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  Sud vous propose, dans le cadre de la visite du président de la République, Macky Sall, dans la région naturelle de la Casamance du 19 au 25 février prochain, une série de dossiers sur les régions de Kolda, Sédhiou et Ziguinchor. Il mettra, au-delà du folklore, le doigt sur les vraies priorités des populations dont le cri de détresse est étouffé par le show de politiciens qui sont, nuit et jour, au service de leurs intérêts personnels. Le tour d’horizon démarre avec Kolda (ce lundi) puis Sédhiou (demain mardi) et enfin Ziguinchor.  

 

Le président de la République va revenir à kolda pour inaugurer le pont reliant la capitale du Fouladou. Macky sall va aussi faire une virée à Anambé, plateforme importante dans la stratégie d’accélération de la cadence de l’agriculture. Mais cette accélération vacille avec une incapacité d’acheter la production arachidière. Les paysans circulent avec leurs bons impayés. Le chef de l’Etat va aussi être confronté aux urgences dans une des régions des plus enclavées et véritables désert infrastructurels. Présentation des potentiels et contraintes d’une région dotée par la nature et plombée par plusieurs contraintes.

 

 
 
«Nous avons plusieurs rencontres pour réserver une mobilisation exceptionnelle au président de la République ». Cette phrase, les partisans du chef de l’état, Macky Sall, vous la répètent comme un hymne. Et pourtant, durant ces réunions préparatoires jamais il n’est question d’exposer au Président les préoccupations et les réalités d’une «région où richesse et pauvreté se côtoient du fait des limites des stratégies  de valorisation du capital humain, naturel et physique et d’optimisation des pôles de croissance et d’équilibre du territoire ». Pour reprendre cette formule du document préparatoire du conseil des ministres tenu à kolda il y a quelques mois.
 
Toujours dans ce document il est indiqué que plus de trois quart de la population régional vit au-dessus du seuil de pauvreté, avec  un taux de pauvreté de 76,6% contre une moyenne nationale de 46,7%, selon les résultats de l’ESPS de 2011.
 
L’accès aux services sociaux de base est encore très faible. Au vu des statistiques de 2011. Pour le système éducatif, tel qu’appliqué dans la région, il n’a pas encore permis à chaque enfant ou adulte d’effectuer des études générales jusqu’à l’enseignement supérieur ou d’accéder à une formation professionnelle et technique adéquate. En effet, selon les statistiques de l’année scolaire 2011, 44% des enfants n’achèvent pas leur cycle scolaire dans l’élémentaire, 34% abandonnent les études dans le secondaire, 67 % ne réussissent pas au BFEM et 74% au baccalauréat. D’après l’EDS (IV), 49,8% des hommes et 68,3% des femmes (âgés de six et plus) n’ont reçu aucune instruction. Dans le même sillage, en 2011, le taux des abris provisoires reste encore important (33,71% à l’élémentaire et 39.13% au moyen secondaire) dans une région à forte pluviométrie. Pratiquée en 2011 dans 206 structures avec un effectif de 7 173, dont la plupart (95%) est constituée de femmes, l’éducation non formelle (écoles communautaires de base et les centres d’alphabétisation) peine à combler le taux d’analphabétisme encore établi à 60%. Sur la même période, la formation technique professionnelle se fait dans 7 structures dont  4 publiques et 3 privées qui ont  permis à 475 jeunes (en majorité des filles) de se former. Malheureusement, l’essentiel des formations n’est pas adapté aux besoins des territoires. 
 
UN LYCEE ENTIEREMENT EN ABRIS PROVISOIRE
 
Un tour au Lycée de Médina yéro foulah où aucune salle de classe n’est encore construite. Un lycée entier en abris provisoire. Les sortants de centres de formations peinent à trouver un emploi. A l’image de Yama, une jeune fille diplômée en cuisine au Cretef de kolda, cherchant désespérément emploi.
 
UNE SANTÉ ENCORE MAL LOTIE
 
Le secteur sanitaire est marqué par un déficit sur toute la ligne avec un fort taux de morbidité et de mortalités maternelles et néonatales : un faible taux de détection et de guérison de la tuberculose, un taux de plus de 2% de prévalence du vih. 
 
