Kédougou
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KédougouLeur rêve et sans doute aussi leur vœu le plus cher c’est que l’or enfoui en quantité sous la rocaille à leur pied et qui fait rêver et courir tant de monde vers leurs contrées, jusque là oubliées entre les collines sacrées de leurs aïeux et la luxuriance des forêts encore vierges des limites septentrionales des contreforts du Fouta Djallon ; que cet or ne devienne, pour eux, un cauchemar. Un don des dieux qui risque de virer au calvaire pour devenir, hélas, une sorte de malédiction comme c’est souvent le cas pour ces peuples nombreux sur la planète  que la Nature a dotés de si riches ressources mais qui n’en tirent que larmes et sang, guerre et misère… Eux, ce sont plus de 113.733 âmes à vivre dans la nouvelle région de Kédougou (statistiques de 2006, recueillies sur la zone alors simple département qui, avec ses 16.896 km2 comptait avec une faible densité de 7 hbts / km²) et « où le mode d’habitat est très éclaté avec des villages faiblement peuplés  et éparpillés», comme l’indique un expert du Laboratoire de recherches et d’études de la Paupérisation et des transformations sociales de l’Ifan de l’Université Cheikh Anta Diop de  Dakar. 

L’objet de cette complainte collective qu’expriment, à l’unisson, les autochtones de ces collines antiques des environs de Kédougou, c’est tout d’abord les ravages physiques sur l’écosystème adjacent qui a pu être affecté par la contamination de l’eau par les métaux, l’extinction de la végétation et l’érosion des sols. Mais aussi de tous ces impacts connus ou inconnus qui peuvent être à l’origine de maladies nombreuses comme, les dermatoses, les maladies diarrhéiques et  autres maladies hydriques comme la bilharziose, sous ses diverses formes,  favorisées par la présence de nombreuses poches d’eau stagnantes souvent contaminées, au départ, par la pollution chimique en provenance des carrières. Sans compter les infections respiratoires aiguës dont la tuberculose qui, de l’avis de nombreux observateurs avertis, connaît une recrudescence, pour beaucoup, liée aux émanations de poussières vomies par les machines à concasser la pierre.        

Alors que Sabodala devrait servir de cas d’école  pour ce qu’il constitue un site abritant le premier grand projet d’exploitation industrielle de l’or au Sénégal, ce rush vers ce nouvel Eldorado s’effectue dans un contexte particulier que nombre de spécialistes des questions de gouvernance minière ont mis en évidence ; c’est celui du manque d’expérience de l’Etat du Sénégal en la matière et qui se reflète dans le processus de production des instruments de pilotage et leur harmonisation.  Les recherches menées par l’Ong Lumière et les chercheurs de du Lartes de l’Université Cheikh Anta Diop semblent s’accorder sur cette donne selon laquelle, à l’état actuel des choses, « l’Etat du Sénégal semble plutôt privilégier le volet social par rapport aux  ressources biologiques alors que les réalisations restent insuffisantes par rapport aux attentes fortes des communautés ». 
 

Sur le plan environnemental,  « l’exploitation minière engendre également, de façon intrinsèque, des impacts négatifs importants. A ce niveau, l’industrie de l’or est particulièrement indexée comme extrêmement polluante : la production d’une alliance génère 20 tonnes de déchets. L’usage de produits chimiques comme le cyanure et le mercure ont pollué les sources d’approvisionnement en eau, contaminé les terres cultivables, mis en danger la santé des travailleurs et des communautés minières », note-t-on dans la même étude.  
 Pour le cas du Sénégal, nous ne sommes pas encore à ce stade, mais selon un rapport d’analyse commandité en 2003 par l’Ong « La Lumière » (basée à Tambacounda – au sud ouest), une compagnie minière junior : « avait pollué, aux métaux lourds, le fleuve Kérékonko, menaçant la vie de centaines de villageois qui dépendent de cette source pour leur approvisionnement en eau potable ».
 Selon la même source, l’Etude d’impact environnemental et social (Eies) commanditée par le promoteur Sabodala Mining Compagny, dans son projet d’extraction d’or de Sabodala, renseigne énormément sur les impacts potentiels des activités de  cette compagnie.  « Les paysages seront transformés de façon irréversible, notamment par l’apparition d’une mine de grande profondeur. Les contraintes paysagères peuvent, cependant, être exploitées en opportunités futures, sous réserve de prendre en compte des décisions particulières identifiées dans les mesures d’atténuation ».

