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SANKHARE

Connu pour être un Senghoriste passionné, un helléniste hors pair, doublement agrégé en grammaire et littérature classique, le professeur Oumar Sankharé n’en est pas moins un arabisant. Dans son dernier ouvrage : «Le Coran et la culture grecque», publié aux éditions L’Harmattan, il remet en cause l’ordre établi. Il essaye de démontrer que le Prophète de l’Islam n’est pas un illettré et que le Coran est imprégné de culture grecque car renfermant plusieurs aspects que l’on retrouve dans les œuvres de Platon et Parménide. Une thèse qui a déjà suscité des réactions passionnées. Mais l’homme de culture ne cherche pas autre chose, dit-il, que susciter le débat d’idées.

  Interview du PR OUMAR SANKHARE : «Le Coran n’a jamais dit que le Prophète Mouhamed était un illettré»

L’As : Vous soutenez dans votre ouvrage que le Prophète Mohamed (Psl) est un lettré en vous appuyant juste sur le terme «Nabiyul ummiyun». N’est-ce pas un peu tiré par les cheveux ?

Oumar Sankharé : Non. On n’a dit nulle part que le Prophète est un illettré dans le Coran. C’est que les gens veulent faire accroire que tout ce qui est dit dans le Coran n’est pas de lui, parce qu’il n’a pas cette culture-là. Ça n’a pas de sens parce que le terme utilisé dans le Coran, «Nabiyul ummiyun», est traduit par prophète illettré. Mais moi je récuse ce sens-là, parce que la racine de ummiyun, c’est amama. Vous savez, en arabe il y a des racines trilitères, c’est-à-dire de trois lettres. Donc le sens de cette racine, c’est «maternel» (qui se rapporte à la mère). D’ailleurs, ummatu c’est la nation, la communauté. Quand on voit les passages où le mot est employé, on ne peut pas le traduire par illettré. Seule une sorte de métaphore arrive à donner à ce mot ce sens d’illettré. Ils disent ummiyun, c’est comme lorsqu’il naissait de sa mère, qu’il est illettré, qu’il ne sait ni lire ni écrire. Le Prophète était l’intendant de Khadija qui est devenue son épouse. C’est lui qui gérait les biens de Khadija. Au moins, pour cela on doit savoir faire un peu de calcul. Ça n’a pas de sens.

Qu’est-ce qui explique alors que lorsque l’Ange Gabriel lui a dit «Ikhra» (Lis), il ait répondu : «Je ne sais pas lire» ?

Ce n’est écrit nulle part dans le Coran. Vous savez, il y a des hadiths qui sont des faits et des propos du Prophète qu’on rapporte. N’importe qui peut rapporter son hadith. Ce sur quoi je puis me fonder, c’est le Coran. Or dans le Coran, Dieu a bien dit Ikhra. Or kharakha, c’est lire. Est-ce que Dieu peut venir dire à un illettré «Lis» ? Les gens sont tellement gênés qu’ils traduisent le mot par récite. Mais «kharakha», c’est lire. Demandez à n’importe quel arabisant, il vous le dira. Dans un passage de la Sourate du Vendredi, il est écrit : «baassa fil ummiyuuna» (on a envoyé le Prophète parmi ses compatriotes). Dans ce sens-là, on ne peut pas traduire par illettré. Or, c’est le même mot. Ils se fondent sur ce passage pour dire que le Prophète ne savait pas lire : «avant cela, tu ne lisais pas des Livres et tu n’écrivais pas de ta main droite». Justement ça me donne raison. Avant cela, et après cela ? En fait ce qu’ils ne savent pas, c’est que quand Dieu parle du Livre, Il parle de révélation, c’est-à-dire : «avant cela, tu ne lisais ni la Bible ni la Thora». Donc ummiyun ne signifie pas illettré. Autre chose que Dieu dit dans un passage du Coran : «Les gens te dénigrent en disant que ce sont des gens qui te dictent matin et soir des histoires anciennes». Quand quelqu’un dicte à quelqu’un, c’est que celui-ci sait écrire au moins. Je récuse donc une telle thèse qui dit que le Prophète est un illettré. Mais est-ce que Dieu va confier une si importante mission à quelqu’un qui ne sait pas lire ?