UN HÔPITAL POUR 620 013 HABITANTS
 
En fait, les taux de couverture de la région en infrastructures sanitaires (1 hôpital pour 620 013 habitants, 1 centre de santé pour 206 671 habitants, 1 poste de santé pour 13 192 habitants) sont très loin des normes établies par l’OMS. Au niveau des structures publiques, le personnel existant est estimé à 1 agent de santé pour 1 582 habitants, 1sage-femme pour 7558 en âge de reproduction au lieu de 300, 1 médecin pour 56 364 au lieu de 10000. L’essentiel des chirurgiens (5/6) sont en service au Centre Hospitalier de Kolda. Pour rationaliser  les ratios en personnel de santé, il est nécessaire de mettre à disposition 53 médecins, 48 infirmiers, 70 sages-femmes et autant de gynécologues). 
 
L’Enquête Démographique et de Santé V, réalisée en 2010-2011 par l’ANSD fournit d’autres indicateurs alarmants : 57% des accouchements sont effectués hors des structures sanitaires, 44% des enfants de moins de 5 ans ont un retard de croissance, 7% des enfants de moins de 5 ans sont émaciés, 26% des enfants de moins de 5 ans accusent une insuffisance pondérale, 83% des enfants de 6 à 59 mois sont anémiés. Dans la région de Kolda, le taux de mortalité infanto-juvénile est établi à  145%0. Les résultats de l’EDS montrent aussi que 2,4 % des adultes (hommes/femmes) sont séropositifs contre un taux national de 0,7%.
 
Pour la santé de la mère et de l’enfant, les chiffres sont parlants. Le taux de prévalence contraceptif est de 9,2% en 2013 . Le nombre de décès lié au paludisme enregistré est de 62, les décès liés au vih dans les structures sanitaires est de  47. Pour le vih le nombre de personnes mise sous traitement ARV pour 2013 est 935. Une association de personnes vivant avec le vih Ballondiral tente de freiner cette progression en déroulant des programmes de soutien aux pairs et d’informations pour ne pas être une porte d’entrée du virus. Mais Ballondiral nage dans de grosses difficultés, pas de soutien des autorités pour maintenir cette alerte. Pour vaincre le vih faut obligatoirement impliquer les personnes déjà infectées en les octroyant des moyens pour freiner la propagation, explique la présidente de la structure. Pour la tuberculose les décès sont à hauteur de 21 sur les 241malades suivi en 2013.
 
Le besoin en personnel est réel au district de Médina Yéro Foulah, plus vaste que certaines régions. Il n’y qu’un seul médecin. Le responsable du district dés qu’il bouge pour une réunion, plus de médecin dans cette zone vaste enclavée.
 
ASSAINISSEMENT ET L’EAU POTABLE EST ENCORE TRES FAIBLE AU FOULADOU
 
Le taux d’accès global à l’eau  potable dans la région de Kolda est de 43.3% sur une moyenne nationale de 81.10% et l’accès par AEP est de 15% sur une moyenne nationale de 64%. Sur la base des données d’inventaire de 2011, le taux de couverture géographique global à l’eau potable dans la région de Kolda a été établi à 35.95%. On relève 21 localités (33%) de plus de 1000 habitants qui n’ont pas accès à l’eau potable et 27 localités (54%) de plus 1000 habitants qui n’ont pas accès par AEP. 
 
Sur la même période, la moyenne régionale du taux d’accès des ménages à l’assainissement amélioré est estimée à seulement 5%, nettement  en dessous de la moyenne nationale établie à 34,3 %(Revue Annuelle PEPAM 2012). Etabli à 57 %, le taux d’équipement en édicules publics des infrastructures socio-économiques cache des disparités surtout au niveau des écoles, si l’on tient compte des  ratios (effectif / cabine) dans chaque Edicule Public.
 
Dans le département de Médina yéro foulah certains puits tarissent en saison sèche. La corvée de l’eau y est permanente.
 