Heurts et lueurs d’une subite ruée vers l’or 
  L’or qui attire, sur la terre de leurs ancêtres, est source d’inquiétude pour  beaucoup d’habitants des villages de ce terroir aux noms si chargés de symbolisme d’abondance et de quiétude que polarise Kédougou dont, principalement, Sabodala dans la Communauté Rurale de  Khossanto. Cette région qui couvre une superficie de 2.396,6 Km² a vu sa population évoluer,  entre 1988 et 2000, de 5.711 à 7.821 habitants avant de quasiment doubler. Le problème des populations vient de l’implantation, dans cette zone, de nombreuses compagnies qui prospectent ou qui exploitent l’or. Mais aussi et principalement de l’insécurité née de la ruée vers ces sites des orpailleurs traditionnels, allochtones et d’autres individus, pas toujours très délicats, attirés là par l’appât du gain facile. (En dehors de l’exploitation en petite mine et des orpailleurs traditionnels qui ont pignon sur rue dans la production informelle de l’or, il y en a une seule, à ce jour, la Sabodala Gold operation, à disposer d’une licence d’exploitation).  Mais toujours est-il qu’il y a une kyrielle de dégâts dont les populations n’arrêtent pas de se plaindre. A ces impacts négatifs visibles et vécus dans leur chair par les populations locales, il faut ajouter d’autres. Moins tangibles ceux-là…Lesquels sont d’autant plus pernicieux qu’il s’agit de dommages insidieux qui sapent les valeurs socles des cultures du terroir. Ils entament dangereusement le tissu social qui doit désormais compter avec tous les travers. Sur le plan des mœurs, ils induisent, de façon brutale, les bouleversements démographiques et culturels consécutifs aux implantations industrielles et minières. Les mêmes maux qui, dans d’autres contextes sociaux plus permissifs, du point de vue des interdits moraux, prennent la forme de phénomènes comme l’accroissement de l’alcoolisme, de la violence et de la prostitution. Le  point nodal de ces revendications restant, cependant, ancré sur la question cruciale de la perte du patrimoine foncier et des conséquences écologiques multiples qu’entraînent ces exploitations et prospections minières.  Notre reporter qui a été sur le site minier rend compte de ce que, de visu, il a su glaner auprès des populations locales et des autres… Ceux que, comme dans la fabuleuse histoire de la découverte du Far West, l’or attire, par milliers, vers cet Eldorado d’un nouveau genre.


