Drogue
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Au mois de juillet 2013, la police a fait les choux gras de la presse, avec un trafic de drogue décelé au sein même de l’organe censé le combattre. En juillet 2014, c’est la gendarmerie qui fait parler d’elle. Mais cette fois-ci, ce n’est pas une affaire de trafic de drogue, mais plutôt de plusieurs affaires aux senteurs très nauséabondes. De la corruption en passant par le détournement, beaucoup de délits, entretenus par le général Abdoulaye Fall, aujourd’hui en mission au Portugal comme ambassadeur, sont visés. De quoi amener la justice à s’autosaisir de cette affaire pour situer les responsabilités. 

Après la police, c’est la gendarmerie qui passe chez le coiffeur. Le livre-révélation du colonel Aziz Ndaw, dont une partie a été publiée hier par nos confrères de L’EnQuête, peut se résumer ainsi. L’auteur du brûlot a mis à nu des pratiques ahurissantes pour ne pas dire invraisemblables au sommet de la gendarmerie. Tout comme le commissaire Cheikhna Cheikh Saad-Bouh Keïta de la police, qui parlait en connaissance de cause, de trafic de drogue en leur sein, on peut dire sans risque de se tromper que le colonel Ndaw sait aussi bien de quoi il parle, pour avoir été pendant des années le numéro 2 de la gendarmerie. «Marchés nébuleux, corruption, montages, manipulation de la plus haute autorité de l’Etat, détournements et même banditisme», le colonel Ndaw a véritablement mis les pieds dans le plat et avec la manière. Dans un livre de 251 pages, il a révélé la vraie face de la gendarmerie et des hommes qui la dirigent. 
La police a ses trafiquants de drogue, mais la gendarmerie, elle, a ses «escrocs» et autres «corrompus» à la tête desquels on retrouve le général Abdoulaye Fall, selon le colonel Ndaw qui n’a pas mis de gants le concernant. Actuellement en poste au Portugal comme ambassadeur du Sénégal depuis sa retraite, le général Fall doit être entendu par la justice de ce pays. Jusqu’où ces révélations du colonel Ndaw sont-elles vraies ? Le général Fall doit apporter sa part de vérités dans cette affaire qu’on ne doit pas négliger, comme cela a été le cas avec la police. Parce qu’il se dégage un parfum de «haute trahison» surtout quand un général de l’Armée du Sénégal est accusé de «complicité avec des indépendantistes armés» au sud du Sénégal. Pis encore, il a, selon son accusateur, volontairement trompé le chef de l’Etat de l’époque, non seulement pour s’enrichir personnellement, mais aussi pour enrichir des chefs rebelles au détriment de nos vaillants soldats. 
Le procureur de la République doit s’autosaisir de cette affaire, en entendant les deux parties et ouvrir dans la foulée une information judiciaire. A y voir de près en effet, cela ressemblerait bien à une mafia au sein de la gendarmerie, longuement entretenue par les responsables de ce corps d’élite. 
Tout comme Le Quotidien, qui avait révélé le scandale de la drogue dans la police, L’EnQuête a publié un livre-scandale sur la gestion de la gendarmerie. Le journal de Point E devrait sans doute s’attendre à une campagne de diabolisation, orchestrée par des éléments de la gendarmerie, mais l’on ne doit surtout pas occulter l’essentiel : situer la responsabilité des uns et des autres. Car il y a va de l’image même du Sénégal.

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source:http://www.lequotidien.sn/index.php/la-une2/7116-apres-la-drogue-dans-la-police--boite-de-pandore-pour-letat