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Les perles revêtent une importance culturelle en Afrique. Qu’elles soient portées sur la tête, au cou, aux pieds ou encore autour de la taille, toutes ont la même fonction. C’est séduire. Pour la société sénégalaise, par exemple, parer ses hanches de perles, caractérise la sensibilité et la coquetterie de la femme. D’aucuns diront même que c’est l’un de ses premiers artifices de séduction.

Beaucoup ont cette image de la femme sénégalaise : être «diongué» (séductrice) jusqu’aux ongles. 

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Certaines d’entre elles diront : « il n’y a pas meilleur moyen d’envouter son homme qu avec des bine-bines et dial-diali». Des perles de toutes les couleurs, de formes et de tailles diverses, le tout sur un petit pagne accroché autour des hanches et dont le cliquetis laissent peu d’homme de marbre. Ils ne sont pas insensibles à ces accessoires du jeu érotique. On dit même «qu’utiliser ces artifices jouent sur leur libido». Mais ceux-là qui adorent les «bine-bines» ou «dial-diali», ignorent quasiment tout sur leurs origines.


Aujourd’hui, on ne met plus vraiment l’accent sur ces détails traditionnels féminins, mais cela ne signifie nullement que les femmes s’en démarquent complètement, ou que les hommes n’en veulent plus. Certes de moins en moins la nouvelle génération fait recours à ces «méthodes de grand-mère», mais le marché est encore florissant. La clientèle ? Les hommes eux-mêmes.

Pour les adultes, les «dial-diali» ne doivent jamais disparaitre à cause de leurs multiples fonctions. Non seulement les perles retracent les courbent de la femme et témoignent de sa capacité à retenir son mari, mais aussi elles ont des valeurs mystiques.

Un peu d’histoire…

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Aux temps, il incombait à l’homme d’acheter les «dial-diali» pour sa femme. Quand la femme venait d’être épousée, le mari lui envoyait une valise remplie d effets de toilettes. Vendeuse de perles, de pagnes et de toutes sortes d’artifices pour femmes depuis bien des années maintenant, mère Awa Diop partage ses connaissances sur les origines des «Dial Diali». Devant son étal, la calebasse de perles sur ses jambes, elle les assemble. Selon mère Awa, «la séduction de la femme passe par son corps, et une femme sans “dial-dali” aux hanches, n’en est pas vraiment une». «Quand la femme recevait sa valise d’après mariage, le plus important, c’était les perles. On les appelait les «paatiar» et on les vendait par kilo. La quantité offerte dépendait des moyens du mari. Mais, les hommes en achetaient par kilo. Il les accompagnait de vêtements, de vernis à ongles, de pagnes, de bons parfums et de  chaussures aussi etc. Et c’est lui-même qui devait emmener la valise chez sa nouvelle femme», narre-t-elle.

Les «ferr» étaient de plus grosses tailles. Les grandes personnes disaient qu’une nouvelle mariée ou juste une femme en âge de se marier devait en porter en grand nombre. Les “bine-bines” sont plus fines. «Elles sont destinées aux jeunes filles en âge de mariage», renseigne-t-on. «Cela faisait partie de nos charmes. Une vraie femme quand elle marche, doit dégager une certaine attirance. Le bruit lié aux frottements de ses «ferr» rendait fou le mari ou les hommes aux alentours. On nous apprenait à être coquette et séduisante dans notre démarche. C’était très important», ajoute Awa Diop. Cependant, elle prévient que la femme devait faire ces astuces uniquement pour séduire son homme et pas celui d’une autre.

Le «moromoro» pour enivrer les hommes

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Les jeunes filles dites modernes préfèrent allier cette modernité et la tradition. A en croire la vendeuse, elles ne viennent quasiment plus. «La plupart de celles qui achètent encore ces attirails ne sont pas de la génération actuelle». Mais le plus étonnant, c’est qu aujourd hui, la clientèle de mère Awa est essentiellement constituée d hommes envoyés par leurs épouses.  « Beaucoup d’hommes viennent acheter mes perles pour leurs femmes. Ils sont gênés et ne veulent pas se faire remarquer, alors je leur vends dans la discrétion et je choisis pour eux », confie-t-elle. D’après notre interlocutrice, cette tendance peut s’expliquer par le fait que «les femmes se laissent trop aller dans la modernité, au point d’en oublier leurs traditions». «Les jeunes filles d aujourd hui, elles, n’ont même plus ce temps. Mais les hommes adorent les “dial-diali”, même s’ils ne le disent pas souvent », rajoute-t-elle.

Sur la table de mère Awa, on voit une variété de perles. De toutes les tailles et de toutes les couleurs. Une qui lui tient particulièrement à cœur c’est le «moromoro». Ce sont des perles de couleur marron, assemblées à d’autres catégories. Il faut le plonger dans du parfum pendant des jours avant de le porter. «C’est pour enivrer son homme».

 Un rôle de protection

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 En Afrique de manière générale, on confère aux perles des pouvoirs mystiques. Ce n’est pas seulement pour séduire, mais elles ont aussi d autres «vertus» protectrices. Aux côtés de mère Awa Diop, une autre vendeuse de perles est assise. Fanta, on l’appelle. Mais elle, son domaine ce sont les perles «mystiques». Des colliers pour enfants, adultes, hommes et femmes. Elle relate que le «Pémé» a une vertu de protection contre les mauvaises langues et le mauvais œil. Les perles «isafaar» sont souvent assemblées avec des arêtes de poisson ou des cauris. Elles sont conseillées pour les enfants qui souffrent de maux de ventre fréquents, de dents qui poussent ou de fièvre constante. Selon Fanta, «les féticheurs en utilisent beaucoup. Et en porter peut protéger». «Quand nous étions jeunes filles, on nous disait que porter des perles sur la tête chassait les mauvais esprits. Surtout pour la femme qui regagnait son domicile conjugal, explique-t-elle.

Les perles sont ainsi pour les femmes un moyen de séduction, mais aussi de protection. «La séduction est un art». C’est à la femme de savoir comment manager son jeu, en jouant sur les matériaux et effets pour retenir son homme, tout en demeurant toujours désirable.


 

seneweb News

source: http://www.seneweb.com/news/Societe/bine-bine-dial-diali-ferr-l-affaire-est-_n_155245.html