Décès du guide des thiantacounes Cheikh Bethio Thioune tire sa révérence

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 Le guide des Thiantacounes est décédé en France hier, mardi 7 mai, quelques heures après le verdict de la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Mbour le condamnant à la peine de 10 ans de travaux forcés suite aux meurtres de ses disciples Bara Sow et Ababacar Diagne. Administrateur civil de formation, il s’est distingué de par sa proximité avec l’ancien Khalife général des mourides, Serigne Saliou Mbacké. Cheikh Bethio Thioune n’est plus.

Le guide des Thiantacounes a tiré sa révérence hier, mardi 7 mai à Bordeaux en France, au lendemain de sa condamnation par la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Mbour suite aux meurtres de ses disciples Ababacar Diagne et Bara Sow. Dès l’annonce de son décès, de nombreux disciples, abattus et inconsolables, ont convergé vers la demeure du Cheikh à Mermoz. Et, au nom de la famille, le fils aîné de Cheikh Béthio, Serigne Saliou Thioune «Gueule Tapée», a donné rendezvous à tous les Thiantacounes, dès ce mercredi 8 mai, à Médinatoul Salam, le village de retraite spirituelle du Cheikh, où une prise en charge totale leur sera assurée jusqu’à l’arrivée de la dépouille mortelle de leur guide religieux, d’ici samedi. En attendant le ndiguël sur son inhumation. Cheikh Béthio Thioune est né vers 1938 à Madinatou Salam, près de Mbour. Connu pour son appartenance à la communauté mouride, il fut auparavant administrateur civil. Il est de la promotion de 1976 de l'Ecole nationale d'administration et de magistrature (ENAM). A sa sortie d’école, il est nommé administrateur municipal de Diourbel, où il accueille, en 1977, la première fête de l'indépendance du Sénégal organisée hors de la capitale et présidée par le président Senghor. Parmi les faits marquants de la vie de Cheikh Bethio Thioune, il y a sa rencontre avec l’ancien Khalife général des mourides. C’était dans la journée du 17 avril 1946. Il avait à peine 8 ans lorsque, accompagné de son frère Guillé Thioune, il rencontre le 5e Khalife général des mourides, Serigne Saliou Mbacké. C’était à Tassette, village situé dans le département de Mbour. La vie de Cheikh Bethio Thioune a connu un déclic lorsqu’en 1987, Serigne Saliou Mbacké le hisse au rang de Cheikh. Un «privilège» qu’il ne manque de célébrer à travers des Thiant. 
 
En mars 2012, lors de l’élection présidentielle, Cheikh Bethio Thioune s’était illustré par sa consigne de vote en faveur du président Abdoulaye Wade. Un soutien qui a fait un grand bruit à l’époque et qui n’a pas donné les résultats escomptés. Ses talibés n’ont pas pu réélire Me Abdoulaye Wade, battu au second tour par le candidat Macky Sall. Un mois après cette présidentielle, les déboires judicaires du guide commencent. En effet, dans la soirée du dimanche 22 avril 2012, une bagarre a éclaté à son domicile à Médinatou Salam. Deux de ses disciplines y ont perdu la vie. Bara Sow et Ababacar Diagne ont été enterrés en catimini par la suite. Après la découverte macabre, Cheikh Bethio Thioune, est mis aux arrêts par la Gendarmerie de Mbour. Il est placé sous mandat de dépôt, le 26 avril 2012, pour association de malfaiteurs, complicité de meurtre, recel de cadavres, port d’armes sans autorisation administrative, infraction sur la loi sur les inhumations. Il passe plusieurs mois en détention à la Maison d’arrêt et de correction de Thiès. Le 23 avril 2019, il est jugé par contumace par la Chambre criminelle du Tribunal d’instance de Mbour. Un procès au terme duquel il a été décidé une scelle de ses biens, et une condamnation à 10 ans de prison. 
 
A MERMOZ, CHEZ CHEIKH BÉTHIO Les Thiantas inconsolables !
 
L’animateur Oumaro est arrivé pieds nus. Le regard perdu, un sentiment de tristesse et de colère, il s’affale devant les grilles du portail de la demeure du «Cheikh» à Mermoz. Comme lui, constate Emedia, nombre d’autres «Thiantacounes», disciples de Cheikh Béthio Thioune, commencent ont pris d’assaut la maison du guide religieux. Ils ne savaient plus où donner de la tête, telle l’annonce de la mort de Cheikh Béthio Thioune, condamné, hier lundi, 6 mai, à 10 ans de travaux forcés, a été un coup dur. De l’extérieur, on entend des cris. Une femme s’affale au sol, se roule par terre. «Ils l’ont tué», hurle-t-elle de douleur. Seuls les disciples, amis, parents et sympathisants sont autorisés à accéder à la maison. Les journalistes sont pris pour cibles. Insultés et chassés, ils ont prié de quitter les lieux. Circulez, il n’y a rien à voir !

source: https://www.sudonline.sn/cheikh-bethio-tire-sa-reverence_a_43865.html