TERRORISME
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 Imam Alioune Badara Ndao et une trentaine d’autres personnes accusées d’actes liés au terrorisme et financement du terrorisme ont fait face au juge de la Chambre criminelle du Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Dakar.  Lors de cette première audience, l’affaire a été renvoyée jusqu’au 14 février prochain pour permettre aux avocats de s’imprégner du dossier mais aussi pour donner la chance à tous les accusés de comparaitre. Car, a regretté le président de l’audience, Malick Lamotte, un détenu a manqué à l’appel. 

Imam Alioune Badara Ndao et des personnes poursuivies pour une liaison à des groupes terroristes, ont été attraits à la barre de la Chambre criminelle du Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Dakar hier, mercredi 27 octobre. Il est issu de cette première audience un renvoi du procès jusqu’au 14 février 2018. A cette date, l’affaire sera jugée en audience spéciale continue jusqu’à l’épuisement de tous les dossiers, précise le président du tribunal. Ce report est du, selon le président de l’audience, Malick Lamotte, à l’absence d’un détenu et au souci de permettre aux avocats commis de s’imprégner du dossier.

Le procès, initialement prévu à 8h30, a démarré 9h41min. Un retard causé par des couacs notés dans l’acheminement des détenus. «Nous étions ici à 8h30 et les détenus n’étaient pas encore là», a expliqué le président de la séance, dès l’entame du procès. Une remarque qui a annoncé le début des travaux. En effet, juste après ces mises au point, le président Malick Lamotte a ouvert l’audience en appelant un à un les personnes incriminées. Ibrahima Ly, a été le premier à comparaitre. Après quelques spéculations sur sa présence ou non, il quitte le box des accusés et rejoint son avocat, Me Ciré Clédore Ly à la barre. Imam Alioune Ndao sera le deuxième détenu à se présenter. A 9h47 minutes, il franchi le seuil du box des accusés, tout de blanc vêtu, un voile sur la tête. Il lance un salamalec à ses souteneurs, et se met face au juge. Il est suivi des dames Coumba Niang et Amy Sall. Ainsi a continué l’appel jusqu’à la fin de la longue liste des personnes incriminées.
 
DE GRANDS NOMS DU BARREAU POUR DEFENDRE LES PREVENUS

 
Des avocats de renom ont enfilé leurs robes pour défendre ces personnes accusées d’actes liés au terrorisme. Me Ciré Clédore Ly assure la défense d’Ibrahima Ly. Imam Alioune Ndao, lui, a plusieurs avocats. Me Mounir Ballal, Babacar Cissé, Moustapha Ndiaye et Cheikh Bamba Sylla sont les conseils choisis. Me Demba Ciré Bathily est l’avocat d’El Hadji Mamadou Ba. Me Assane Dioma Ndiaye, Me Amadou Dialy Kane et Me Mbaye Séne font aussi parti du pool d’avocats chargés de défendre les prévenus. A signaler qu’à la fin de l’audience, les gendarmes en service dans la salle ont eu d’énormes difficultés pour contenir la foule surexcitée. Certains citoyens venus prêter main forte à des proches, ont pu aller jusqu’aux premiers rangs. Les forces de sécurité ont été très présentes à l’extérieur de la salle, par contre. Des portiques ont été installés à l’entrée de la salle.
 
TROIS PROCES EN UN
 
Nombre de conseils de la défense ayant été commis d’office, il ya moins d’une semaine, la Chambre criminelle a finalement décidé de laisser du temps à ces avocats pour mieux s’imprégner du dossier. En réalité, il s’agit de trois affaires complexes enrôlées. Entre autres, il y a celle dite de l’imam Alioune Badara Ndao, avec un plus grand nombre de coaccusés, une trentaine, soupçonnés d’être liés les uns aux autres, au sein d’un réseau avec à leur tête le responsable religieux soupçonné d’entretenir un projet d’installation d’un groupe terroriste au Sénégal. Ce que rejettent, en revanche, leurs avocats soulignant le lien n’est pas clairement établi. S’y ajoute Makhtar Diokhané, ancien élève de l’imam, qui a lui aussi fait face au juge. D’ailleurs, c’est suite à l’arrestation, en 2015, de cet homme accusé d’avoir combattu dans les rangs de Boko Haram, que les enquêteurs ont révélé avoir ensuite démantelé le fameux réseau sénégalais.
 