MEME SITUATION POUR L’ENERGIE ET LES TELECOMMUNICATIONS
 
 En 2011, dans  la région de Kolda, seuls 21% des ménages ont accès à l’énergie électrique dont le service est très insuffisant du fait des coupures intempestives,  et une indisponibilité de l’éclairage public à des heures tardives.  Les statistiques de 2002 montraient que la lampe tempête (44%) et la lampe à pétrole (38,7%) constituent les modes d’éclairage les plus utilisés par les ménages. Les combustibles constituent la principale source d’énergie domestique occasionnant ainsi une dégradation profonde et continue des ressources forestières. Plus de 91% des ménages de la région utilisent le bois comme source d’énergie contre seulement 1,6% pour le gaz butane.
 
AVIS ET COMMUNIQUES RELAYES PAR LES RADIOS GAMBIENNES
 
Pour la communication, le déficit est criard il y a des zones comme kéréwane dans le département de Médina Yéro Foulah où les populations sont connectées au réseau Gambien. Les avis et communiqués sont directement relayés par les radios Gambiennes. Le taux d’accès à l’ordinateur et aux technologies de l’information et de la communication tourne autour de 0,10% des ménages, en particulier en zone urbaine.
 
AGRICULTURE, UN POTENTIEL ENCORE SOUS EXPLOITE
 
Actuellement, seuls 25% des surfaces cultivables de la région sont exploitées. Parfois avec du matériel obsolètes, des techniques d’un autre âge. L’agriculture, en dépit du fait qu’elle mobilise plus de 80 % des actifs de la région, dont elle assure de 70 à 80 % des revenus, est encore très loin de réaliser tout son potentiel contributif dans l’alimentation des populations et, généralement, le développement économique de la région. Certes, elle bénéfice d’une bonne disponibilité en sols fertiles, d’une bonne pluviométrie (moyenne de 1100 mm), d’une réelle densité du réseau hydrographique et d’un accès relativement facile (dans certaines zones) aux nappes et d’une diversité des spéculations pratiquées: cultures céréalières (mil, maïs, riz, sorgho, fonio), cultures de rentes (arachide, coton, sésame), exploitations fruitières (anacardier, manguier, oranger, citronnier) maraîchage (légumes
 
Kolda reste la première région cotonnière, mais la production ne cesse de baisser à cause de la pluviométrie et du rendement des terres aujourd’hui usés par les eaux ruisselantes.
 
ELEVAGE. UN POTENTIEL IMPORTANT MAIS TARDE ENCORE A ETRE VALORISE
 
Des études réalisées dans la région montrent que les filières lait, viande et miel font partie des plus porteuses de croissance. La valorisation de ce capital pastoral bute sur des contraintes, dont la traduction en termes de problématiques d’aménagement du territoire, l’insuffisance des infrastructures de conservation et de transformation adéquates; l’enclavement interne et externe de la région ; les faibles disponibilités en ressources humaines capables de développer une économie pastorale à la mesure des potentialités disponibles dans la région ; l’insécurité du capital liée à la porosité des frontières, au faible maillage sécuritaire, favorisant les vols du bétail, au déficit d’infrastructures de santé animale ; l’insuffisant accès aux institutions de financement du crédit agricole ; l’insuffisance et l’inadéquation (lorsqu’ils existent) des parcours de bétails, alors que les modes d’exploitation sont encore largement sous exploitées.
Le problème de l’eau chez les éleveurs reste une réalité. A côté des difficultés de sécurités aujourd’hui prient en chargent par les populations avec un comité de vigilance qui a mis la peur dans le camp des délinquants.
 