KédougouUn jour… à Mako, sur la route du nouvel Eldorado

Du haut du pont qui enjambe le fleuve  Gambie, la vue panoramique donne sur le relief d’une nature encore vierge, à la fois sublime et sauvage. Nous sommes à Mako, le premier établissement humain à la sortie du Parc national de Niokolo Koba sur l’axe Dialacoto-Kédougou. Le décor, ici, est d’abord ce fleuve féerique et quasi-asséché qui se perd dans ses méandres entre les collines boisées sur ses hauteurs et les peuplements de roseaux sur ses berges escarpées et où, sur le peu d’eau à rester sur son lit de rocher, des centaines de femmes, d’enfants et d’hommes nus à moitié, s’attèlent, sous l’incandescence d’un soleil pré hivernal qui darde ses rayons sur eux à tout. Tout ce qu’on peut espérer faire avec ce liquide précieux et don de la nature, c’est se laver ; faire son linge ; abreuver son bétail, boire et faire ses ouailles… Plusieurs centaines de kilomètres avaient été, auparavant, avalés dans l’absolu silence et la luxuriance des bosquets et forêts de la réserve de faune et de flore classée patrimoine mondial de l’Unesco. (« le Pnnk en tant qu’aménagement renfermerait 80% des galeries forestières du pays, au moins 1500 espèces de plantes à fleurs, soit plus de 62% des espèces de plantes à fleur du Sénégal, et plus de 120 familles ; la richesse de la zone repose également sur la faune, une importante faune soudanienne avec différentes espèces emblématiques (lion, élan de derby, koba…). Essentiellement, Ces espèces sont concentrées dans la zone d’intérêt cynégétique de la Falémé et le Parc national du Niokolo Koba (813.000 ha)», selon des sources officielles exploitées par les chercheures du Lartes).  

Au bout de cette randonnée, Mako surgit comme pour annoncer le bout d’un monde et le début d’un autre. En fait,  Mako c’est déjà la promesse incertaine de ce far-east (l’Orient lointain) du pays rêvé de l’or. La ronde sempiternelle des « jakarta », ces engins motorisés  à deux roues flambant neufs que chevauchent, souvent à deux ou à trois, ces hommes et femmes pratiquement en guenilles et aux visages enduits de boue est en soi un signe que l’observateur averti sait décrypter. Le signe de la proximité  des premiers sites d’orpaillage traditionnel.  C'est-à-dire de l’exploitation artisanale de l’or avec les techniques de l’époque de l’Empereur Kankang Muusa et qui est pratiquée, depuis la nuit des temps, dans cette province du grand et éternel  Pays mandingue, mais qui, depuis quelques années, a connu une inédite ampleur à la faveur de l’effervescence née de la clameur entretenue sur les découvertes par les grandes compagnies mondiales venues prospecter, sur le site, de gisements importants d’or en dormance dans les falaises et les  entrailles des collines qui ramifient les contreforts du Fouta Djallon. 

D’après Paul Elouard et Paul Michel,  deux des plus éminents et tout premiers géologues à avoir conduit des études de prospection du riche sous- sol de la zone : «   Cet or provient des filons de quartz du socle birrimien. Il est exploité de façon artisanale sur tout le long de la Falémé et de ses affluents. Les habitants lavent les alluvions aurifères en saison sèche ».
Des prospections systématiques ont été conduites durant des décennies, au terme desquelles, la concession d’exploitation de Sgo  a été faite dans cette zone où, selon Mesdames Diatou Thiaw, enseignante-chercheure à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar  et  Rokhaya Cissé, sociologue au Laboratoire d’études de la paupérisation et des transformations sociales, auteures d’une éclairante étude de cas sur la zone minière de Sobodala, «  caractérisée sur le plan démographique, par une forte diversité ethnique et les principales ethnies présentes sont les Malinkés qui constituent le groupe ethnique majoritaire avec 94% de la population, suivis des Peuls (4%), les Diankhankés, (2%), le reste étant composé de Bassaris etc. et où la population féminine est largement plus importante avec 52,65% de femmes  contre 47,34% d’hommes, le  taux de jeunes est de 45,95% » 
Le Sénégal qui a connu sa 24ème réforme territoriale a décidé, le 1er février 2008, d’ériger Kédougou, ancien département de Tambacounda, en région formant ainsi, du coup, Saraya et Salémata en départements. Sur ce territoire, sont en effet implantées différentes sociétés minières pour l’exploration et l’exploitation de l’or et du fer. Le département de Saraya, abritant le projet d’exploitation de l’or de Sabodala, est subdivisé en 4 arrondissements, 11 communautés rurales  et une commune ».