Défendre une telle thèse ne diminuerait-il pas la valeur sacrée du message divin et même du Prophète ?

C’est derrière cet argument qu’ils se cachent. Ils veulent que les gens sachent que c’est Dieu qui l’a envoyé. Je sais que c’est Dieu qui l’a envoyé, mais il savait lire.

Vous voulez dire que le texte du Coran ne vient pas de Dieu et que c’est le Prophète qui l’a rédigé ?

Non, ce n’est pas lui qui l’a rédigé. L’ange Gabriel lui a révélé le Coran, mais pas écrit. L’Ange lui a parlé. Ce n’est pas non plus le Prophète qui a écrit, mais ce sont ses compagnons qui rédigeaient ce qu’il a dit. Ce sont des gens qui l’ont écrit, qui l’ont fixé. Ceux qui l’écrivaient avaient certainement une culture grecque.

Mais s’ils reproduisent in extenso ce que le Prophète dit, il n’y a pas de problème…

Malheureusement ce n’est pas le cas. Tout ce que Ousmane a considéré comme Coran ne nous est pas parvenu, parce qu’il y a d’autres Coran, d’autres variantes du Coran que Ousmane a refusées. Ce qui a abouti à sa mort parce que les gens voulaient que les textes des compagnons de Ali figurent dans le Coran. Vous savez, on s’est entendu sur 114 sourates, mais certains disent qu’il y en a plus. Par exemple, il y a un auteur byzantin qui parle d’une sourate qui s’appelle la sourate de la Chamelle (Al Ibil). Or cette sourate n’existe pas dans le Coran actuel. Mais son contenu peut être vu dans bon nombre de sourates qui parlent de cette chamelle-là.

Vous voulez dire que le Coran actuel n’est pas authentique ?

Je ne le dis pas comme ça. Ce que j‘ai dit c’est qu’il y a des versions qui ont été refusées.

A quel dessein ?

A des desseins politiques. Vous savez, quand il y a des successions dans des familles religieuses, il y a forcément des problèmes. La preuve : les khalifes Oumar, Ousmane, Aly ont tous été assassinés, parce qu’il y avait des enjeux de pouvoir. Dans le Coran, il y a les sourates mecquoises et les sourates médinoises. Les premières sourates (mecquoises) en général parlent de la religion, de la foi alors que les médinoises sont plus politiques. Il y figure les sourates qui feront le droit musulman parce qu’il fallait dire comment gérer une cité comme Médine. Et là, il fallait des textes et tous n’étaient pas d’accord sur ces textes-là. Surtout que le Coran a été fixé après la mort du Prophète. C’est Ousmane qui a hérité du pouvoir douze ans après la mort de Mohamed. C’est donc douze ans après, que Ousmane dont le règne a duré douze ans a été élu. De 644 à 656, c’est lui qui a véritablement fixé le Coran.

En relevant des similitudes entre le Coran et la culture grecque, vous semblez dire que le Coran n’est pas une révélation…

Non, c’est une Révélation mais ce n’est pas le Prophète lui-même qui l’a fixé. Il n’était plus vivant lorsqu’on fixait le Coran. Ce sont ses compagnons, les érudits de l’époque, ceux qui avaient mémorisé le Coran, qui l’ont restitué. Donc ils ont restitué une parole inspirée, mais la manière de le faire, la rhétorique avec laquelle ils l’ont restitué, ça ce sont des gens qui connaissaient le grec, sur tous les plans. Ce sont des gens qui connaissaient le grec. Donc c’est une parole inspirée mais qui a été établie par des hommes. Vous savez, il y a eu un débat : est-ce que Dieu est créé ou incréé parce dire que le Coran est incréé, c’est mettre Dieu et le Coran sur le même plan. Comme Dieu est incréé, si le Coran est incréé c’est qu’ils sont sur le même plan. Il y a eu tout un débat à l’époque après la mort du Prophète, entre les Moutardjidines et le Mawari. Ce que je pense, c’est que c’est une parole inspirée qui représente la sagesse divine, mais la formulation, la forme porte le manteau des Grecs.

