Orientation des bacheliers 2019 les inquiétudes des parents d’élèves

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Comme leurs enfants, les associations de parents d’élèves et d’étudiants du Sénégal ont exprimé leurs inquiétudes sur les orientations des bacheliers. Ils oscillent entre satisfaction de la dématérialisation des procédures d’orientation pour plus d’équité, le déficit de communication auprès des concernés et le délai très court donné aux bacheliers pour les inscriptions. ABDOULAYE FANE, PRESIDENT DE L’UNAPEES : «Il serait bien d’aligner le numérique à d’autres formes de communication pour informer les bacheliers»


 
«Nous apprécions la mise en place d’une telle plateforme tendant à dématérialiser les procédures d’orientation. En revanche, il se pourrait qu’il ait des dysfonctionnements liés au nombre de bacheliers, notamment 56 mille élèves. Certains bacheliers contactés sont satisfaits de leur orientation. Il appartient au ministère de corriger au fur et mesure les carences. Je rappelle qu’il y a des bacheliers dans certaines zones périphériques n’ont pas accès à l’internet. Il serait bien d’aligner le numérique à d’autres formes de communication pour informer les bacheliers.
Le délai de 7 jours donné aux bacheliers pour s’acquitter des frais d’inscription est très court. Il faudrait que les autorités sachent que les parents sont très fatigués. 25 mille ne sont pas à la portée de tous. Il fallait au moins donner jusqu’au 05 décembre pour le paiement. 
 
DAME SECK, SG FENAPES : «Il n’y a pas eu cette rectification jusqu’à présent»
 
«Nous avions approuvé la plateforme campusen parce qu’il y avait un problème d’équité qui n’était pas du tout respecté. Depuis hier (mardi, Ndlr), nous recevons des plaintes. Des parents d’élèves n’ont pas compris les affectations des bacheliers par-ci et par là. Cela leur a beaucoup inquiété. Nous nous sommes adressés particulièrement à la direction de l’enseignement supérieur public qui nous a renseigné pour dire que le logiciel a eu un bug. Les techniciens sont en train de travailler là-dessus. Patience et rigueur sont pour le moment requis pour que les choses entrent dans l’ordre. C’est ce message que nous lançons aux parents pour leur dire que les choses vont rentrer incessamment dans l’ordre. Il n’y a pas eu cette rectification jusqu’à présent (Avant-hier, Ndlr). Le délai de 7 jours pour s’inscrire, n’est pas court, du moment que le bachelier est d’accord avec sa filière d’admission. 
 
SEYDI ABABACAR NDIAYE, ANCIEN SG SAES : «Tous les bacheliers ne doivent et ne peuvent pas aller à l''université»
 
Sous son magistère à la tête du syndicat autonome de l’Enseignement supérieur (Saes), Seydi Ababacar Ndiaye s’est toujours prononcé, entre autres points, sur l’initiative de la plateforme campusen. Sa position a-t-elle varié ? Non ! En effet, Seydi Ababacar Ndiaye soutient : «Campusen est un très bon outil en ce qu'il permet d'éviter les doublons notés dans le passé». Il n’en demeure pas moins, selon lui, que «tout programme informatique peut connaître un bug». Avec son franc-parler qu’on lui connaît, le président de la coalition nationale pour l’éducation pour tous déclare : «tous les bacheliers ont droit à l'Enseignement supérieur mais tous les bacheliers ne doivent et ne peuvent pas aller à l''université». En ce sens, il préconise «de livrer au plus vite l'université Amadou Mactar Mbow de Dakar (UAM) et l'université Sine-Saloum d’El Hadji Ibrahima Niasse de Kaolack (USSEIN) tout en terminant les éternels chantiers des universités actuelles».
 
Vous avez certainement entendu parler des dysfonctionnements notés sur l’orientation des bacheliers 2019. Est-ce une surprise pour vous, qui avez toujours dénoncé les failles du système ?
 
De prime abord, il faut comprendre que tout programme informatique peut connaître un bug, c’est-à-dire un dysfonctionnement comme vous le dites. Il faut aussi savoir que cette plateforme avait été conçue au départ par et pour l’université Gaston Berger (UGB).
Quand le Recteur de cette université (Mary Tew Niane, Ndlr) est devenu ministre l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR), il a généralisé pour en faire la plateforme d’orientation des bacheliers. Il faut reconnaître que des corrections ont pu être apportées au fur et à mesure car, un tel système a besoin d’être énormément renseigné pour en tirer le meilleur profit.  C’est vrai que nous avions profité de la rectification de la Loi Cadre organisant les universités publiques pour commettre deux de nos experts. Ceux-ci ont pu, dans un premier temps démontrer, à partir d’hypothèses les failles qui en découleraient puis ont proposé un document technique au MESR. Je ne puis dire la suite réservée à cette proposition.
 
Au regard du processus d’orientation, la plateforme ne remet-elle pas en cause l’autonomie des instances pédagogiques, même si l’article 3 de la Loi Cadre est clair sur la question ?
 
Oui ! C’est le fameux débat entre le fait que l’orientation relève du «pédagogique» ou de «l’administratif». En mon sens, la question a été mal posée. En effet, l’orientation est administrative en ce qu’elle provient du ministère de tutelle alors que l’admission relève du pédagogique car étant du ressort des départements. Seuls ceux-ci sont en mesure d’affiner les critères de sélection et déterminer le nombre de places disponibles tout en respectant un taux d’encadrement raisonnable. 
 
Que faire pour une orientation efficace et efficiente pour les demandeurs ?
 
Campusen est un très bon outil en ce qu’il permet d’éviter les doublons notés dans le passé. En effet, à l’époque, un étudiant pouvait demander et être accepté dans plusieurs universités à la fois car, celles-ci avaient des cloisons étanches. Au bout du compte, on arrivait à des faux taux de bacheliers soi-disant non orientés. Aussi faut-il séparer l’orientation (MESRI) de l’admission (universités). Le problème est que les capacités d’accueil actuelles des universités publiques ne permettent pas d’admettre tous les bacheliers. Il faudra donc livrer au plus vite l’université Amadou Mactar Mbow de Dakar (UAM) et l’université Sine-Saloum d’El Hadji Ibrahima Niasse de Kaolack (USSEIN) tout en terminant les éternels chantiers des universités actuelles. Enfin, les recommandations de la CNES de 1992-93 réitérées par celles de la CNAES de 2013, tardent à être suivies quant à la mise en place de «formations professionnalisantes courtes». Il faut oser le dire : tous les bacheliers ont droit à l’Enseignement supérieur mais tous les bacheliers ne doivent et ne peuvent pas aller à l’’université.
 
par Ibrahima BALDE

 

source: http://www.sudonline.sn/les-inquietudes-des-parents-d-eleves_a_45488.html