Casamance
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religion

 

La paix en Casamance est proche, plus que proche. Mais elle est fragile et nécessite des prières des musulmans et chrétiens et a besoin d’être accompagnée par des projets de développement. C’est la conviction de religieux musulmans et chrétiens réunis à Simbandi Balante lors de la célébration de l’an trois de l’intronisation du Khalife général du Balantacounda.

 

En 1992, au milieu des années les plus meurtrières de la crise casamançaise, le Pape Jean Paul II, alors en visite au Sénégal, déclarait, au stade Aline Sitoé Diatta de Ziguinchor que «La paix est un don de Dieu, mais elle ne saurait se réaliser sans la contribution de l’homme». C’est ce qu’ont compris des religieux musulmans et chrétiens, notamment de la région méridionale du Sénégal en proie à une rébellion armée depuis 1982. 


Selon abbé Joseph Coly de la paroisse de Simbandi Balante, «la paix est proche, elle est plus que proche. Mais elle est fragile, on va la chercher avec les prières des musulmans et chrétiens». Prenant part (à Simbandi Balante) à la cérémonie commémorant l’an trois de l’intronisation du Khalife général du Balantacounda, Oustaz Youssouph Diatta, ce mois de décembre, en compagnie de la sœur Thérèse, au nom de l’Eglise, le religieux a souligné que ce sont les Casamançais eux-mêmes qui doivent œuvrer pour la paix en premier, en attendant le concours extérieur. «Qui doit rendre la vie belle en Casamance? C’est nous. Qui doit cultiver la paix ? C’est nous les Casamançais. Les autres nous viendront en appoint».

C’est pourquoi, au nom de l’évêque de Kolda, Mgr Jean-Pierre Bassène, abbé Joseph Coly a magnifié le fait que musulmans et chrétiens prient ensemble pour la paix. «C’est magnifique quand musulmans et chrétiens se mettent ensemble pour prier pour la paix en Casamance. C’est un vrai exemple de dialogue islamo-chrétien. La Casamance est exemple mondiale de dialogue islamo-chrétien» avec des familles qui comptent des musulmans et chrétiens vivant ensemble, partageant la même concession, a-t-il dit. Et de rappeler à l’assistance que: «avant d’être musulmans et chrétiens, nous sommes d’abord frères et sœurs. Nous croyons tous qu’Abraham est le père de tous les croyants».

D’ailleurs, a-t-il révélé, le nonce apostolique, Mgr Luis Mariano Montemayor, a été reçu le jeudi 5 décembre dernier par le Khalife général du Balantacounda, oustaz Youssouph Diatta, en tant qu’ambassadeur du Vatican suite à un périple qui l’a conduit dans plusieurs zones de la Casamance sans escorte. «Souvent des autorités qui viennent dans la région pour discuter de la paix s’arrêtent à Ziguinchor ou font les capitales régionales (Kolda, Sédhiou et Ziguinchor) et retournent sur Dakar. Mais le nonce a tenu à aller jusque dans les zones reculées, à la frontière avec la Guinée Bissau (Kaniko dans la région de Sédhiou) pour parler et échanger directement avec des combattants et les différentes autorités administratives, locales, religieuses et coutumières sur la paix», a-t-il affirmé avant de prier pour l’effectivité de la paix et une année scolaire apaisée. (Voir ailleurs).
 
Une paix soutenue par des projets de développement…

Auparavant, oustaz Youssouph Diatta, le Khalife général, par ailleurs imam ratib de Simbandi Balante, chef lieu de communauté rurale du même nom, situé dans le département de Goudomp (Sédhiou), dans son intervention, a expliqué qu’aujourd’hui, la Casamance a besoin d’une paix suivie de développement, une paix durable. «La paix pour qu’elle soit durable en Casamance a besoin d’être accompagnée de projets de développement», a-t-il martelé soulignant aussi qu’il ne peut y avoir de «développement durable sans paix».

Pour cela, Oustaz Youssouph Diatta a invité les autorités étatiques, en plus des infrastructures surtout routières, à soutenir et développer l’agriculture dans la région méridionale tout en la modernisant. Car, a-t-il révélé, la Casamance est une terre agricole. Elle est traversée par plusieurs vallées rizicoles. Seulement l’essentielle de ces vallées ont besoin d’être réhabilitées parce qu’envahies par le sel.  Et, cette «salinisation des terres constitue un véritable frein au développement de la culture du riz. Nous sollicitons des autorités la construction de digues anti-sel. Nous avons besoins de matériels agricoles pour cultiver. Il suffit de créer les conditions d’un retour à la terre et d’équiper les paysans pour que la région assure son autosuffisance alimentaire, surtout en riz», a assuré le Khalife. 

Le thème de la manifestation qui avait réuni des dignitaires religieux, toutes confessions confondues, du Balantacounda, Brassou et Boudié  était «La paix». Suffisant pour que le Khalife général formule, en outre, des prières pour la paix définitive et durable dans la région méridionale du pays, au Sénégal, dans la sous région, en Afrique et dans le monde entier.Oustaz Youssouph Diatta, reconnu officiellement comme Khalife général du Balantacounda, Boudié et Brassou, a été intronisé le 10 décembre 2011 à Diattacounda, le «cœur» du Balantacounda. Ces trois provinces couvrent l’actuel département de Goudomp (Balantacounda et Brassou) et une bonne partie de celui de Sédhiou. Elles sont à cheval sur les deux rives du fleuve Casamance et s’étendent de la frontière avec la Guinée Bissau à près de Sédhiou.

source: http://www.sudonline.sn/musulmans-et-chretiens-prient-ensemble-pour-la-paix-en-casamance_a_16908.html