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Mendicité

Pourquoi la mendicité est une vieille pratique au Sénégal ? Abdou Fodé Sow, responsable de l’Ong Intermondes, essaie de donner une réponse à cette question. «La première chose que le Sénégalais fait en se réveillant, c’est de donner l’aumône. La crise aidant, cette pratique est devenue un fonds de commerce pour certains marabouts», dit-il. La pauvreté est aussi l’une des causes citées par Raoul Latouffe, président de la Coalition nationale des associations et Ong en faveur de l’enfant (Conafe-Sénégal).

Celui-ci distingue deux sortes de mendicité : «La mendicité à allure de socialisation au cours de laquelle le marabout demande au talibé d’aller dans une ou deux maisons demander l’aumône et de rentrer.» A côté de celle-ci, «il y a la mendicité forcée des enfants qui a une dimension socio-économique. Ici, les marabouts envoient les enfants dans la rue mendier à longueur de journée, et je les appelle les exploitants d’enfants.» Malheureusement, ce dernier type de mendicité est la plus en vue aujourd’hui. Elle est causée par «les problèmes économiques auxquels sont confrontées les familles, surtout de l’intérieur. Celles-ci laissent dans ce cas leurs enfants chez les marabouts sans envoyer de l’argent. Et les exploitants d’enfants en profitent». «Aujourd’hui, les gens croient beaucoup aux sacrifices. Du coup, l’aumône devient de plus en plus récurrente. Voilà aussi un fait», a expliqué M. Latouffe. Il dénonce le fait que «les produits quémandés par les talibés se retrouvent sur le marché et qui est un fait patent montrant que cette pratique se fait sur fonds de commerce. Et puisque cela marche, peu sont ces talibés qui demandent encore des produits comme du riz, sucre, etc. La plupart demande maintenant de l’argent parce que ce sont les ordres de ceux qui les envoient». 
Parlant de la dimension transfrontalière du phénomène, Raoul Latouffe a confirmé la thèse de la présence d’enfants d’autres nationalités parmi les talibés qui tiennent la sébile dans la capitale : «On enregistre des enfants venus d’autres pays comme la Guinée Bissau, le Mali, la Gambie, etc. Et l’Etat doit prendre ses responsabilités en ce sens. La libre circulation des personnes est acquise au sein de la sous-région, mais laisser passer ces enfants qui ne sont pas emmenés dans la plupart des cas par leurs parents est très dangereux». «C’est une manière d’encourager le phénomène et c’est là que je dis que le soldat à la frontière, qui laisse aussi passer des petits en compagnie des marabouts ou de leurs bras droits, encourage cette mauvaise pratique d’exploitation des enfants», dit-il. A la question de savoir les mesures à prendre pour éradiquer le phénomène, Raoul Latouffe et Fodé Sow sont d’accord sur la prise de mesures idoines par le gouvernement et le rôle à jouer par chacun pour décourager la mendicité forcée. Même s’ils reconnaissent que cela ne sera pas facile.

Stagiaire

 

source:http://www.lequotidien.sn/index.php/component/k2/item/33775-mendicit%C3%A9-au-s%C3%A9n%C3%A9gal--les-causes-profondes-d%E2%80%99une-pratique