Dakar - Épidémie du coronavirus en chine le marché du centenaire éternue, mais ne s’enrhume pas

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Plus de 1000 morts, 42.000 personnes contaminées depuis le premier cas de l’épidémie de coronavirus en fin décembre 2019 en Chine. Conséquences : restrictions de circulation, mises à l’arrêt des usines, fermetures des commerces…

En raison de l’épidémie du coronavirus ou 2019- ncov, l’activité des entreprises chinoises est très fortement perturbée. Et les objectifs de croissance du pays sont déjà revus à la baisse. Mais au-delà de la Chine, premier importateur et exportateur au monde, c’est l’ensemble de l’économie mondiale qui est susceptible d’être affectée par la baisse de ses activités. C’est le cas au Sénégal. Immersion au Boulevard du Centenaire. Dakar, dans un espace aussi stratégique que le boulevard général De Gaulle communément appelé «Allées du Centenaire», commerçants chinois et commerçants sénégalais vivent en parfaite cohabitation. Pour certains commerçants où la plupart se procurent leurs marchandises en Chine, le virus coronavirus n’entrave pour l’instant en rien leur commerce.

 
Pour El hadji Gaye, jeune vendeur de sacs en provenance de la Chine, au boulevard du Centenaire, le virus coronavirus n’affecte en rien son travail. «Pour l’instant il n’y a aucun impact sur mon travail. Peut-être le coronavirus coïncide avec les fêtes de l’année en Chine. Et même s’il n’y avait pas le 2019-ncov, nous les commerçants, en ce période de l’année, n’allons pas en Chine», explique le jeune commerçant. Toutefois, s’est-il empressé de préciser, si le virus persiste et qu’il n’y’a pas de solutions «nous aurons de sérieux problèmes pour mener à bien notre travail». Même réponse pour ce vendeur de chaussures qui préfère garder l’anonymat, mais selon qui, le virus ne leur empêche pas de travailler pour le moment. «Nous avions commandé nos marchandises et d’ici fin avril nous n’aurions pas de problèmes», confesse le commerçant. Selon toujours notre interlocuteur, si la maladie est toujours là d’ici fin avril «ils vont trouver d’autres solutions pour se procurer leurs marchandises».
 
En revanche, pour Abdoulaye Niang, propriétaire d’un magasin de vaissellerie, il y’a un blocage sur leur travail à cause du coronavirus. «Ça handicape notre travail parce que la totalité de nos marchandises vient de la Chine. Or, les personnes ne peuvent se rendre en Chine et ceux qui sont là-bas ne peuvent pas rentrer. Cette «quarantaine» touche les différentes villes où nous faisons la navette pour acheter nos marchandises». Pour ce commerçant, les commerçants africains sont trop dépendants de la Chine parce que selon lui «les pays africains n’ont fait aucun effort dans le domaine industriel et la transformation. Par conséquent, si la maladie persiste, ça aura des difficultés énormes et ça va impacter sur l’économie de nos pays» conclut-il. A noter que pour les commerçants chinois trouvés au lieu, c’est motus et bouche cousue.
 
MOUNIROU NDIAYE, ECONOMISTE : «pas d’impacts économiques négatifs pour le moment»

 
«Je ne vois pas d’impacts économiques négatifs pour le moment. Ce n’est pas encore ressenti. Maintenant, ce qu’il faut savoir, c’est que la Chine est un explortateur vers le Sénégal et que tous les produits que la Chine exporte sont des substituts à des produits qui sont au Sénégal. C’est-à-dire des produits qui existent au Sénégal. Donc, il n’y a pas pour le moment d’inquiétudes à avoir. C’est même un avantage parce qu’il faut savoir que les Chinois sont arrivés en masse et ont occasionné la récupération de beaucoup d’activités qui étaient jadis faites par les Sénégalais. Par exemple à Ngaye, les chaussures, les sacs, même sur le plan du textile, les Chinois arrivent à reproduire des produits qui étaient commercialisés par les Sénégalais. Les Chinois étaient venus avec des tarifs plus faibles pour récupérer ces produits-là. Ce qui avait même causé beaucoup de dégats de la part des Sénégalais sur le plan de l’artisanat, de textile ainsi de suite. Même si sur le plan de l’électroménager, ils étaient aussi venus concurrencer la Corée du Sud, le Japon, l’Europe. Ce qui qu’il faut en revanche redouter, c’est l’augmentation des prix si les produits chinois venaient à disparaître du fait du coronavirus. Il nous faudrait trouver des produits alternatifs. Ces produits-là sont plus chers parce que ce sont des produits de qualités venant d’Europe, du Japon etc. Les chinois proposaient des produits moyens chers. Quant aux produits locaux, les chaussures de Ngaye, les sacs vendus sont légèrement plus chers que ceux qui vendent les Chinois et d’ailleurs c’est à cause de cela que les Sénégalais ayant un pouvoir d’achat faible, s’étaient rabattus sur les produits Chinois. Aujourd’hui, le fait que ses produits n’arrivent plus de la Chine, risque de créer de pénurie. Il faut s’entendre en perspective à une augmentation des prix, parce que les Chinois offraient des produits moyens chers» 

 

source: https://www.sudonline.sn/le-marche-du-centenaire-eternue-mais-ne-s-enrhume-pas_a_46428.html