Report des élections locales au plus tard le 28 mars 2021 les «dialogueurs» plutôt préoccupés par un code consensuel

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L’amendement fait par le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye sur le projet de loi n°15/2019 portant report des élections locales, en fixant notamment la nouvelle date au plus tard le 28 mars 2021, a suscité beaucoup de réactions. Toutefois, du côté des acteurs politiques, en l’occurrence Benoit Sambou du pôle de la majorité, Déthié Faye des non-alignés, tout comme Tamba Danfakha de l’opposition, tous prenant part au dialogue politique en cours, l’accent est mis sur la nécessité de procéder à l’audit du fichier électoral et à l’évaluation du processus électoral, plutôt que sur la date des élections en tant que telle, même si des lenteurs ont été notées.

De toute évidence, les acteurs politiques, parties prenantes au dialogue dans la commission cellulaire, sont pour la recherche d’un Code consensuel, d’abord. DETHIE FAYE, COORDONATEUR DU POLE DES NON-ALIGNES : «Ce qui est fondamental, c’est le Code consensuel»

La date proposée par le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, dans son amendement apporté au projet de loi n°15/2019 portant report des élections locales et prorogation les mandats des conseillers départementaux et municipaux, à savoir la tenue des élections locales au plus tard le 28 mars 2021, est jugée relativement longue par certains acteurs politiques. Des suspicions y sont d’ailleurs nées, car certains avancent l’idée d’un calcul politique fait à dessein par le régime en place pour avoir des motifs de report des prochaines législatives, prévues en 2022, dans le but de les coupler avec la présidentielle de 2024. Ce qui ne semble pas être l’avis du président du parti Cdr/Fonk sa Kaddu non moins coordonnateur du pôle des non-alignés au dialogue politique. Joint par la rédaction de Sud Quotidien hier, mercredi 6 novembre, Déthié Faye semble croire à la bonne foi du gouvernement.

Pour lui, «le délai fixé par le gouvernement, en réalité, c’est une question de formalité légale. C’est-à-dire d’essayer de rendre beaucoup plus rassurant le projet de loi. C’est pour respecter la tradition». Il pense, en fait, que ce qui est fondamental c’est moins la date retenue pour les élections que le «Code électoral consensuel». Dans la mesure où, selon lui, d’autres échéances avaient été retenues pour les locales, des encadrements avaient été faits, sans que les élections ne se tiennent à date échue. Allusion faite à la date du 1er décembre 2019, précédemment retenue lors du premier report.
 
Toutefois, Déthié Faye déplore les lenteurs notées dans la requête faite au gouvernement par les acteurs au dialogue. «Depuis le 8 août, nous avons adressé une correspondance pour dire que nous voulons qu’un cabinet d’experts indépendants fasse l’évaluation et l’audit. A ce jour, on ne peut pas vous dire où en est le gouvernement sur cette affaire ?», fait-il remarquer pour s’en désoler. Donc, pour lui, c’est sur cette question que les non-alignés attendent le régime en place.  
 
TAMBA DANFAKHA, MEMBRE DU POLE DE L’OPPOSITION : «Le ministre a été dans la logique du dialogue»
 
Du côté de l’opposition, la position semble se rapprocher de celle donnée par les non-alignés, même si Tamba Danfakha, Secrétaire général adjoint de l’Union nationale patriotique (Unp) et membre du pôle de l’opposition précise qu’il n’en a pas encore discuté avec ses camarades. A son avis, la démarche du ministre Aly Ngouille Ndiaye est tout à fait «logique». Il pense, en fait, que «le ministre a été dans la logique du dialogue. En tout cas, il n’y a pas quelque chose qu’on peut lui reprocher puisqu’en fait, ce sont certains membres du dialogue qui avaient demandé une date précise». D’autant plus que, poursuit-il, «il y avait beaucoup de bruits qui courraient sur l’intention du gouvernement de coupler les Locales avec les Législatives en 2022». Donc, se voulant optimiste, il estimera qu’il était question pour le ministre de l’intérieur de répondre «aux préoccupations de ceux qui se sont alarmés» et non «un calcul quelconque».

Ainsi donc, il considère que le processus qu’il faut, à savoir l’audit du fichier électoral et l’évaluation du processus électoral par un cabinet d’experts indépendants, sans oublier l’acheminement du projet de loi à l’Assemblée pour la modification du Code électoral, nécessitent assez de temps. Sur ce point précis, le Secrétaire général adjoint de l’Unp soutient «qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat». Ce qui semble préoccuper en réalité le plénipotentiaire de l’opposition dans la commission cellulaire du dialogue politique, «c’est le lancement de l’audit du fichier et de l’évaluation du processus électoral».
 
BENOIT SAMBOU, COORDONNATEUR DU POLE DE LA MAJORITE : «Si on fait du forcing au niveau du dialogue politique, on risque de gâcher l’essence et les objectifs du dialogue»
 
Du côté de la majorité, l’on rame tout naturellement dans le sens de l’amendement du ministre Aly Ngouille Ndiaye. En effet, le coordonnateur du pôle de la majorité, Benoit Sambou, qui rappelle qu’il y a beaucoup de questions «importantes» qui doivent être traitées, dont notamment le statut de l’opposition et de son chef, celle du parrainage, etc., pense que cela nécessite «beaucoup de tact et de confiance entre les acteurs». Toute chose qui lui fera dire que «si on fait du forcing au niveau du dialogue politique, on risque de gâcher l’essence et les objectifs du dialogue». Donc, il pense qu’une date exacte sera retenue dès que l’évaluation sera terminée. Sur ce point, il renseigne que l’Union européenne a déjà mis sur la table une enveloppe pour accompagner le processus. Mais, il est contre toute idée de circonscrire le dialogue politique dans le temps. Parce que, pour lui, «il faut créer les conditions d’un dialogue permanent» et pourquoi pas, «continuer de dialoguer, même après les Locales», préconise-t-il.
 
Répondant, par ailleurs, à ceux qui pensent que la non-installation du président du comité de pilotage du dialogue national peut plomber l’ensemble des travaux réalisés par la commission cellulaire du dialogue politique, Benoit Sambou rétorque que «ça n’a rien à voir avec le dialogue national». Il soutient que pour les dispositions nécessaires à l’audit du fichier et à l’analyse du processus électoral, les questions peuvent être adressées directement au gouvernement. Pour cause, il informe que le président de la République est «le maitre d’œuvre du dialogue national». La preuve, fait-il remarquer, en dépit de l’inaction du comité de pilotage du dialogue national, les autorités ont pris des actes pour repousser les élections, après le consensus trouvé au niveau du dialogue politique.
 
 D’ailleurs, informe-t-il, «lors de notre dernière réunion, mandat a été donné au Général Niang de trouver les voies et moyens d’informer le président de la République des sollicitations des parties prenantes au dialogue politique pour que la question de l’évaluation puisse se faire».
Donc, il rassure que dès que le président est saisi, des dispositions seront prises pour le démarrage des travaux.
 
Il n’a pas manqué de confier que le président a reçu, récemment, Famara Ibrahima Sagna et que son installation ne devrait pas tarder.

 

source: http://www.sudonline.sn/les-dialogueurs-plutot-preoccupes-par-un-code-consensuel_a_45342.html