KédougouUN POTENTIEL REEL MAIS DES RISQUES TOUT AUSSI PROBANTS : Pour que la promesse de cette future Californie de l’Afrique ne soit pas vaine
Nous sommes ici dans la nouvelle région de Kédougou dont l’un des dirigeants du pays avait dit qu’elle allait devenir, un jour, « la Californie du Sénégal ». Clairement avisé et inspiré qu’il fut par le conseil expert de la géographe Régine Van-Chi-Bornadel qui avait conclu son étude sur la géologie des gîtes minéraux dans l’Atlas du Sénégal par cette note d’espérance : « les secteurs orientaux du sud est sénégalais, à proximité de la  Falémé, recèlent d’intéressantes richesses minières : fer à haute teneur, cuivre et chromite du  Gabou, or alluvionnaire et en filons, marbre d’Ibel, marbre et matériaux de construction divers (granite, grés schistes quartzites.) Tout cela encore inexploité, à l’exception du marbre d’Ibel. Selon l’étude de cas conduite dans cette zone aurifère par le Laboratoire Lartes : «  Les réserves d’or mises en évidence dans la boutonnière de Kédougou et la découverte des réserves de Sabodala,  laissent prévoir des quantités de vingt tonnes (20 T) pour les gisements de terrasse, dix tonnes (10 T) pour les gisements des affluents. Hormis Sabodala, d'autres zones potentielles ont été mises en évidence dans la région de Goulouma, Koboko, situées à sept (07) km, de Sabodala.

La minéralisation qui s'accroît en profondeur, laisse supposer l'existence d'un potentiel d'environ quinze tonnes (15 T) à Kérékounda, situé à 3,5 km au sud-est de Sabodala. D'autres indices ont été mis à jour, notamment dans les revues Indice d'or, tels que les sites de Falombo,  Kossanto,  Mako, Kharakhéna  etc. Avec l’arrivée de grandes sociétés, Mdl, Arcelor Mittal, le pays entre, en force, dans de vastes opérations minières. L’installation d’une industrie et la poursuite de l’exploration permettent  de mettre progressivement ce potentiel à jour ».
Le décor actuel est campé par les chercheures du Lartes pour qui l’exploitation minière, en tant que telle, est considérée comme une opportunité de développement de la zone. Mais elle présente, cependant, selon elles «  des risques qui peuvent se prolonger à long terme. S’ajoute également la crainte du déplacement des villages même s’il n’est pas envisagé dans l’exploitation de la mine de Sabodala. ». Leur argumentaire est simple : les avantages ne sont pas nuls, mais encore faudrait-il savoir en bénéficier. 

La question de la gouvernance minière, dans cette partie du pays, devra nécessairement tenir compte de cette dimension mais aussi des potentialités biologiques qui, selon la recherche conduite par Lartes, « sont, cependant, fragilisées par plusieurs facteurs : dégradation des terres, feux de brousse, braconnage, défrichement excessif, faiblesse du dispositif de surveillance de ressources forestières, faiblesse capacité des collectivités locales et les opérations minières. Ces dernières, timides, il y a quelques années, dans les activités d’explorations, commencent à avoir des effets plus visibles sur le paysage ». D’où l’urgence  du combat collectif qu’engagent déjà des organisations de la Société civile comme l’Ong Lumiere qui, sous l’égide de ses leaders présents ou passés, Aly Sagne, Seynabou Niasse ou encore Aly  Bakhoum, de concert avec des partenaires institutionnels comme Oxfam ou le Lartes, travaillent  à initier un débat citoyen  d’envergure et articuler l’effort de lobbying « sur  une exploitation minière  durable qui favorise les populations locales et un respect et suivi des mesures d’atténuation des impacts négatifs ». Un débat qui tient compte de la nature de « la gestion des profits  économiques reste tout de même une question pendante ». Mais aussi de l’impérieuse nécessité d’intégrer, dans les schémas d’analyse et d’action, la question « des dommages écologiques qui peuvent être importants et irréversibles ».     

