Les groupes d’insurgés actifs au Mali

TERRORISME
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La situation reste très délicate, dans le nord-est du Mali, en proie aux attaques de groupes terroristes. La ville de Ménaka, en particulier, redoute l’offensive de deux organisations, JNIM et EIGS. Décryptage des groupes qui affrontent l’armée régulière malienne.

Le Bureau du commandant de la force de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali) à Bamako répertorie régulièrement les forces en présence. Comme de nouveaux développements se produisent constamment au sein de certaines alliances, quelques détails peuvent changer régulièrement.

 

 

Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Organisation terroriste silencieuse, résiliente et capable de s’adapter, qui a fait preuve d’une extraordinaire résistance face aux opérations antiterroristes, et qui est née de la guerre civile algérienne. Formée en 1998 sous le nom de Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), son chef a rejeté les tendances plus violentes et exclusives du Groupe islamique armé (GIA) et a notamment concentré ses attaques sur des cibles militaires et gouvernementales plutôt que sur des civils. Le GSPC a officiellement prêté allégeance à Al-Qaïda en 2006 : l’acronyme AQMI a suivi un an plus tard.

Tant le GSPC que l’AQMI ont marqué la première véritable présence djihadiste transnationale dans la région. Ils ont cherché, par le biais de relations locales, une gouvernance de base et une pression militaire pour créer un espace durable dans lequel opérer et, si possible, gouverner le territoire. AQMI a recruté à grande échelle et est opérationnel dans tout le Sahel. La force rebelle la plus dominante au Mali aujourd’hui, elle exerce une forte influence dans les régions du nord qui comprennent Kidal et Tombouctou. La France a retiré ses troupes de Kidal et libérera sa garnison de Tombouctou au début de l’année 2023. Selon toute vraisemblance, elle sera rapidement remplacée par les forces djihadistes une fois l’armée malienne chassée.

 

Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA). Groupe militant d’anciens rebelles touaregs qui opèrent souvent aux côtés des forces françaises et maliennes dans le nord du Mali. Le groupement est également lié à la Coalition des Mouvements de l’Azawad (CMA). La CMA est l’un des groupes signataires des accords de paix d’Alger signés en juin 2015, composé du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), du Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA), et d’une partie du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA-CMA). Ostensiblement, la CMA est unie autour des anciens mouvements indépendantistes du nord du Mali, mais il s’agit plutôt d’une organisation parapluie qui ne représente pas une idéologie unique et unifiée.

JNIM. l’affilié malien d’Al-Qaïda Nusrat al-Islam est une coalition de groupes insurgés salafijihadistes officiellement connue sous le nom de Jama’a Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin’. Il s’agit essentiellement d’une organisation djihadiste militante au Maghreb et en Afrique de l’Ouest, formée par la fusion d’Ansar Dine, du Front de libération du Macina, d’Al-Mourabitoun (AM) et de la branche saharienne d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). On estime que 75 % des événements violents attribués au JNIM sont probablement le fait du Front de libération du Macina (FLM) dans le centre du Mali et le nord du Burkina Faso. Les groupes qui composent le JNIM ne bénéficient pas d’un large soutien populaire. Au contraire, ils exploitent de plus en plus les réseaux locaux de criminalité et de drogue et, dans le cas du FLM, lancent des attaques sporadiques contre des civils qui détruisent parfois des villages entiers.

État islamique du Grand Sahara (EIGS). Cette branche locale du groupe État islamique (ISIS) était issue d’un schisme au sein du MUJAO. Le chef du groupe, l’ancien commandant du MUJAO Adnan Abu Walid al-Sahrawi, a déclaré son adhésion à l’État islamique en mai 2015, bien que l’ISIS n’ait reconnu le serment d’allégeance (bay’a) à son chef Abu Bakr al-Baghdadi qu’en octobre 2016. Au cours des deux ou trois dernières années, le mouvement a perdu une bonne partie de son influence au Mali au profit d’AQMI, plus répandu, en raison de divergences entre les factions. Son chef, Adnan Abou Walid al-Sahraoui (photo ci-dessus), aurait été tué en septembre 2021.

Ansar Edinne. Le groupe est apparu très tôt autour d’un noyau de Touaregs Ifoghas (nord), et a fini par obtenir le soutien d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Il est ensuite devenu une force militaire importante dans la rébellion.

Al-Mourabitoun/MUJAO. Le mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest s’est séparé d’AQMI en octobre 2011, à la suite d’accusations selon lesquelles AQMI était dominé par des commandants arabes ainsi que de critiques sur la manière dont il avait mis en œuvre le djihad. Dès le début, le MUJAO a eu une orientation clairement sahélienne, encadrant sa lutte en termes de jihads historiques combattus dans la région au XIXe siècle et promouvant ouvertement son recrutement d’Africains sahéliens et subsahariens.

Katibat Masina. L’un des groupes armés djihadistes les plus actifs au Mali aujourd’hui. Kouffa était un imam connu dans le centre du Mali pour ses prêches et sa piété à la fin des années 2000, lorsqu’il s’est radicalisé, peut-être après avoir rencontré Iyad Ag Ghali par le biais du mouvement Da’wa, le nom local de la Tablighi Jama’at. Il a rejoint Ansar al-Din en 2012 et a commencé à se réorganiser pour mener une lutte plus concertée dans la région centrale de Mopti. Initialement désigné dans les rapports de presse comme le Front du Libération du Macina, Katibat Macina a commencé à opérer plus publiquement après 2015.

Katibat Sèrma. Selon des sources locales ainsi que des observateurs internationaux de la sécurité, ces groupes constituent un ensemble largement autonome de combattants associés au JNIM.

Ansaroul Islam. A débuté comme une insurrection localisée dans les provinces du nord du Burkina Faso, sous la direction de Malam Ibrahim Dicko. Dicko était un commandant peul lié à Ansar al-Din qui a été arrêté par les forces françaises au Mali en 2015, puis relâché. La première attaque du groupe contre les forces burkinabé a eu lieu en décembre 2016, lorsqu’ils ont tué douze gendarmes à Nassoumbou.

 

source:https://magazinedelafrique.com/politique/les-groupes-dinsurges-actifs-au-mali/?mc_cid=6d60440996&mc_eid=c75cc7b72a