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justice

Le meurtre de Bassirou Faye ne serait pas hasardeux. En analysant les éléments à charge,  il ressemblerait plus à un assassinant par préméditation qu’à une bavure policière. Après l’arrestation de Tombong Walli, présumé meurtrier, les questions restent entières et énigmatiques. Règlements de comptes au sein de la police ? Règlements de comptes politiques ? Walli reste un Tombong d’interrogations…

 

L’affaire Bassirou Faye, assassiné dans l’enceinte universitaire le 14 août, risque de provoquer de nouveaux rebondissements. L’arresta­tion de Tombong Walli, considéré comme le présumé meurtrier de l’étudiant diourbellois, ouvre un chapitre de questions qui permettront d’éclairer cet obscur assassinat. Jus­qu’ici, les faits entourant ce dossier excluent l’idée d’une bavure policière. Le mobile du crime reste à déterminer par les enquêteurs qui ont réussi à cerner le présumé meurtrier au bout de deux mois, avec le concours d’expertises balistiques et d’investigations fouillées.  

 

 

Dès les premières heures de l’enquête, les 25 policiers, qui étaient sur le terrain le jour du drame, ont rendu leurs armes réglementaires. Ainsi que le stock de 5 balles qui leur est fourni. La hiérarchie policière a reçu les 25 armes des 25 policiers réquisitionnés. Bien sûr, il manquait celle de Tombong Walli. Même si les soupçons ne se tournaient pas vers lui. L’expertise balistique a réussi à disculper les 25 flics avant que l’enquête ne s’oriente vers le jeune flic. 

Filé par la Division des investigations criminelles (Dic), il sera  confondu par l’enquête. En plus de l’arme de service qu’il détenait, il avait à sa disposition un pistolet automatique qu’il avait subtilisé à l’un de ses collègues, ainsi que ses balles. Ces faits sont en train de créditer la piste d’un meurtre prémédité. Il profite à qui ? Qui est le commanditaire ? Règlements de comptes politiques ? Règlements comptes au sein de la hiérarchie policière ? 
Aujourd’hui, les connexions entre Tombong Walli et d’autres milieux ne sont pas exclues pour tenter d’expliquer ce crime. Dès les premières minutes de l’affaire Bassirou Faye, des voix au sein de l’establishment de la police avaient indexé un dérèglement du commandement. Entre les lignes, on indexait le management de la Directrice générale de la Police nationale (Dgpn). Dans les rangs de la hiérarchie, on dénonçait surtout sa gestion rigide des hommes. Alors qu’ils étaient habitués à un système beaucoup plus souple. Cette méthode avait secoué certains agents qui profitaient plus de la bête qu’ils ne la servaient. Dans la presse, les salves de contestations prenaient de l’ampleur chaque jour pour remettre en cause son accession à la tête de la prestigieuse Dgpn.

Règlements de comptes au sein de la police ?
 Il ne faut pas oublier que des réactions machistes avaient escorté sa nomination au lendemain du scandale de la drogue. Les hommes étaient paumés de déception avec cette révolution imposée à certains caciques qui se pourléchaient les babines après le limogeage du commissaire Abdoulaye Niang. Et qui se repositionnent pour toucher le graal. Il n’est guère superflu que le mobile du crime soit rattaché à cette contestation interne dont l’objectif final était de mettre à nu sa gestion. In fine, elle aurait été limogée si le plan ourdi avait fonctionné à merveille. Le témoin-clef de l’affaire, Set Diagne, avait soutenu que le tireur était en contact avec «un commandant» à travers son appareil de communication avant d’appuyer sur la gâchette. L’ordre vient-il de là ? On ne sait pas encore. Un officier de police explique son étonnement : «A l’école de police, personne ne touche à ce type d’arme. C’est après la formation que vous avez droit à manipuler ces armes mais au niveau de l’unité où vous êtes affecté. Et là aussi, si vous prenez les armes lors des opérations de maintien de l’ordre, vous les rendez aussitôt que la mission est terminée. Un policier ne peut détenir à son bon vouloir une arme.»
Par ailleurs, l’enquête de personnalité a révélé des éléments troublants, qui n’ont pas fini de sidérer ceux qui l’ont approché. Il a déjà été noté son fort penchant envers les drogues dures. Dans certains milieux, on arrive à en faire des rapprochements saugrenus qui rappellent les vieux démons de la police secouée l’année dernière, par un scandale de trafic qui mettait en cause l’ex-Dgpn (Abdoulaye Niang) avant son blanchiment par la justice. Les cartels de drogue auraient-ils réussi à infiltrer la police en tentant de déstabiliser la hiérarchie. En tout cas, la présence de cet élément «incontrôlé» à l’Ucad alimente une série de questions que l’arrestation de Tombong Walli ne pourra pas étouffer.  

Un flic dans la mafia ?
En vérité, le meurtre de Bassirou Faye est entouré de nombreuses zones d’ombre. Au-delà du présumé tireur,  la piste du commanditaire de ce meurtre  est un écheveau à démêler pour l’enquête. Dès les premiers instants, on avait agité la piste politique qui viserait à déstabiliser le régime de Macky Sall. Il est vrai que certains responsables de l’Etat avaient pensé qu’il y avait une main derrière l’agitation des étudiants de l’Ucad multipliant les «fronts» pour réclamer le paiement de leurs bourses. La poudrière a explosé le 14 août avec l’assassinat de Bassirou Faye qui n’était pas sur l’avenue Cheikh Anta Diop, épicentre de la contestation estudiantine. Ce meurtre a provoqué la désescalade à l’Ucad après que les étudiants ont décidé de quitter le campus à cause de l’insécurité régnante. Cette arrestation a ramené le calme. On reste, néanmoins, face à un Tombong d’hypothèses pour chercher à savoir celui est derrière l’arme du crime. 
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Source: http://www.lequotidien.sn/index.php/la-une2/7373-arrestation-du-presume-tueur-de-bassirou-faye-tombong-de-questions