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cultureLes Journées mondiales de la Jeunesse à Kaolack les 7, 8 et 9 février ont réuni finalement quelque 18.000 jeunes du Sénégal et de la sous-région. Au lendemain de la clôture qui a eu lieu lors de la messe du dimanche au stade Lamine Gueye, l’abbé Raphaël Ndiaye, directeur des œuvres diocésaines et responsable de l’organisation centrale des JMJ, tire un pré-bilan à chaud marqué par une note de satisfaction. 

Abbé Raphaël Ndiaye, un jour après la clôture des JMJ de Kaolack dans le faste, la joie et la communion fraternelle, quelles conclusions pouvez-vous en tirer à chaud ? Peut-on dire que les objectifs de l’organisation ont été atteints ? 

Je voudrais d’abord dire qu’au matin de ce jour, après les JMJ, mon sentiment est d’abord de rendre grâce à Dieu pour tous les bienfaits que nous avons vécus ensemble durant tout ce week-end avec les jeunes. Autour de nos pasteurs, nous avons vécu de grands moments de joie, de fête, de partage dans ce qui fait l’essentiel de notre foi. Faire un bilan est un peu tôt, il faudrait évaluer la participation et l’organisation. Nous ferons ce bilan dans quinze jours. D’abord la dernière assemblée générale le 22 février et à cette date nous voulons clôturer le dossier JMJ. 
Aujourd’hui je peux simplement dire que les participants sont repartis avec le sentiment d’avoir vécu une expérience essentielle, les Journées mondiales de la jeunesse, c’est un pèlerinage où on va à la rencontre du Seigneur Jésus-Christ et on prend le temps pour l’écouter, pour lui parler et vivre ce grand moment avec d’autres frères et sœurs dans la foi ; je crois que cela était l’essentiel. Les grandes activités depuis le vendredi avec l’accueil jusqu’aux catéchèses du samedi, le festival du samedi soir et la grande messe du dimanche, je crois que toutes ces grandes activités ont répondu à l’objectif des JMJ et nous remercions Dieu d’avoir permis de vivre ces grands moments de joie.

Que peut-on dire sur la logistique qui a permis de réaliser ces objectifs, les moyens techniques, les aides et soutiens des services de l’Etat, le concept « Armée Nation » mis en œuvre par nos militaires ?
Pour relever le défi, il nous a fallu mobiliser des moyens techniques, financiers et humains. Des personnes ont fait preuve d’une grande générosité et nous ont offert gratuitement leur savoir-faire et leur accompagnement. Je pense aux personnes qui ont travaillé dans toutes les commissions, dans le comité d’organisation et à tous ces jeunes du diocèse de Kaolack qui se sont mobilisés comme une seule force dans l’installation et aujourd’hui même dans la désinstallation des équipements divers. Nous allons faire le tour de tous les sites qui ont accueilli les jeunes, particulièrement les établissements scolaires et secondaires de la ville et les rendre propres et remettre le matériel qui a été mis à notre disposition.
Les femmes se sont fortement mobilisées dans le diocèse et nous avions des craintes sur notre capacité à donner à manger à tout ce monde, mais les femmes ont su relever le défi.
Les moyens techniques, nous en avons ; et pour accueillir tous ces gens, il a fallu mettre en place d’autres infrastructures complémentaires pour les héberger. Ce dispositif, nous avons pu le réussir grâce à l’Etat et aux divers partenaires qui ont mis à notre disposition des véhicules, des chauffeurs et du matériel (tubes, bâches, matelas, etc.). Tous ces gestes et ces actions sont un motif d’action de grâce et de remerciement pour tous ceux qui ont participé à la réalisation des JMJ de Kaolack.
 Les moyens financiers n’ont pas manqué non plus. L’essentiel du budget des JMJ relève de la participation des jeunes, ce n’est pas simplement des dons et le produit des ventes, ce sont les jeunes eux-mêmes qui ont apporté leurs cotisations pour l’organisation, à raison de 7500 francs pour chaque jeunes à Kaolack, certains dans le diocèse ont même élargi la fourchette des participations de 15 à 60 ans, une façon de s’impliquer davantage. Les jeunes venus de Thiès et de Dakar devaient participer avec 5000 francs et 3000 francs pour les jeunes de Tambacounda, Saint-Louis, Ziguinchor et Kolda. Les étrangers ont bénéficié de la gratuité et nous les avons accueillis dans l’esprit de la « Teranga ». 
Il faut noter et saluer la participation de l’Etat sénégalais qui nous a également appuyés financièrement. Je crois d’ailleurs que c’est la première fois que l’Etat soutient financièrement l’organisation des JMJ. Globalement, le soutien financier de l’Etat avec la Présidence, la Primature, les ministères de la Jeunesse, de l’Intérieur, des Forces armées, de la Santé, de la Famille, de la Culture, tout cela réuni est une masse financière de 30 millions de francs. Sans compter les autres matériels mis à notre disposition. A côté, il y a aussi des partenaires, sociétés et personnalités qui, par les liens, leurs affections, leurs amitiés, ont apportés beaucoup de soutiens.      