PROCES DE PRESUMES TERRORISTES : Le Palais de justice affiche le plein

Le procès de l’imam Alioune Ndao et les personnes poursuivies pour terrorisme ouvert hier, mercredi 27 décembre au palais de justice Lat Dior de Dakar, a mobilisé beaucoup de monde. De très nombreuses personnes ont fait le déplacement, causant ainsi un accès difficile au palais de justice. Les entrées sont filtrées par des gendarmes. Scanners et portiques de sécurité, tout est en place. De très longues queux sont formées de part et d’autres du tribunal. C’est dans une salle archi comble que s’est déroulée l’audience. Venu prêter main forte à des proches, beaucoup ont craqué à l’annonce du renvoi de l’audience en regardant les détenus regagner le box des accusés.  Plusieurs dizaines de sympathisants ont scandé «Allahou Akbar» (Dieu est grand) et ont entouré certains des prévenus. Bref, il y avait donc beaucoup de tension, autour de ce procès, une première au Sénégal qui n’a jamais été la cible d’une attaque terroriste mais qui a durci le contrôle et sa loi anti-terroriste ces derniers mois. 
 
DEFENSE DES PREVENUS : Les avocats crachent sur le dossier du parquet
 
Me Mouhamadou Moustapha Dieng a demandé, au nom des avocats de la défense, que le parquet revoie le dossier qui leur a été transmis. Selon la robe noire, le document dont dispose les avocats de la défense est peu volumineux et moins lisible que celui remis au juge. Pis, ajoute-t-il, le document n’a pas été donné à temps aux conseils.
 
Ce qui lui fait dire qu’il y a manquements dans la procédure et inégalité des armes entre le parquet et les avocats de la défense. «Les dossiers de nos clients n’ont été mis à nos dispositions que tard dans la soirée d’hier. Il y a l’absence d’égalité des armes entre le parquet et les avocats de la défense. Parce que le dossier que détient le parquet ne correspond pas au petit extrait qui nous a été communiqué. Il y a des manquements et la communication ne permet pas aux avocats de pouvoir s’imprégner profondément du contenu. Pour qu’il puisse y avoir un procès équitable.»
 
Abondant dans le même sens, Me Assane Dioma Ndiaye, a dit que le délai qui avait été donné pour parcourir le dossier était très court. «Je pense que c’était un renvoi nécessaire. C’est un dossier volumineux et il n’a été mis à la disposition des avocats qu’hier. 24h pour éplucher un tel dossier est une mission quasi impossible» note-t-il. Pour Assane Dioma Ndiaye, «il était important qu’on renvoie cette affaire pour que tous les avocats puissent s’imprégner des dossiers et surtout que les conditions d’un procès juste et équitable soient réunies.»


Car, «c’est une affaire extrêmement importante, l’enjeu est important. C’est la première affaire qui sera jugée en matière de terrorisme pour des incriminations plus ou moins très vagues: «apologie du terrorisme, affiliation à Daesh», des choses un tout petit peu inconnues des Sénégalais. Aujourd’hui, il faut qu’on donne un aperçu concret à ces choses. Cela fera jurisprudence. C’est ce qui explique la mobilisation des avocats.»
 
Le président de Ligue sénégalaise des droits humains de relever que «tous les accusés clament leur innocence. Aucun d’eux n’a revendiqué un acte terroriste. Donc, à partir de ce moment, c’est vraiment important que la sérénité revienne, qu’on puisse juger cette affaire dans des conditions qui puissent permettre que la lumière puisse jaillir… Si le procès se tient dans la sérénité, il n’y a pas de dérapage à craindre».
 
Le président du tribunal, Malick Lamotte, a rassuré les avocats. «Toutes les conditions nécessaires à un procès juste et équitable seront réunies», a-t-il promis. Mieux, il envisage même de rencontrer tous les avocats commis dans le dossier pour des échanges. Une copie électronique du dossier sera envoyée aux avocats, a-t-il indiqué.
 
 
MALICK LAMOTTE CHOISI POUR LE JUGEMENT DE IMAM NDAO ET CIE : Un homme du sérail aux commandes

C’est une grosse pointure de la magistrature sénégalaise qui a en charge le dossier des présumés terroristes. Le président Malick Lamotte, puisque c’est de lui qu’il s’agit, fait parti des juges qui ont eu à gérer de grands dossiers dans l’histoire judiciaire nationale. Nommé président du Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Dakar en 2015, c’est à lui qu’est revenu le jugement du maire de Mermoz Sacré-Cœur, Barthelemy Dias, poursuivi dans l’attaque de sa marie ayant occasionné la mort du jeune Ndiaga Diouf, en décembre 2011. Le saccage du siège du Parti socialiste, imputé au maire de la Médina, Bamba Fall, et d’autres jeunes supposés proches du maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, a été également confié à Malick Lamotte. L’affaire de la drogue de l’hôtel Lamantin Beach, à l’origine des ennuis judiciaires du promoteur de lutte Luc Nicolaï a été aussi gérée par l’actuel président du Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Dakar.

 

source:http://www.sudonline.sn/imam-ndao-et-cie-juges-en-audience-speciale-continue_a_37685.html