Kédougou INSECURITE ET CLIMAT SOCIAL AUTOUR DES SITES D’ORPAILLAGE  : L’axe Kharakhéna - Sambarabougou ou la sarabande des rentiers de la mort
Tout comme les trois départements qu’elle polarise,  Kédougou, cette ville devenue capitale régionale depuis 2009, bruit régulièrement de faits divers sordides, tous liés à l’explosion démographique qu’a connue cette région suite au rush vers le nouvel Eldorado du fait de l’essor grandissant de l’orpaillage enregistré dans la région et de l’exploitation effective depuis 2009 de l’or de Sabodala sur le périmètre minier éponyme, par la société bénéficiaire de la concession d’exploitation/la Sabodala Gold operation. 

Aux alentours du site où cette multinationale détenue, selon le directeur régional des mines et de la géologie, à 10 % par l’Etat du Sénégal et à 90 % par la Société Teranga Gold  et dans l’enceinte de l’immense domaine où elle  a installé ses quartiers, ce phénomène là n’est pas que le signe d’un repli sécuritaire qui, ici, frise l’obsession. Il est surtout la preuve, par le vécu, que les orpailleurs traditionnels, c'est-à-dire ceux qui, espérant faire fortune au prix de leur vie, vont chercher l’or à plusieurs mètres dans la roche friable et dans des sols parfois meubles. Ils ne sont pourtant pas les seules cibles des brigands armés qui pullulent dans la zone et polluent ainsi la sérénité perdue des collines boisées des alentours de Khossanto et  de Sambarabougou, zones éloignées et enclavées, à cheval sur trois pays aux frontières des plus poreuses…

Après plus d’une  heure et demi de « jimkana » sur cette piste impossible qui mène à Sabodala et au terme d’une négociation au volant avec à la fois un virage sur la route crevassée et une descente par une pente ravinée entre  le site minier et le village de Khossanto, la voiture déboule sur un hameau. Nous venions de débarquer à Mama Khonto. Dans ce qui tient lieu de place centrale du village entre l’école et les petits commerces installés dans de modestes maisons et tenus par des vendeurs à la sauvette  Baol- Baol, égarés dans ce bout de Sénégal des antipodes, tout ce que ce village de l’arrondissement de Khossanto compte de curieux, notables, hommes, femmes et enfants, s’était donnés rendez-vous sur les lieux. Cette foule était tenue à distance par des gendarmes jeunes et bien baraqués. Visages grimés par la même ocre poussière qui enveloppe leurs véhicules bleus tout terrain, ces gars, visiblement des gens du Gign ou de la Lgi, donc des habitués de ces types d’opération commando, venaient de démanteler une de ces redoutables bandes armées qui, depuis quelques années, et à la faveur de la ruée vers l’or, écumaient les lieux. Reconnaissables à leur barda et à leur façon de « dégager », ces « chocs » (c’est comme cela qu’ils s’appellent entre éléments de ces corps d’élite) ont du crapahuter dur et armes à la main pour aller cueillir ces lugubres à leurs pieds. Les malfrats présumés, un peu moins d’une dizaine, menottés et enchainés les uns aux autres, forment, selon le superbe mot d’un des chefs, « une véritable Cedeao du crime ».  Car étant de quasiment toutes les nationalités de la sous région, « des mecs redoutables, surarmés », mais aussi  d’une extrême mobilité que leur garantissent, à la fois, la porosité des frontières, le niveau d’indigence en moyen de riposte et de d’intervention des forces de sécurité des différents censés les contenir et une nouvelle législation sur la citoyenneté d’inspiration communautaire qui permet, selon les textes de la législation, la libre circulation des biens et des personnes. Toutes choses dont les syndicats sous-régionaux du crime savent si bien tirer profit «  parce qu’en maîtrisant parfaitement les arcanes » comme nous nous expliquait un ponte des renseignements rencontré à  Kédougou. 

