Le manque de moyens, un frein à la réussite
Un peu partout à Dakar, on peut voir ces jeunes venus de la campagne d’abord pour étudier, mais qui se trouvent aujourd’hui à faire de petits boulots suite à un échec scolaire. « Ils ne veulent pas rester les bras croisés », explique Omar, également casamançais et aujourd’hui exilé dans la grande ville. « Quand j’ai cartouché, j’ai préféré rester à Dakar, parce que c’est là qu’il y a des opportunités ». Mais aussi parce que sa famille, modeste, s’attend à sa réussite. « Je ne peux pas rentrer au village les mains vides, sans argent, sans pouvoir faire une différence pour ma famille. Ce serait la honte », déclare-t-il.
Son arrivée à Dakar, en 2007, pour des études de langues n’est pas un souvenir heureux. Omar était obligé de partager sa chambre de résidence à l’Université Cheikh Anta Diop (qui compte seulement deux lits simples) avec sept autres personnes. Ce qui témoigne des conditions de vie difficiles avec lesquelles doivent conjuguer de nombreux étudiants en provenance des régions. « Des étudiants dorment dans les couloirs du pavillon, et j’ai une amie qui a été forcée d’habiter dans une chambre où 19 filles logeaient déjà ». Pour lui, il ne fait pas de doute que ces conditions de vie ne sont pas propices à la réussite scolaire. « Le manque de moyens financiers est le facteur principal de l’échec scolaire », poursuit-il.
Venir de loin pour étudier à Dakar peut-il être un défi supplémentaire pour la réussite scolaire ? Cela ne fait pas de doute pour Omar qui a passé des années à faire de petits boulots précaires dans la capitale – le destin qui attend bien souvent ceux qui choisissent de ne pas rentrer après leur échec scolaire, affligés par la honte de ne pas être à la hauteur des espoirs de la famille. Chose certaine, il salue ceux qui réussissent le parcours universitaire, malgré les conditions d’études difficiles, la promiscuité des résidences, les budgets serrés et la pression familiale. « De vrais guerriers », conclut-il.
Boris PROULX (stagiaire)
SOURCE: LE SOLEIL