Qu’est-ce qui vous le fait dire ? Est-ce que vous n’êtes pas influencé par la culture grecque au point de croire que cette dernière était supérieure et que chacun a dû l’utiliser ?

Non, pas supérieure. D’ailleurs, ce que je dis là ne concerne pas seulement le Coran. J’en ai parlé aussi à propos de la Bible. Même certains passages de la Bible sont inspirés des Grecs. Je vous donne l’exemple du passage où Jésus revient après sa résurrection et rencontre son ami Thomas. Saint Thomas ne le reconnaît pas. Il lui dit : «Touchez ici, touchez mes plaies, les plaies que j’ai eues sur la croix et vous saurez que c’est moi». Or ces propos viennent d’Ulysse dans l’Odyssée d’Homère (VIIIe siècle avant Jésus Christ). Ulysse qui était parti à la guerre n’est pas reconnu par sa nourrice. Il lui dit : «Touche ici, tu verras que j’avais une plaie quand j’étais jeune. Une plaie que j’ai eue à la chasse». Aussitôt qu’elle le touche, elle dit : «là c’est vrai». D’autre part, ce que j’ai démontré là, des gens ont démontré plus. Des Egyptologues ont démontré mieux. Vous savez qu’il y a une pyramide en Egypte qui porte textuellement en égyptien: «Bismilahi Rahmani Rahim jusqu’à la fin». En Egyptien ancien qui date de 1700 avant JC. Quatorze siècles donc avant le Prophète Mohamed, il y avait déjà la Fatiha et c’est vérifiable si vous allez en Egypte. Mais j’ai rencontré des Egyptologues qui ont dit qu’ils n’osent pas le dire parce que les gens vont leur sauter dessus.

Ne craignez-vous pas qu’on vous accuse d’hérésie en disant cela compte tenu de la passion que votre ouvrage est en train de susciter avec les sorties du magistrat Télico dans le Témoin et de Bamba Ndiaye dans Le quotidien ?

Oui, je m’y attendais. Mais moi je ne m’adresse pas aux «ndongol daara», je m’adresse aux universitaires. Télico, je discute avec lui. On discute intellectuellement. Il m’écrit par mail et je lui réponds, mais l’autre dont vous venez de prononcer le nom, je crois qu’il a d’autres chats à fouetter. Je crois savoir qu’il est impliqué dans une affaire d’escroquerie au visa. Il doit plutôt régler cela. Moi j’ai lancé un débat d’universitaire. D’ailleurs, le Professeur Abdoul Aziz Kébé qui est professeur d’arabe ici, m’a dit qu’il souhaiterait organiser un débat mais à l’université. Un débat qui ne sortirait pas de l’université parce que l’universitaire n‘a pas la même perception du Coran que ceux qui ont étudié dans les daaras. Ceux qui sont dans les daaras, on leur dit quelque chose et ils y croient.

De quelle expertise scientifique (coranique ou arabe) pouvez-vous vous prévaloir pour défendre de telles thèses ? Certains vous reprochent de ne pas avoir le niveau requis en arabe pour interpréter des textes du Coran…

Ceux qui me reprochent cela, qu’ils viennent me démontrer qu’ils en savent mieux que moi en arabe. Je les renvoie au Professeur Rawane Mbaye. Qu’ils lui demandent si Sankharé a l’expertise en arabe ou non. Lui et moi avons eu le même professeur qui a dirigé nos travaux : le Professeur Yves Marqué qui était chef de département. Moi j’ai fait mon mémoire sur un auteur qu’ils ne connaissent pas. Demandez-leur qui est Alzourzanie, ils ne vous répondront pas. Cet auteur-là, personne de ceux qui parlent ne peut le traduire, parce que c’est de l’arabe du moyen âge. Et puis moi tout ce que j’ai dit, c’est que ce que j’ai vu chez Platon, c’est la même chose que ce que j’ai vu dans le Coran. Ce que j’ai vu chez Parménide, c’est la même chose que j’ai vue dans le Coran. On ne peut pas me reprocher d’avoir dit que Pénélope dans l’Odyssée figure dans le Coran. Dieu dit : «Ne faites pas comme cette femme qui défaisait la nuit ce qu’elle avait tissé le jour pour tromper son entourage». Cela renvoie à Pénélope. Dans le Coran, on parle de «Zulkharnayni», Alexandre le Grand qui est un conquérant grec qui a fait une longue expédition jusqu’en Orient. Dieu parle de lui dans le Coran. Si vous lisez Platon, le dixième livre de la République de Platon, la manière dont il décrit le jugement dernier c’est exactement avec les mêmes mots que dans le Coran.