POTENTIEL HYDRAUGRAPHIQUE
 
La région de Kolda est naturellement dotée d’immenses ressources en eaux fluviales et souterraines.  Le réseau hydrographique  est composé de la Casamance, du complexe Kayanga-Anambé et des  affluents du fleuve Gambie : Sofaniama et le Koulountou. L’Anambé et la Kayanga, cours d’eau temporaires, arrosent la zone de Kounkané dans le département de Vélingara. Cependant, les effets dépressifs non compensés des sécheresses successives et, surtout, l’exploitation non rationnelle des cours d’eau, conjuguée à la dégradation des forêts et des sols, sont en train  de grever tout ce potentiel hydrique. Les contraintes majeures liées à l’aménagement du territoire sont :  l’ensablement et l’obstruction des cours d’eau, et leur érection en dépotoir ;  l’inapplication de la réglementation en matière d’occupation du domaine fluviomaritime ;  la gouvernance inadaptée des écosystèmes fluviaux et lacustres ;  les effets non compensés des aménagements hydroagricoles, le système de drainage défectueux entrainant des phénomènes de pollutions et de contamination par les produits chimiques (fertilisant pesticides engrais etc.) ; cette situation est aggravée par le fait que le contrôle de l’entrée, dans le territoire national, des produits phytosanitaires, est rendu complexe du fait de la porosité des frontières (avec trois pays : Gambie, Guinée-Bissau, Guinée Conakry) et du déficit des moyens de contrôle et de vérification de l’homologation de ces produits.Indique un document réalisé par l’ard DE KOLDA.
 
LA FORET UN POTENTIEL EN SURSIS
 
La foresterie occupe une place importante dans le développement économique et social de la région et devrait pouvoir contribué pour une part beaucoup plus importante dans la valorisation des ressources locales. La région couvre une superficie de 2 101 100 ha de forêts dont 334 333 ha sont classés. Les formations forestières recèlent de fortes  possibilités  de production de bois d’œuvre, de produits de cueillette, de charbon de bois, de bois de chauffe et de service. L’exploitation forestière est entièrement domiciliée dans les forêts aménagées. A ce jour, six (06) forêts aménagées pour une superficie totale de 114 451 ha abritent l’essentiel de l’exploitation forestière dans la région ; ce qui représente environ 45% du quota national. Au total, ce capital demeure insuffisamment valorisé, en dépit d’une végétation riche et variée. Il est surtout valorisé, suivant des modes d’exploitation inadéquates qui n’en assurent ni un impact sur la situation socioéconomique des populations des zones concernées, ni un usage durable et une préservation pour les générations futures. Le constat est  une dégradation continue des écosystèmes forestiers, une baisse de produits forestiers non ligneux (madd, gomme mbepp, gomme arabique, huile de palme, etc.). Il y’a un changement de structure de la végétation, une réduction de sa densité et une faible connaissance du potentiel végétal et sa dynamique. Les facteurs de dégradation des ressources forestières sont le résultat de diverses pressions (Naturelles, anthropiques, institutionnelles). Le phénomène du pillage de la forêt par des braconniers venus de la Gambie a fini de défigurer le couvert végétal. Les autorités depuis le départ du ministre Haidar sont plus dans la théorie que dans l’action pour arrêter ce phénomène.
 
Quant au potentiel faunique de la région, il est constitué de gibier à poil et à plume, dont l’exploitation n’a encore que des effets induits très limités sur les économies locales. Les espèces sont le phacochère, le Guib harnaché, les singes, les tourterelles, les francolins, les pintades, les perroquets, les pigeons verts, etc font le bonheur des chasseurs.
 
UN PONT QUI COUPE LE PASSAGE VERS D’AUTRES INFRASTRUCTURES 
 
A kolda, le président va inaugurer le nouveau pont réalisé dans le cadre du MCA, mais le problème des infrastructures est très loin d’être régler. Le département de Médina yéro foulah est le seul dans le pays où on ne se trouve aucun km de Goudron. Des cadres de la région avaient émis un vœu de réalisation de 200 km de Goudron pour désenclaver ce département devenu le nouveau bassin arachidier. En plus de la construction d’un aéroport sous régional. Mais le plus grand souhait des koldois reste sans nul doute le dragage du Fleuve Casamance dans sa partie traversant Kolda.
Les autres contraintes restent l’enclavement légendaire du fouladou. Aujourd’hui une nouvelle ligne aérienne tente d’aider à sortir kolda de cette situation, mais le coût est encore très élevé

source: http://www.sudonline.sn/retour-dans-une-zone-ou-tout-est-encore-prioritaire_a_23139.html