Boffa Bayotte
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Casamance

 Les responsables de l’Église catholique ne sont pas les seuls à s’inquiéter de la situation qui prévaut actuellement en Casamance, à la suite de la tuerie survenue dans la forêt de Boffa-Bayotte, le samedi 6 janvier dernier. Interpellés hier, lundi 15 janvier, sur les risques de voir les cinq (05) ans d’accalmie remis en cause par la traque des auteurs de cette tuerie lancée par l’armée sénégalaise et la menace d’une reprise des hostilités armées annoncée par «Atika», l’aile combattante du Mfdc dirigée par César Atoute Badiate, les acteurs de la société civile au niveau local sont unanimes pour appeler l’Etat et le Mfdc à la retenue et à la sauvegarde du processus de paix en cours. MME ALIMATOU SOUARÉ, PRÉSIDENTE DE L’ONG KAGAMEN : «On doit tout faire pour éviter que cette situation ne nous ramène à la case de départ»

 

Ce qui s’est passé à Boffa est un incident très regrettable. Nous souhaitons que cela ne se reproduise plus en Casamance et nous prions pour cela. Par ailleurs, nous appelons tout le monde à la retenue. Nous invitons tous à prier Dieu, source de toute paix, de faire pleuvoir sa paix dans notre pays. Dieu ne va laisser notre espoir d’une paix définitive en Casamance anéantie par des personnes mal intentionnées. Nous qui sommes engagées depuis 1981 dans le processus de la recherche de la paix, nous commencions à avoir l’espoir que la paix est enfin là. Nous allons donc, nous, femmes de la Casamance, renforcer notre mobilisation pour la paix. Nous appelons tout le monde au calme.

A l’heure actuelle, les responsabilités n’ont pas encore été situées, on ne connait pas l’identité des responsables de cette tuerie, On ne sait pas non plus si c’est un acte de sabotage ou pas. Jusqu’à la publication des conclusions de cette enquête, les gens doivent éviter certains propos. On doit tout faire pour rester dans cette dynamique de l’accalmie. La Casamance a assez souffert de ce conflit. Auparavant, personne n’osait sortir de chez lui, maintenant, les gens sortent même la nuit tranquillement et les villages autrefois abandonnés ont vu leurs habitants revenir. N’en parlons pas des braquages sur les routes qui ne sont plus d’actualité. On doit tout faire pour éviter que cette situation ne ramène à la case de départ. J’invite tout le monde à la retenue. La presse doit aussi jouer pleinement son rôle dans cette dynamique de renforcement de la paix. On doit tous éviter des accusations infondées et des déclarations inopportunes. 
 
IBRAHIMA KA, PRÉSIDENT RÉGIONAL DU CONSEIL D’APPUI AU DÉVELOPPEMENT (CONGAD) ZIGUINCHOR : «L’Etat doit garder assez de lucidité... pour ne pas tomber dans un piège»

Nous condamnons vigoureusement ce qui s’est passé à Boffa. C’est un acte de barbarie, de lâcheté que nous ne saurions cautionner. Sous ce rapport, nous incitons l’Etat à aller au bout de cette enquête et situer les responsabilités. Nous sommes également heureux que le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) ait sortie un document pour se démarquer de cette barbarie en affirmant sa disponibilité à mener en interne une enquête pour également situer les responsabilités. Nous pensons que les deux parties (Etat du Sénégal et Mfdc) devraient savoir raison garder et éviter d’arriver à une situation d’escalade de la violence.  Malgré son caractère barbare et absolument déplorable, nous pensons que cette tuerie ne doit pas remettre en question le processus de consolidation de la paix. L’Etat doit garder assez de lucidité et prendre suffisamment de hauteur  pour ne pas tomber dans un piège qui lui ferait faire des erreurs au risque de remettre en question les négociations en cours et tout le processus de paix.

L’armée doit faire son travail tout en ne perdant pas de vue qu’on est dans un contexte de consolidation de la paix. Autrement dit, les enquêtes en cours ne doivent pas remettre en question le processus de paix aussi bien du côté de l’armée que celui du Mfdc. En ce qui nous concerne, nous la société civile, nous continuerons à faire notre travail de sensibilisation, de plaidoyer et au besoin un travail de facilitation pour essayer d’amener les deux parties à prioriser les concertations pour la consolidation de la paix par les négociations autour d’une table. 
 