L’intégrité du Coran est quand même restée intacte ?

Le Coran sur lequel on s’est entendu, c’est celui de Ousmane. Je vous l’ai dit, il a rejeté des textes du Coran. Pour poursuivre, le cas le plus troublant c’est Parménide. Il dit qu’il était assis et tout d’un coup, des cavales ailées l’ont emmené à la divinité. Ce qu’on appelle ici «ragnane».Je précise encore -ça va les heurter peut-être- que l’ascension céleste, le fait que le Prophète quitte cette terre pour aller au ciel, ne figure nullement dans le Coran. Ce qui est dans le Coran, c’est deux sourates, la sourate l’Isra 17 où Dieu dit : «Louange à Dieu qui a fait voyager son serviteur de la mosquée de la Mecque à la Mosquée de Jérusalem». Il n’est pas allé en haut. Et à la sourate 110, les gens lui disent : «nous ne te croirons pas à moins que tu ne montes au ciel. Et même si tu montes, nous ne te croirons pas si tu ne descends pas un Livre.»En tout cas, dans le Coran il n’est pas parti voir Dieu. Or Parménide dit que lui est parti voir Dieu, Jésus est parti vers Dieu le père. C’est un cousin du Prophète, un certain Ibn Abass qui a écrit un livre qui s’appelle «l’Ascension céleste». Il raconte comment le Prophète est parti jusqu’au 7 ème ciel, jusqu’à voir Dieu. Mais ce n’est pas dans le Coran. Ils vous diront tous que c’est dans le Coran, mais ce n’est pas dans le Coran. Tout comme la lapidation. Cela prouve qu’il y a des sourates qui n’ont pas été acceptées par Ousmane. Effectivement, il fallait lapider l’adultère mais cette sourate n’existe plus dans le Coran actuel, mais il y a d’autres Corans où ça existe.

Vous avez cité l’exemple de Pénélope qui symbolise la vertu, la fidélité à son mari dans la culture grecque, or dans le Coran Dieu la donne en contre-exemple. Il y a manifestement contradiction…

Non, elle n’est pas parfaite. Elle est fidèle mais Dieu dit qu’Il n’aime pas qu’on trompe les gens parce qu’il y avait des prétendants qui voulaient l’épouser en l’absence de son mari. Au lieu de dire «non je n’en veux pas», elle dit «non attendez, je suis en train de tisser un linceul pour mon beau-père; lorsque le linceul sera terminé, je me marierai». Elle tissait le jour et défaisait la nuit, donc elle ne finissait jamais, par fidélité à son mari qu’elle voulait attendre. Mais en même temps, elle trompait des gens. Elle aurait pu leur dire «j’attends mon mari». Autre exemple, la fête de la tabaski. C’est dans la civilisation grecque. Pour aller à la guerre de Troie, Agamemnon, le chef des Grecs, voulait que les vents lui soient favorables pour lui permettre de naviguer jusqu’à Troie. Le devin lui dit : «Il faut que tu sacrifies ta propre fille Iphigénie». Voulant avoir des vents favorables, Agamemnon a pris sa fille en trompant d’abord sa mère, en disant qu’il allait la marier. Il a pris le couteau et c’est au moment où il allait trancher la gorge de la jeune fille qu’une biche est arrivée. C’est cette biche qui a été sacrifiée. Exactement comme Abraham qui a voulu sacrifier son fils et un bélier est apparu.

Où voulez-vous en venir? Remettez-vous en cause l’existence de Dieu ou la sacralité du Coran ?