La bonne cohabitation religieuse à l’occasion de cet événement a été donnée en exemple par Mgr Benjamin Ndiaye qui a souligné les prières du Khalife El Hadj Ibrahima Niasse pour le bon déroulement de l’événement, comment avez-vous ressenti ce dialogue ?
Nous vivons une cohabitation vraiment appréciable et cela fait l’identité de notre cher Sénégal. Je crois, à la lumière même des activités que nous avons faites, que cela relève de notre culture, des Sérères, des Diolas, des Mancagnes, Sérères nones, Sine-sine, Papel, Lébous, des Portugais etc., tout cela relève de notre culture et c’est une force pour le Sénégal. Pourquoi la cohabitation islamo-chrétienne est parfaite au Sénégal, c’est parce qu’elle repose sur le tapis de nos valeurs culturelles. Ces valeurs demandent aux populations de pouvoir partager l’essentiel de la vie, le cousinage à plaisanterie a permis de dépasser ce qui pourrait être des contradictions. Les JMJ sont chrétiennes, mais toutes les personnes de bonne volonté, tous ceux qui veulent partager avec nous les aspirations de la jeunesse y sont les bienvenus.  

Quelle a été l’ampleur réelle de la participation interterritoriale ? 
Le Togo, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, la Gambie, la Mauritanie, il y a eu des Espagnols et également des individualités comme celles venues de France. Cela veut dire qu’on a ouvert l’événement à la dimension interterritoriale.

L’estimation sur la participation des jeunes a été revue à la baisse au moment de l’ouverture des JMJ, quel a été finalement l’importance de cette participation ?
Les estimations ont été revues à la baisse, elles étaient basées sur les chiffres données par les différentes organisations des JMJ et compte tenu du fait que Kaolack est un carrefour central sur le plan géographique par rapport aux autres villes du pays. Ce qui a beaucoup influé, c’est la période des examens que nous n’avions pas vraiment prise en compte et beaucoup de jeunes n’ont pu venir à cause de cela. Mais la baisse n’est pas si grande, on finish on peut avancer entre 16 et 18 mille participants aux JMJ.

 Quel dernier message voudriez-vous laisser en conclusion de cette grande et belle organisation ?
Rendre grâce à Dieu tout d’abord et lui demander de continuer à répandre sur tous les jeunes qui ont participer à ces JMJ et sur nos pays et nos voisins d’abondantes grâces et aider à la paix en Afrique.
 Nous voulons aussi demander à ce que nous soyons unis dans la prière, à la mémoire des deux jeunes gendarmes décédés le vendredi matin sur la route en venant à Kaolack. Ils étaient en mission pour la sécurité de l’organisation des JMJ. Nous sommes en communion de prière pour le repos de leur âme. Cet accident nous a fait beaucoup de peine et nous demandons à ces deux jeunes gendarmes d’intercéder pour tous les jeunes du Sénégal afin qu’ils deviennent comme eux de bons serviteurs de leur pays.

Propos recueillis par Jean PIRES

SOURCE: http://www.lesoleil.sn/index.php?option=com_content&view=article&id=36283:abbe-raphael-ndiaye-apres-les-jmj-a-kaolack-l-la-cohabitation-islamo-chretienne-au-senegal-repose-sur-nos-valeurs-culturelles-r&catid=78:a-la-une&Itemid=255