Taïfour Diop, n’est plus le Premier président de la Cour d'Appel de Saint-Louis. Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) en a décidé ainsi à l’issue de sa réunion tenue hier, mardi 21 octobre, sous la présidence du chef de l’Etat, Macky Sall. Le magistrat a été affecté à l’Administration centrale du ministère de la Justice.
Taïfour Diop quitte ainsi ses fonctions de Premier président de la Cour d’Appel de Saint Louis, poste qu’il occupait depuis le 01er août 2011.
Le magistrat perd le siège au profit de Cheikh Ndiaye, magistrat avant 10 ans, groupe A2, indice 874, précédemment en détachement à l'Organisation des Nations Unies. Même si dans le rapport du CSM, l’on justifie cette mutation par une «proposition d’affectation», qui devrait recueillir l’avis favorable des membres du Conseil, nombre d’observateurs avertis n’ont pas été surpris par le départ du magistrat de la catégorie hors hiérarchie, avant 05 ans, groupe B1, indice 912. Un magistrat qui a beaucoup fait parler de lui ces derniers temps, notamment pour ce qui concerne la gestion du contentieux né des élections locales à Podor et une affaire de «faux» au niveau de la Cour d’appel de Saint-Louis.
En effet, au soir des locales du 29 juin dernier, la Commission départementale de recensement des votes avaient donné Me Aïssata Tall Sall gagnante de l’élection municipale à Podor. La partie adverse dirigée par Mamadou Racine Sy avait contesté le verdict, devant la Cour d’appel de Saint-Louis. Après moult péripéties, le mardi 12 août, cette juridiction avait invalidé ledit verdict, donnant la victoire à Mamadou Racine Sy de la coalition «And ligueyal Podor», candidat de l’APR et certains partis de la majorité présidentielle (Bby), crédité alors de 1977 voix contre 1967 pour «Bennoo Ak Aïssata». Soit un écart de 10 voix en faveur du premier.
Seulement, sur les 10 magistrats composant la juridiction compétente, le président Taifour Diop, soutenu par quatre autres juges, avait pris fait et cause pour cette dernière option. Ce à quoi se sont opposés les juges Papa Ousmane Diallo, Momar Sidibé, Abdourahmane Aw et Papa Aliou Sané, tous présidents de Chambres. Et au moment du délibéré, «l’expiration du délai de saisine» a été un point d’achoppement. Conséquence, les quatre juges n’ont pas voulu «associer leurs noms à cette forfaiture», tandis que le 5ème était absent. N’empêche, le président Diop et ses quatre autres collègues ont rendu leur verdict, consacrant de fait la victoire de Mamadou Racine Sy.
Me Aïssata Tall Sall qui a refusé de cautionner ce qu’elle qualifiait de «forfaiture», de «hold-up» électoral, orchestré, selon elle, par le Premier président Taïfour Diop, a interjeté appel. Elle obtiendra gain de cause puisque, le jeudi 25 septembre 2014, la Cour suprême a tranché le différend qui l'opposait à Mamadou Racine Sy en sa faveur, en la confirmant maire de Podor.
L’autre fait ayant éclaboussé la Cour d’Appel de Saint-Louis est liée à une affaire de « corruption ». Là également, le juge Taïfour Diop a été dénoncé à l’Ofnac, selon le journal L’Observateur du jeudi 14 août, 2014, soit moins de 48h après le tollé soulevé par le verdict de la Cour d’Appel sur l’affaire Me Aïssata Tall Sall/Mamadou Racine Sy. Les juges Pape Amadou Sow et Serigne Pape Aliou Sané, respectivement président de la Chambre correctionnelle et président de la Chambre d’accusation de la Cour d’Appel de Saint-Louis, étaient aussi cités dans cette affaire.
Les trois juges qui ont fait l’objet d’une dénonciation pour corruption, sont accusés, par la société «Wartsila west africa» (Wwa), par le biais de ses avocats, Me Mame Adama Guèye et Associés, d’avoir fait profiter illégalement d’une décision de justice, à une personne physique, Aïssatou Niang Touré, qui n’apparait même pas dans le dossier qu’ils devaient juger. Une lettre-plainte en date du 22 juillet 2014 a été alors adressée à l’inspecteur d’Etat Nafy Ngom Keïta, présidente de l'Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) à cet effet.
source: http://www.sudonline.sn/ta%C3%8Ffour-diop-perd-le-nord_a_21307.html