Ce phénomène caractéristique du nouveau climat social qui règne sur les lieux, M. Lamine Sy, nous l’a rappelé en nous relatant cet autre braquage survenu, deux jours seulement avant notre descente sur la zone aurifère et dont  a été victime une équipe de géologue prospecteurs étrangers de la compagnie multinationale Randgold qui regagnait sa base de Kharakhéna. Laquelle équipe a été sauvagement attaquée par une demi-douzaine d’éléments encagoulés et armés de fusils d’assaut du dernier modèle d’armement. Une conséquence à cela : cette quasi-bunkerisation notée aussi bien à l’entrée du site de production qu’à l’intérieur du périmètre de l’usine et du lieu de vie où sont installées les infrastructures de production de la Sabodala Gold opération que les somptueuses résidences où crèche son personnel cadres et d’expatriés.
 

Notre guide et interprète pour l’occasion, Mamadou  Kouyaté « Moro», connait bien ce phénomène pour avoir longtemps bourlingué entre les divers hameaux du ce patelin perdu. Il a quitté le lycée en classe de seconde pour aller, tour à tour, travailler sur divers sites aurifères d’orpaillage traditionnel d’abord comme « creuseur d’or » puis dans la société de prospection Boart Longyear et enfin dans l’usine de production de Sabodala comme conducteur d’engin et chauffeur. 
 « Moro » nous relatait ce singulier cas, un des très nombreux qu’il connait lui.  Il s’agit de ce  jeune  ancien notable kédovin (habitant de  Kédougou) devenu subitement très riche et célèbre qui a connu la mauvaise fin par la suite. Pour avoir été attaqué et dépouillé de près de 2kg d’or traités, de sa « jakarta »  gros cylindré de dernier cri et enfin d’une importante somme d’argent par des coupeurs de route masqués au crépuscule tombé sur justement la même route de Khossanto, sur l’axe Bembou- Sambarabougou. Aujourd’hui, nous explique « Moro », cet homme erre dans les rues poussiéreuses et rumine sa folie dans la ville de ses origines.

 Sur le modus operandi du braquage survenu en plein jour et dont ont été victimes les ingénieurs de la compagnie Randgold dans le secteur, on nous apprend que la bande qui était composé d’éléments encagoulés et armés d’armes de guerre, des fusils d’assaut  AK 478, donc de type « Kalach » a installé des abattis sur la piste. Avant de s’attaquer à leurs victimes dont les pneus du véhicule ont été défoncés  puis tous leurs biens, ordinateurs portables, argent, matériel de prospection et autres appareils emportés. 
 Etaient-ce les mêmes, qu’au terme de leur rodéo dans le cadre de la sécurisation  de cette zone à cheval sur trois pays (Guinée, mali et Sénégal) que les hommes de la marée chaussée ont arrêtés ce jour et montré à Mama Khonto ?  On devrait en savoir quelque chose au terme des enquêtes sur cette opération et sur moult autres affaires pendantes mais qui sont malheureusement d’une si tragique récurrence que Lamine Sy, directeur régional des mines a vu l’indice patent d’un problème sérieux qu’il urge de régler… Si l’on veut que demain, au delà des renégociations engagées sur les contrats de concessions, la révision des accords au moyen d’un nouveau Code minier en harmonie avec les autres codes forestier  environnemental ou les réformes en vue sur la fiscalité ou la mise en œuvre effective des financements communautaires par le Fonds social des activités et infrastructures prévues dans  les documents de planification, l’on crée, avec l’exploitation de l’or, une véritable opportunité de développement pour cette région.    

Enquête réalisée par Moustapha SENE

source: http://www.lesoleil.sn/index.php?option=com_content&view=article&id=34785:ressources-minieres-a-kedougou-la-ruee-vers-lor-attire-toutes-les-convoitises-sabadola-lorient-lointain-du-pays-fantasme-de-lor&catid=78:a-la-une&Itemid=255