certaine implication de l’Exécutif dans le Législatif. Pour lui, le Sénégal ne peut pas être une démocratie sous la dictée de qui que ce soit. «Le chef de l’Etat est le chef de l’Exécutif, nous sommes le Législatif, nous ne pouvons pas ne pas travailler avec l’Exécutif, tout comme l’Exécutif ne peut pas ne pas travailler avec le Judiciaire, estime-t-il. Personne ne cassera ce triptyque, nous ne l’accepterons pas, l’Exécutif continuera à travailler avec le Législatif et avec le Judiciaire.» Moustapha Niasse précise, toutefois, que l’Assemblée nationale ne doit pas chercher à gouverner à la place du gouvernement. «Il y a des dossiers qui relèvent de l’Exécutif et non de l’Assemblée, nous rejetons sans équivoque toute tendance vers une confusion des rôles au sommet de l’Etat, affirme-t-il. L’Exécutif conduit le pays sous la direction du chef de l’Etat, dans le plein respect de l’indépendance du pouvoir législatif et du pouvoir judiciaire.» La deuxième personnalité de l’Etat est d’avis que rupture ne signifie pas prendre une hache pour tout casser, le changement doit se faire au niveau moral et comportemental avant tout.

S’agissant de rupture sur le plan comportemental justement, Niasse invite les parlementaires à faire preuve de hauteur et de respect mutuel dans les débats, en lieu et place des «diokharbi» et «tessanté» (invectives et insultes). Selon lui, l’Hémicycle ne saurait être le lieu d’un certain type de débats au risque d’être transformé en grand’place. «Dans une démocratie majeure, un certain type de débats a sa place dans des espaces de discussions ouverts à tous les citoyens, l’Assemblée nationale ne saurait être transformée en agora ou grand’place où les dernières rumeurs sont débattues, nous refusons cela, nous sommes des représentants du peuple.»

Le président de l’Assemblée nationale souhaite par ailleurs que les députés soient davantage présents sur le terrain, afin de mieux prendre en charge les préoccupations du peuple. Il souligne qu’à cet effet, des mesures nouvelles sont prises pour cette troisième année de mandat, avec des visites organisées à l’intérieur des structures et instruments de développement, dans les régions et dans les départements du Sénégal pour s’imprégner des progrès réalisés, des efforts en cours, des réformes mises en œuvre et des retombées réalisées ou attendues en faveur des populations. «Pour chacune de ces visites, un dossier technique est en cours d’élaboration, à partir d’un schéma technique précis, les députés recevront ces dossiers, et examineront le contenu, puis se rendront sur le terrain. De retour à Dakar, ils élaboreront un rapport sur chaque projet», soutient-il.

SOURCE:http://www.gfm.sn/renouvellement-du-bureau-de-lassemblee-nationale-niasse-rempile-avec-tout-le-bureau-sortant/