SEYNOUBA MAR CISSÉ, PRÉSIDENTE DU COMITÉ RÉGIONAL DE SOLIDARITÉ DES FEMMES POUR LA PAIX EN CASAMANCE “USOFORAL” : «Cela ne devait en aucun cas... être une remise en cause totale de cette accalmie...»

Il faut travailler à la sérénité des différents acteurs. Ce qui s’est passé à Boffa est douloureux. C’est très dur surtout pour nous, les femmes, d’assister comme ça à des massacres de nos enfants. Cependant, cela ne devait en aucun cas, vraiment, être une remise en cause totale de cette accalmie que nous avons connue depuis presque cinq ans. Sous ce rapport, nous appelons tous les acteurs, notamment l’Etat et le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance, les hommes politiques de tous bords à la sérénité. Nous invitons tout le monde à regarder ce que nous a coûté l’option d’une solution violente de ce conflit depuis les trente-cinq ans qu’il a duré. Nous pensons que cette solution violente n’a pas résolu le problème.  Même si notre appel à aller vers la table de négociation semble ne pas encore trouver une oreille attentive auprès de l’Etat et du Mfdc, il faut reconsidérer à notre avis la réponse au problème. Aussi bien du côté des forces de sécurité que celui de ceux qui interviennent dans les médias ou encore du Mfdc, nous appelons à la retenue. Nous sommes pour la recherche des auteurs de cette tuerie afin qu’une sanction sévère leur soit infligée parce que nous sommes dans un Etat de droit et personne n’a le droit de se faire justice soi-même même si on pense qu’on est lésé. Nous pensons également que cette recherche des auteurs pour les mettre à la disposition de la justice doit passer par une enquête et l’opinion doit être aussi au courant de l’état d’avancement de cette enquête. Nous devons être informés des éléments qui permettent de présumer que la vingtaine de personnes arrêtées ont quelque chose à voir avec ce drame que nous continuerons à condamner. Nous pensons aussi qu’on doit nous expliquer pourquoi il y a des tirs à l’arme lourde et un regain des braquages au niveau de certains axes routiers. En attendant, il faut que tout le monde sache raison garder.
 
PAIX DEFINITIVE EN CASAMANCE : Le Conseil national du laïcat interpelle Etat et acteurs

Le Conseil national du laïcat s’incline devant la mémoire des disparus et demande la poursuite des efforts pour l’avènement d’une paix définitive en Casamance  À travers une déclaration rendue publique hier, lundi 15 janvier, le Conseil national du laïcat qui est une structure qui regroupe l’ensemble des mouvements et associations catholiques a lui aussi condamné fermement la tuerie de Boffa. Qualifiant ce drame d’«acte inqualifiable qui contraste avec la bonne dynamique de paix qui semblait prévaloir sur le terrain», le Conseil national du laïcat n’a pas manqué par ailleurs d’interpeller et d’encourager l’Etat du Sénégal et tous les autres acteurs à poursuivre leurs efforts pour l’avènement d’une paix définitive dans la partie sud de notre pays».

S’inclinant devant la mémoire des 14 personnes qui ont perdu la vie, lors de cette tuerie survenue dans la forêt de Boffa-Bayotte le samedi 6 janvier dernier, le Cnls a également tenu, toujours dans cette déclaration, à présenter ses condoléances les plus attristées aux familles respectives des disparues ainsi qu’à toute la Nation sénégalaise. Pour conclure, le Conseil national du laïcat du Sénégal citant le Psaume 84 prie pour l’«Amour et vérité se rencontrent, Justice et Paix s’embrassent, la Vérité germera de la terre et du ciel se penchera la Justice, le Seigneur donnera ses bienfaits ». Mais aussi que «l’Emmanuel, le prince de la Paix que nous avons accueilli à Noël, veille sur notre cher Sénégal».

 

source:http://www.sudonline.sn/la-societe-civile-locale-calme-le-jeu_a_37913.html