On peut le faire, mais on peut aussi penser que Dieu s’est toujours adressé à l’humanité. Ce n’est pas seulement aux Arabes qu’il s’est adressé. Pourquoi veulent-ils qu’Il ne s’adresse qu’aux Arabes ? Sont-ils meilleurs que les Grecs ? D’ailleurs, j’aime bien la position de Abdoul Aziz Sy Dabakh. Dabakh, dit-on, était persuadé que Platon était un prophète de Dieu. C’est le professeur Amadou Samb, qui est arabisant et qui est un professeur de Lettres classiques, qui m’en a parlé. Il dit que la première fois qu’il a voyagé avec Abdoul Aziz Sy Dabakh, c’était dans le train Dakar-Saint-Louis. Ils n’ont parlé que de Platon. Il était surpris de savoir que Dabakh connaît bien Platon. Ce dernier lui aurait dit qu’il est persuadé que Platon est un prophète musulman de Dieu.

Mais professeur, l’islam ce n’est pas que le Coran. Il y a les hadiths, la charia, etc.?

Vous parlez bien de hadiths authentiques. Quelque chose qui est authentifié ou pas authentifié, je ne peux pas en décider. Quels sont les hadiths authentiques ? Il y a eu des commissions qui ont dit que tels hadiths sont authentiques, mais ce sont des commissions. Mais moi ce sur quoi je puis me fonder et qui est universel, c’est le Coran. C’est pourquoi je n’ai pas pris le reste.

N’êtes-vous pas en train de battre en brèche la croyance selon laquelle le Coran est le dernier Message de Dieu et le plus authentique ?

Je ne récuse pas le Coran. Ce que je dis, c’est que ce qui se trouve dans le Coran, on le trouve déjà dans d’autres livres. La preuve qu’on connaissait déjà cela dans le Coran, on accuse le Prophète de ne réciter que des textes anciens.

Ne craignez-vous pas de subir une fatwa de certains marabouts ?

Je ne vois pas pourquoi. J’ai seulement dit que ce que j’ai vu dans le Coran, que j’ai vu chez Platon. Quelle faute ai-je commise ? Quel péché ai-je commis ? Qu’ils vérifient. Qu’ils prennent le dixième livre de La République de Platon vers la fin, le mythe d’Er. Er était un guerrier, mort à un combat et au moment où on a voulu procéder à ses funérailles, il a ressuscité. C’est un mythe. Il a dit qu’il allait raconter comment se fait le jugement dernier. Et ce qu’il dit, c’est exactement ce que le Coran dit : «Ce jour-là, ceux qui recevront leur livre par devant dans la main droite, ceux-là prendront le chemin de droite et iront au paradis. Ceux qui recevront leur livre par derrière, ceux-là prendront le chemin de gauche et iront en enfer». Exactement comme l’a dit Platon.

Vous interprétez dans votre livre la phrase «Lakhad atayna Moussa». N’est-ce pas une erreur de votre part quand on sait qu’en arabe on peut avoir une valeur de duel ou alors le nous de Majesté dans ce cas d’espèce ?

Oui, j’ai dit qu’on pouvait traduire cela par Nous. Mais qu’il y avait aussi un personnage romain qui s’appelait Namoussa, qui est un juriste romain. Les deux sont donc possibles. Mais ce qui est plus troublant encore, c’est qu’à l’époque du Prophète il n’y avait pas le signe diacritique, les points sur les lettres (b, t, th). Un mot était donc susceptible de plusieurs interprétations. Il y a même des mots dont on ne sait pas le sens. Des mots venus du Grec, ce que les gens ne savent pas. Il y a même des fautes dans le Coran. En fait, ce ne sont pas des fautes, mais personne n’a osé relever ce fait assez surprenant. Quand Dieu s’adresse à Satan par exemple, il lui dit : «Ma manhaka Anla la tasdjuda». Cette phrase n’a pas de sens. C’est à la sourate 7 (Araaf). Si on traduit littéralement, ça donne : «qu’est-ce qui t’a empêché de ne pas te prosterner ?» On doit dire : «qu’est-ce qui t’a empêché de te prosterner ?». Il devait dire «Ma manhaka an tasdjuda». Voilà la forme correcte. Ça c’est du Grec. En Grec, c’est comme ça qu’on construit des verbes d’empêchement. Vous projetez l’idée négative sur l’infinitif. C’est une négation explétive, c’est-à-dire qui ne compte pas. Grammaticalement, c’est une faute et c’est dans le Coran. Vous pouvez vérifier.

