Ziguinchor
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«Le jour du drame, je suis entré dans sa chambre, je l’ai réveillée afin qu’elle puisse me voir avant que je ne lui plante le couteau dans la poitrine»

L'OBS - La première session de la Cour d’assises de Ziguinchor pour l’année 2014, dans sa deuxième affaire qu’elle a vidée hier, a condamné le pêcheur Amady Moussa Barro à 20 ans de travaux forcés pour assassinat.  

 Les faits se sont déroulés dans la nuit du 12 octobre 2008, aux environs de 03 heures du matin, quand les éléments du commissariat urbain de Ziguinchor ont reçu un appel téléphonique d’un brigadier de la paix les informant qu’Amady Moussa Barro né le 28 janvier 1981 à Kaolack, pêcheur de profession, venait de poignarder sa nièce Maïmouna Ndiaye avant de prendre la fuite. Après avoir informé les policiers, le brigadier de la paix, oncle de la victime évacue cette dernière à l’hôpital régional où elle décède des suites de sa blessure.

 Le rapport d’autopsie établi par le Dr Sidy Ka conclut à un décès des suites de blessure intra-thoracique provoquée par un coup de couteau dont l’entrée se trouve dans le 4e espace intercostal.

Les investigations menées par les policiers-enquêteurs permettent d’appréhender, le même jour, l’auteur du crime aux abords du rond-point Bélal Ly, vers 12 heures 45. Entendu en son rapport oral, le brigadier de la paix déclare à l’enquête préliminaire que la nuit des faits, il a été réveillé par des cris vers 02 heures 30 du matin. Il sort de sa chambre et trouve toute la famille dehors, les cris fusant de partout. S’adressant à ses deux filles, il apprend le drame. Il se dirige alors vers la chambre où Maïmouna Ndiaye, âgée de 15 ans et qui vivait avec sa grand-mère maternelle, avait passé la nuit et découvre son corps ensanglanté sur le lit et une lame de couteau enfoncée dans sa poitrine jusqu’à la manche. Ces filles lui expliquent que c’est Amady Moussa Barro qui l’avait poignardée avant de prendre la fuite.

«J’avais pris du Kana pour me donner du courage»

 Interrogé sur les faits, Amady Moussa Barro les reconnaît aussi bien à l’enquête préliminaire qu’à l’instruction. Hier devant la barre, l’accusé Amady M. Barro n’a pas varié dans ses déclarations. «Maïmouna Ndiaye, qui était élevée par ma mère, avait changé littéralement de comportement à mon égard. C’est à partir de ce moment que j’avais commencé à lui nourrir une haine dont je ne connaissais pas la cause. Elle s’est même mise à refuser systématiquement toute sollicitation ou commission de ma part, et aussi elle refusait de me laver mes habits», argue l’accusé à la barre. Et le meurtrier de soutenir : «Le jour du drame, je suis entré très tard, la nuit, dans sa chambre. Maïmouna Ndiaye dormait en compagnie de deux de ses cousines. Je l’ai d’abord réveillée afin qu’elle puisse bien me voir avant que je ne lui plante le couteau dans la poitrine. Mon forfait accompli, j’ai pris mon sac et je me suis enfui. J’avais même pris du Kana, une bière locale très forte pour me donner du courage. Je ne suis pas atteint de démence. J’ai agi par pure haine», a soutenu Amady Barro qui vivait avec ses 11 frères et ses 08 sœurs.

Dans son réquisitoire, l’Avocat général, El Abdoulaye Sylla a évoqué la dangerosité de l’acte et l’intention de donner la mort par l’accusé. «Amady Moussa Barro a eu le temps de bien réfléchir, de bien mûrir son acte avant de passer à son exécution. L’idée d’attenter à la vie de Maïmouna Ndiaye ne fait aucun doute», a-t-il dit. Avant d’ajouter : «Il y a eu tant de haine, de violence et d’agressivité de la part de l’accusé. C’est pourquoi, le crime d’assassinat est bel et bien établi. Je demande à la Cour de le déclarer coupable des faits qui lui sont reprochés et de le condamner, malgré son jeune âge, à 20 ans de travaux forcés.» Un réquisitoire très dur, à en croire l’avocat de la défense, Me Mamadou Cory Sène. «Dans ce dossier, personne ne peut dire pourquoi mon client a commis un tel acte à la fois atroce et abominable sur sa nièce. Sa haine ne peut nullement être exprimée qu’à travers son sentiment d’amour», a dit la défense. Selon toujours Me Sène, «nous sommes face à un crime passionnel. Un dossier qui également ne présente pas un rapport psychiatrique. C’est pourquoi, je pense que mon client n’a pas sa place en prison. Amady Moussa Barro doit, au contraire, être envoyé dans un hôpital psychiatrique. Ce qui serait une œuvre de salubrité publique». La Cour, statuant publiquement et contradictoirement en matière criminelle a déclaré Amady Moussa Barro coupable d’assassinat avant de le condamner à 20 ans de travaux forcés. Elle a également ordonné la confiscation de l’arme saisie.

 ABDOURAHMANE THIAM

 SOURCE:http://www.gfm.sn/actualites/item/14825-le-jour-du-drame-je-suis-entre-dans-sa-chambre-je-lai-reveillee-afin-quelle-puisse-me-voir-avant-que-je-ne-lui-plante-le-couteau-dans-la-poitrine.html