Ça semble révisionniste tout cela. D’où tirez-vous cette certitude ?

(Rire). Vous savez, ce livre je l’ai terminé depuis longtemps, mais je n’ai jamais osé le publier parce que je savais que ça allait donner ces réactions-là. J’ai failli être lynché en Algérie lors d’un colloque. Ce sont des policiers qui me gardaient dans mon hôtel. Voilà des années que je l’ai terminé, parce qu’on ne peut pas être helléniste et ne pas voir ces choses là.

Ne craignez-vous pas pour votre vie ?

(Rire) Je m’en réfère à Dieu. Je ne crains pas. Je n’ai pas insulté le Coran ni quelqu’un. Pourquoi me tueraient-ils ? Je n’ai pas menti, je n’ai pas dit quelque chose qui est contraire à la vérité. Tout ce que j’ai dit est vrai et je défie quiconque de me prouver le contraire. Je n’ai rien inventé. Mais Ikhlas, c’est déjà dans le texte de Parménide. Six siècles avant JC, il vous dit ceci : «Dieu est incréé, Il n’a pas été engendré, Il n’a pas d’associé. Il est l’Unique». Je vois cela et je le vois dans le Coran, je peux dire que ça se ressemble. Ça ne va pas plaire à ceux qui vivent de la religion. Tous mes amis m’ont demandé de ne pas le publier car ici les gens ne sont pas ouverts d’esprit.

Au temps de Parménide il y avait quand même plusieurs dieux, avec Zeus qui était le dieu suprême.

Lui au moins, il dit : «Dieu est unique, Il n’a pas engendré, Il n’a pas été engendré, Il est le vivant». Ça ressemble à Ikhlas, on ne peut pas le nier.

Qu’est-ce que vous visez à travers ces thèses révisionnistes que vous défendez ?

Vraiment je ne vise rien. ce sont juste des vérités que j’ai contenues dans mon esprit depuis longtemps parce que je suis helléniste. J’ai eu de la chance de faire de l’arabe. J’ai commencé à étudier le grec et l’arabe en même temps au lycée, jusqu’à faire mon mémoire de maîtrise sur une étude comparative entre la rhétorique d’Aristote et celle des Arabes.

Est-ce que vous êtes musulman ?

(Rire) Oui je suis musulman. Mon père et ma mère sont musulmans. Très tôt, ils m’ont mis à l’école arabe.J’ai fait les daaras. Au lycée, mon père m’a demandé de faire l’Arabe. Je n’ai pas fait anglais au lycée. Mon père m’avait demandé de faire arabe.

On peut vous accuser d’être à la solde de l’Occident pour décrédibiliser la religion musulmane …

Qu’est-ce que l’Occident m’a donné ? Je n’ai même pas de voiture. Je marche à pied. Même mes étudiants s’étonnent. Je leur dis, on ne m’a rien donné, le gouvernement non plus ne m’a rien donné. J’ai déjà suffisamment de problème avec la France. Je suis là abandonné par tous, on n’a même pas payé mes soins. Si j’étais à la solde de la France, ce pays ne m’aurait pas interpellé en justice. Je ne suis à la solde de personne. Mais celui qui m’a insulté dans les journaux, lui est à la solde de certains parce que Bamba Ndiaye ne croit en rien. Il est toujours mêlé à la magouille. Même quand il était dans les Ong, il était mêlé dans des affaires de trafic de visas et de passeports diplomatiques. Ce ne sont pas ces gens-là qui vont me donner des leçons de morale.

Entretien réalisé par Amadou BA
SAMA TELE

source:http://sedhiounews.com/interview-du-pr-oumar-sankhare-le-coran-na-jamais-dit-que-le-prophete-mouhamed-etait-un-illettre/